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Culture - Rencontre

Ce soir, que la spiritique soit avec vous

Le jeune Britannique d'origine iranienne azérie, Sami Yusuf, donne un concert ce soir à Tripoli*, dans un geste hautement symbolique de fraternité.

Sami Yusuf, ardent défenseur du dialogue interculturel. Photo Jasmin Fazlagic

Il a mis sa voix au service de la lutte contre l'intolérance, contre l'injustice et contre la faim dans le monde. Pour la paix. Résolument. Sami Yusuf, la trentaine, est un chanteur, auteur, compositeur, musicien et poète britannique d'origine iranienne azérie, diplômé de la Royal Academy of Music de Londres. Sa musique – que certains désignent par « nachid » religieux, car il y loue le Tout-Puissant et y distille un message de fraternité, d'amour et de miséricorde – s'apparente plus, selon sa propre terminologie, à ce qu'il appelle la « Spiritique », une fusion douce de spiritualité et de musique. Il joue du piano, du violon, du târ, du tombak, du santour, du daf, de la tabla, entre autres. Mais son instrument de prédilection reste le oud, roi du takht oriental. Reste sa voix, chaude et entêtante, qu'il met au service de la foi.

Vous êtes né dans une famille de musiciens...
Un privilège et un honneur, vraiment. Dans notre maison, c'était un va-et-vient continu de musiciens et de compositeurs célèbres, amis de mon père. J'ai grandi dans une famille culturellement riche d'artistes, de musiciens, de penseurs et de grands noms.

Qu'est-ce qui vous a mené vers le « nachid » religieux ?
À vrai dire, je ne savais pas ce que ce mot voulait dire et je l'ai appris lorsque je suis venu dans le monde arabe. Je considère mon domaine comme étant celui de la tradition et de la spiritualité. Ma musique s'appelle spiritique. On pourrait la définir par la célébration du sacré et la croyance en l'unité intérieure et en la multiplicité extérieure de la vérité.

Vous dites que vous êtes d'abord un artiste et ensuite musulman...
Je n'ai aucun complexe là-dessus. Mais il serait bien, par contre, que l'artiste soit identifié (et évalué) sur la base du mérite, du talent et de l'ouvrage artistique, et non selon la religion.

Quelle est votre perception de la religion et la manière dont elle devrait être projetée ? La route pour y accéder ?
Les grandes traditions (dont les non abrahamiques) ont été envoyées du paradis pour relier l'humanité à sa véritable nature primordiale. Pour nous ramener au centre divin, qu'importe ce que votre tradition le nomme. Il est vraiment dommage de voir, aujourd'hui, que certains choisissent de vénérer les moyens, c'est-à-dire la religion, et non le centre (le créateur). C'est la tradition – je préfère utiliser ce mot à la place de religion – qui pourra nous mener vers ce que nous sommes supposés être et permettre à chacun de se connaître soi-même, dans le sens le plus profond.

Comment inverser la bigoterie ambiante dans le monde ?
Le monde moderne a enclenché la montée de nombreux « ismes » et autres bigoteries actuelles. La bigoterie existe partout, il ne s'agit pas d'un hasard si elle est symptomatique de notre temps. La modernité a apporté avec elle de grandes avancées technologiques, nuisibles et dangereuses selon certains, mais elle a charrié également beaucoup d'ignorance. Un recours correct à la tradition et à la compréhension de la religion – telle que comprise par nos parents – est la clé pour éviter la bigoterie à laquelle vous faites référence.

Ambassadeur mondial contre la faim pour le Pam (Programme alimentaire mondial), vous avez également apporté votre soutien à de nombreuses victimes dont celles du Darfour, du Pakistan... Vos prochaines campagnes ?
Je ferai tout mon possible pour venir en aide à mes frères et sœurs qui souffrent en Syrie. Après un premier « charity single » (intitulé Silent Words), je prépare actuellement un deuxième single dont les profits iront également aux réfugiés syriens. Leur situation brise le cœur.

Vous allez chanter ce soir à Tripoli, dans une ville où les frères s'entre-tuent. Votre présence est très symbolique. Quel serait votre message ?
Le Christ (la paix soit sur lui) a dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Mohammad (la paix soit sur lui) a dit : « Aucun d'entre vous ne croira vraiment, à moins qu'il n'aime pour son frère ce qu'il aime pour lui-même. »
J'ai l'honneur de chanter pour tous mes frères et sœurs. Sans distinction de foi ou d'origine.

*Le premier hymne interreligieux de Sami Yusuf : http://youtube/LHFuyK65Etg

• À l'initiative de Beit el-Fan, ce soir à 21h à la Foire internationale Rachid Karamé.

Il a mis sa voix au service de la lutte contre l'intolérance, contre l'injustice et contre la faim dans le monde. Pour la paix. Résolument. Sami Yusuf, la trentaine, est un chanteur, auteur, compositeur, musicien et poète britannique d'origine iranienne azérie, diplômé de la Royal Academy of Music de Londres. Sa musique – que certains désignent par « nachid » religieux, car il y loue...

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