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Liban - La situation

Le « plan de la dernière chance » démarrera incessamment

Les présidents de vingt-quatre municipalités réunies à Abey ont approuvé le plan Chehayeb et la réouverture de la décharge de Naamé.

Au terme de semaines crucifiantes suivies d'une accélération imprévue et inespérée des événements, les choses ont enfin bougé. Grâce, il faut dire, à une rue excédée qui a perdu à la fois confiance et patience, le plan du ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, pour résorber la crise des déchets est en bonne voie d'être appliqué.
La clé de voûte du plan Chehayeb est la réouverture de la décharge de Naamé. On doit sans aucun doute à un feu vert de Walid Joumblatt que les municipalités du Chahhar el-Gharbi et du Haut Gharb aient dit « oui » à cette réouverture. Certes, il reste des réticences, des oppositions, et même des personnes ouvertement hostiles à M. Joumblatt qui font barrage. L'un d'entre eux est le président de la municipalité de Naamé. Mais ils ne feront pas le poids, une fois enclenché le plan de règlement de la crise. Du reste, les forces de l'ordre ont pris les dispositions nécessaires pour en protéger l'application, confirme-t-on dans les milieux concernés.

Partenariat État-société civile
Dans une déclaration hier soir, le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb a estimé que le plan de gestion des déchets qu'il a présenté et qui a été approuvé par le gouvernement est probablement « la dernière chance de solution » à la crise.
« Nous avons confirmé, à travers ce plan, le partenariat entre la société civile et l'État, ce qui constitue une première », s'est réjoui le ministre lors d'un point de presse au Biel, en compagnie de notables du Akkar.
« Le temps presse, et les conditions environnementales aussi, tout comme les déchets qui ont envahi les rues. Ce plan est peut-être la dernière chance d'une solution au problème des déchets, surtout au moment où les institutions de l'État sont paralysées », a-t-il affirmé.
Et le ministre d'ajouter: « Nous aurons une prochaine rencontre avec les notables de la Békaa, et d'autres régions s'il le faut. Je crois que pour les Libanais, le dossier des déchets est la priorité. Nous espérons aboutir à une solution le plus vite possible. »

Le plan Chehayeb prévoit, entre autres, l'aménagement du dépotoir de Srar, au Akkar, afin de le transformer en décharge sanitaire. Il propose également la réouverture de la décharge de Naamé (Liban-Sud) pour une durée d'une semaine seulement, afin d'y déposer les déchets empilés dans les rues de Beyrouth et ses banlieues, avant l'arrivée des pluies. Enfin, il prévoit également le réaménagement de la décharge de Bourj Hammoud afin d'accueillir des ordures sur un espace remblayé sur le littoral.
Les centres de tri à Saïda et Nabatiyeh devraient également accueillir une quantité supplémentaire de détritus, toujours selon le plan Chehayeb. Mais, selon la population de Nabatiyeh, le centre de traitement de cette ville est paralysé par la rivalité opposant le mouvement Amal et le Hezbollah, qui s'en disputent les dividendes.
Il reste qu'aux yeux de la population, en particulier à Naamé, le plan Chehayeb équivaut à une réouverture de la décharge pendant deux mois, et non sept jours seulement, puisqu'il doit recevoir les déchets amoncelés depuis le 17 juillet à Beyrouth et dans le Mont-Liban. Cette énorme quantité de déchets ménagers est évaluée à 150 000 tonnes ! Pourra-t-on transporter ces montagnes de déchets en 7 jours ? Les paris sont ouverts.

(Lire aussi : Plan Chehayeb : lueur d'espoir après la réunion du Biel)

 

La sécurité des convois de camions
Rendu impopulaire aux yeux des manifestants – mais n'est-ce pas la vocation de tout ministre de l'Intérieur ? – Nouhad Machnouk pourrait avoir du fil à retordre pour assurer la sécurité des convois de camions qui se formeront sur les trajets entre Beyrouth et le Mont-Liban, et les sites des décharges prévues. Il a estimé, en réponse aux voix qui s'élèvent pour demander sa démission, que son départ serait « inutile » politiquement parlant.
« Si ma démission permettait de résoudre les problèmes du pays, ou de protéger la liberté d'expression et de réunion, je la présenterais. Mais je ne crois pas que cela soit utile », a-t-il indiqué dans un entretien.
Jeudi, le comité de suivi du mouvement civil avait appelé à la démission du ministre de l'Intérieur en raison de violences policières présumées. Mais il y a fort à parier qu'une partie de l'opinion, qui n'a pas le micro des jeunes journalistes se déplaçant dans la foule, estime qu'il n'en fait pas assez...

Salam à New York
Cet épilogue somme toute heureux d'une crise impensable due à l'imprévoyance accumulée de gouvernements successifs et à la cupidité sans limites d'une classe politique corrompue laisse intacts d'autres dossiers, notamment celui du gouvernement et de la présidence de la République.

Sur le premier plan, précisons que le prochain Conseil des ministres ne se tiendra plus avant le retour de New York du président du Conseil, Tammam Salam. En effet, la réunion du gouvernement, jeudi prochain, coïncide avec la fête de l'Adha. Le jour même, le Premier ministre prendra l'avion pour New York, où il participera aux réunions de l'assemblée générale annuelle de l'Onu.

Du reste, Tammam Salam ne convoquera pas de nouvelle séance avant que les divergences sur les nominations sécuritaires soient aplanies, précisent des sources bien informées. Des contacts sont pris à ce sujet entre le PSP et le Courant patriotique libre, pour rapprocher les points de vue, trouver une solution aux problèmes des nominations au sein de l'armée et convaincre Michel Aoun de ne pas boycotter les séances du Conseil des ministres et la prochaine séance du dialogue national, mardi prochain 22 septembre. Mais rien n'est encore acquis sur ce plan.

Ce dont on est sûr, toutefois, c'est qu'à New York, M. Salam – à défaut de président de la République, comme il est de tradition – rencontrera les deux François, le pape et François Hollande, cette dernière rencontre préludant à un voyage du chef de l'État français au Liban. Il devrait effectuer sa visite annoncée en octobre ou novembre, croit-on savoir.

 

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