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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

L’interprétation des rêves -3-

Nous disions la dernière fois que le rêve nous mène en bateau par son contenu manifeste et il nous dit la vérité par son contenu latent.
La découverte du contenu latent derrière le contenu manifeste montre l'importance de l'activité de l'inconscient pendant le sommeil. Nous dormons en moyenne huit heures sur vingt-quatre. Notre sommeil est, approximativement, partagé en sommeil profond et sommeil paradoxal. Le rêve se produit pendant le sommeil paradoxal qui constitue une grande partie de notre sommeil. Le sommeil paradoxal tient son nom du fait que l'activité du cerveau est analogue à celle de l'état de veille. L'activité électrique du cerveau captée sur un EEG, le débit sanguin mesuré au niveau de l'artère carotide et les mouvements oculaires indiquent que l'activité du cerveau pendant le sommeil paradoxal est analogue à celle de l'état de veille. Le déroulement du rêve se fait pendant le sommeil paradoxal. Le rêve est d'une importance vitale pour l'homme. L'homme qui ne rêve pas peut en mourir. Le désir inconscient est la cause du rêve, mais en même temps ce désir inconscient ne peut se manifester tel quel. Le rêve réalise donc un désir inconscient refoulé, mais pour qu'il puisse parvenir à la conscience du dormeur, il doit être déguisé. Pour protéger le sommeil d'un rêve cru qui pourrait entraîner le réveil, la censure intervient.
La censure va provoquer la déformation du rêve.
Même quand on arrive à dégager le désir inconscient du rêve, le rêveur qui raconte son rêve ne peut donc l'accueillir qu'avec dénégation, indignation ou étonnement. Ce qui a mis Freud sur la piste de la déformation du rêve. Si le contenu manifeste du rêve est si incompréhensible, c'est parce que le désir inconscient ne peut arriver à notre conscience tel quel. Il est déformé parce qu'il est censuré. La déformation du rêve est donc due à la censure qui transforme le rêve en une réalisation déguisée d'un désir refoulé. Comme le symptôme, il est donc une formation de compromis entre un désir inconscient, qui insiste continuellement pour se faire reconnaître par le sujet, et une instance refoulante, censurante, au service des exigences idéales du dormeur, qui imposent au désir de se taire.
Or le sommeil, par le retrait des intérêts du monde extérieur sur le dormeur, parce que la motricité et donc la motilité sont suspendues, diminue la censure et favorise le retour du désir inconscient. La censure est moindre qu'à l'état de veille, mais néanmoins encore opérationnelle. Cela suffit pour que le désir inconscient revienne au dormeur, mais cependant déguisé pour pouvoir traverser la barrière de la censure. C'est l'élaboration du rêve.
L'élaboration du rêve se fait par le déplacement, la condensation et la figurabilité.
Cette élaboration consiste donc en une série d'opérations qui répondent à ce que Freud appelle les processus primaires, processus qui, comme nous le verrons plus loin, caractérisent le système inconscient que Freud va repérer progressivement, et ce grâce à l'analyse des rêves. Les processus primaires s'opposent aux processus secondaires qui régissent eux le système conscient.
Le déplacement permet au désir inconscient d'investir, de se transférer d'une représentation à une autre avec la plus grande mobilité. Il suffit pour cela d'un chaînon associatif qui permet la circulation « libre » du désir d'une représentation à l'autre. Ces représentations peuvent, par ailleurs, se condenser entre elles, une seule pouvant être investie par le désir inconscient à la place de toutes les autres. La condensation est l'autre mode qui régit le fonctionnement inconscient et qui donne au contenu manifeste, au texte du rêve, sa forme abrégée, condensée par rapport aux pensées latentes qu'on découvre dans l'analyse du rêve. Enfin, la figurabilité donne aux pensées inconscientes du rêve la possibilité de retourner vers la conscience en prenant le chemin des images visuelles. C'est pour cela qu'on compare le rêve à un rébus où le sens est mis en image.
Remarquons qu'il n'y a pas d'interprétation universelle du rêve. Les éléments qui constituent le contenu manifeste n'ont pas de signification en tant que tels. Leur sens ne se dégage que dans leur articulation – à travers le travail associatif du rêveur – avec les pensées latentes du rêve. Il n'y a pas de symbolisme universel comme souvent on a tendance à le croire. Il y a plutôt, comme le disait Lacan, « réduction du symbole au signifiant ».
Quant au rêve traumatique, dont il sera question plus loin avec la seconde topique de Freud, rêve bizarre qui répète un traumatisme subi par le rêveur dans la réalité, lequel se demande pourquoi il revoit en rêve l'horreur qu'il a subie dans la réalité, est une tentative de maîtriser la situation réelle en la répétant dans le rêve.
Enfin, il faut souligner l'importance du rêve comme premier outil thérapeutique pour soulager l'homme du poids de la vie réelle et de ce qu'elle impose comme privations.

Chawki AZOURI

Nous disions la dernière fois que le rêve nous mène en bateau par son contenu manifeste et il nous dit la vérité par son contenu latent.La découverte du contenu latent derrière le contenu manifeste montre l'importance de l'activité de l'inconscient pendant le sommeil. Nous dormons en moyenne huit heures sur vingt-quatre. Notre sommeil est, approximativement, partagé en sommeil profond et...
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