Cette fois, c'est au tour du leader druze Walid Joumblatt et de ses proches collaborateurs de tenter une médiation dans l'espoir de trouver une solution à la crise des nominations sécuritaires. Mandaté par le Hezbollah, M. Joumblatt se voit chargé d'une délicate mission qui consiste à rapprocher les points de vue des différents camps politiques en ce qui concerne la procédure – quelque peu alambiquée – qu'il convient d'adopter pour aboutir in fine à la nomination du général Chamel Roukoz à la tête de l'armée libanaise, comme le souhaite son beau-père, le député Michel Aoun.
C'est donc armé de patience que le chef du Parti socialiste progressiste se doit d'exposer les différentes formules censées sortir le pays de la crise politique qui est née au lendemain des nominations sécuritaires et qui a abouti au blocage des séances ministérielles. Il a dépêché le ministre de la Santé Waël Bou Faour chez le président de la Chambre Nabih Berry pour le tenir informé des dernières tractations. Ce qui est sûr, c'est que le ministre de la Défense Samir Mokbel refuse d'entériner toutes les formules présentées comme pouvant garantir une sortie de crise face à l'intransigeance de Michel Aoun. M. Mokbel ne veut entendre parler ni de la promotion de Chamel Roukoz au grade de général de brigade, ni de l'ajournement du départ à la retraite de l'ensemble de la promotion 1985 de l'armée, ni de l'ajournement du départ de seulement 10 officiers dont Chamel Roukoz, ni du rappel de Chamel Roukoz de son statut de réserviste une fois mis à la retraite le 15 octobre prochain. Pour le ministre de la Défense, il y va là du moral des troupes d'abord, de la crédibilité de la hiérarchie militaire et de sa solidité, ensuite.
Ainsi, la proposition aouniste serait, dans le camp du 14 Mars, tombée dans l'oreille d'un sourd, notamment du côté du chef du bloc du Futur Fouad Siniora qui, durant les tractations de la dernière séance du dialogue national, a clairement fait connaître son rejet de ces formules-
compromis. « Le Futur est contre le général Michel Aoun à la présidence et contre le général Chamel Roukoz au commandement de l'armée », a ainsi affirmé sans détour M. Siniora. À cela, le camp aouniste n'a pas pu s'empêcher de dire son étonnement face à certaines exceptions qui ont été acceptées lors des dernières nominations sécuritaires, comme par exemple le rappel du général Edmond Fadel de son statut de réserviste après que celui-ci eut bouclé 42 ans de service au sein de la troupe.
La médiation se trouve donc aujourd'hui dans l'impasse, à en croire le camp du 8 Mars qui se refuse actuellement à tout optimisme et juge très difficile de parvenir à un quelconque consensus. Pourtant, et à croire une source informée du courant du Futur, telle n'était pas l'ambiance qui régnait lors des pourparlers bilatéraux qui réunissent régulièrement le Hezbollah et le Futur. Celui-ci se serait dit ouvert, lors de la dernière séance de négociation bilatérale, à toute solution consensuelle ou qui serait susceptible de faire l'unanimité. Il a toutefois fait savoir qu'il ne s'ingérerait pas et ne ferait pas d'efforts pour faire accepter la solution trouvée ni pour résoudre les problématiques juridiques auxquelles serait confronté dès lors le commandement de l'armée. Le courant du Futur a également fait savoir au Hezbollah qu'il tient à la hiérarchie, la transparence et la droiture au sein de l'institution militaire. C'est pour cela que le parti insiste pour laisser le dernier mot à l'armée libanaise, de manière à ne pas heurter le moral des officiers ni à créer un dysfonctionnement au sein du commandement. Cette position rappelle d'ailleurs celle, maintes fois exprimée, du ministre de la Défense et du commandement en chef de l'armée.
En face, les aounistes continuent d'insister pour qu'une formule soit trouvée avant le 15 octobre afin de permettre à Chamel Roukoz de prendre les rênes de la troupe.
Liban - L’éclairage
Joumblatt mandaté pour trouver une solution au dossier des nominations sécuritaires
OLJ / Par Philippe Abi-Akl, le 23 septembre 2015 à 00h00
Je pensais que les promotions ou nominations se font dans le cadre d'un Président de la République et d'un gouvernement elus, pas dans les magouilles auxquelles nous assistons par medias interposés lamentable
15 h 36, le 23 septembre 2015