Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Décryptage

Comment Moscou est passé à l’attaque en Syrie

Ce n'était au départ qu'une rumeur, seulement reprise par quelques médias anglo-saxons comme le Daily Beast. Mais plus les jours ont passé, plus les faits se sont accumulés, plus les chancelleries ont réagi et plus la rumeur s'est transformée en évidence : des troupes russes sont effectivement présentes sur le sol syrien. Selon des propos rapportés hier par deux responsables de l'administration américaine, interrogé par Reuters, la Russie a déployé sept chars T-90 sur un terrain d'aviation près de Lattaquié. Cette nouvelle vient s'ajouter à une série d'informations concernant un important déploiement militaire russe en Syrie : construction d'une piste d'atterrissage à Lattaquié, transport de préfabriqué pour loger des soldats, manœuvres de bateaux militaires russes le long de la côte syrienne, transport et livraison de matériel militaire, établissement d'une tour de contrôle, survol de drone au dessus de Lattaquié, débarquement de chars et d'avions, et d'au moins une unité d'infanterie. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a lui-même admis que les avions russes à destination de Syrie transportaient non seulement de l'aide humanitaire, mais aussi « des équipements militaires conformément aux contrats existants », signés avec le pouvoir syrien. Même s'il continue de démentir toute participation des troupes russes aux combats, confirmant par contre avoir des « experts » sur le terrain, Moscou ne se cache plus.

 

(Pour mémoire : Deux cents soldats russes seraient près de Lattaquié, affirment des responsables US)

 

La visite de Suleimani
Après avoir été à l'initiative, ces derniers mois, de la relance diplomatique pour trouver une issue au conflit syrien, la Russie a bousculé le rapport de force en s'investissant directement sur le terrain, au grand dam de Washington et des Européens qui s' « inquiètent profondément » de cette nouvelle donne. Redoutable stratège, le président russe Vladimir Poutine a une nouvelle fois surpris tout le monde et dicte désormais le jeu.
D'après plusieurs médias, dont as-Safir, l'intervention de Moscou ferait suite à la visite en août dernier du général iranien Qassem Suleimani, pourtant frappé par une interdiction de visa de l'Onu. Le déploiement des troupes russes se ferait donc en coordination avec les Iraniens.
Alors que Téhéran a annoncé sa volonté de présenter un nouveau plan de paix pour la Syrie, le soutien des deux meilleurs alliés de Damas semble s'inscrire dans une volonté de renforcer, ou au moins de protéger, les positions du régime sur le terrain.
Même si l'intervention russe est sans doute motivée par plusieurs considérations, sa priorité semble être de protéger la zone de Lattaquié, fief alaouite extrêmement stratégique, fragilisée par l'offensive de l'Armée de la conquête, coalition de rebelles menée par le Front al-Nosra, branche d'el-Qaëda en Syrie, et le groupe salafiste Ahrar el-Cham. Moscou aurait d'ailleurs donné son accord pour la construction d'une nouvelle base militaire russe à Jableh, au sud de Lattaquié, selon le quotidien moscovite Nezavissimaïa Gazet, cité par Courrier International. « Le site de Jableh offrirait les conditions favorables pour une importante concentration de troupes, et l'installation d'une grande réserve d'armements et de matériel militaire », explique le quotidien russe.

 

(Pour mémoire : Signes troublants d'une possible présence militaire russe en Syrie...)

 

Terrain d'entente
Selon Michael Weiss, éditorialiste au journal américain The Daily Beast, il ne serait pas étonnant de voir des soldats russes également participer aux combats à Zabadani, étant donné l'importance de ce fief pour « le corridor stratégique iranien ».
Outre le fait de sécuriser « l'Alaouistan », les Russes pourraient être tentés de participer davantage à la lutte contre l'organisation État islamique (EI) alors que les jihadistes russes représentent le plus grand contingent européen avec plus de 2 000 engagés dans les rangs jihadistes.
Cela permettrait non seulement de trouver un terrain d'entente avec les Américains, mais aussi de relancer le projet d'intégrer le régime Assad à une nouvelle coalition contre l'EI. Le Kremlin a d'ailleurs estimé samedi qu'il n'y avait pas d' « alternative » au régime syrien pour lutter contre l'EI. Comme en Ukraine, M. Poutine se sait en position de force : ses adversaires n'ont pas de position claire et n'ont aucune intention de s'investir sur le terrain. De là à dire que M. Poutine a déjà gagné...

 

Lire aussi
Pendant ce temps, le sang continue de couler au Yémen et en Syrie..., le décryptage de Scarlett Haddad

La Russie affirme n'avoir jamais caché son soutien militaire à la Syrie

En Syrie, Poutine n'a pas le choix

« Le leadership russe serait sérieusement déçu par Assad »

Ce n'était au départ qu'une rumeur, seulement reprise par quelques médias anglo-saxons comme le Daily Beast. Mais plus les jours ont passé, plus les faits se sont accumulés, plus les chancelleries ont réagi et plus la rumeur s'est transformée en évidence : des troupes russes sont effectivement présentes sur le sol syrien. Selon des propos rapportés hier par deux responsables de...

commentaires (9)

Quel est le nombre de réfugiés syriens accueillis en Russie? Les villes de la mer noire (Sotchi, Novorssiisk, etc) sont trois fois moins loin que Berlin et Stockholm.

Abichaker Toufic

14 h 57, le 15 septembre 2015

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • Quel est le nombre de réfugiés syriens accueillis en Russie? Les villes de la mer noire (Sotchi, Novorssiisk, etc) sont trois fois moins loin que Berlin et Stockholm.

    Abichaker Toufic

    14 h 57, le 15 septembre 2015

  • On va bien rire L’expérience de l’Afghanistan n'a pas suffi. Poutine veut sa conquête En tout cas le Hezbollah aura du mal a se sortir du bourbier dans lequel il s'y est mis La gloire syrienne. c'est fini pour HN

    FAKHOURI

    14 h 15, le 15 septembre 2015

  • Quelle attaque ? Ce Nain poutinien mongolo-sibérien n'osera pas dépasser les limites des faubourgs de Laodicée !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 55, le 15 septembre 2015

  • Devant la fourberie des occicons qui n'arrivent pas à vaincre les bactéries salafowahabites , malgré une coalition mondiale ( ???) , voir meme que leur coalition ne fait que les renforcer ( !!!) , devant la poltronnerie de ces occicons qui n'osent pas aller se battre au sol , misant sur des bactéries locales , les russes eux , s'engagent en assumant toutes les responsabilités que cela comporte d'empecher la progression des bactéries au profit de qui , nous tous on sait . Je m'étonne que cela puisse provoquer des cris de joie ou de rire nerveux que Moscou annonce son intervention contre daech et co , je ne m'explique pas que certains puissent souhaiter un échec de cette intervention contre des décapiteurs, violeurs de chrétiens et minorités du M.O , c'est à se demander si les huluberlus sont conscients de qui se passe pour eux memes, à moins qu'ils soient consentants , béatement , lachement défaitistes .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 58, le 15 septembre 2015

  • Juste pour résumer, si Moscou a considéré qu'il fallait deployer des forces en Syrie c'est que l'axe Assad/Hezbollah est dans la merde jusqu'au cou!!!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 39, le 15 septembre 2015

  • DU TAC AU TAC TAC... ET LES NOUVEAUX SOVIETS SERONT RESPONSABLES DU DÉMEMBREMENT DE LA SYRIE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 14, le 15 septembre 2015

  • Au mieux, ils pourront simplement préserver la petite bande allant de Damas a Lattaquié, mais pas plus. Ils ont déjà été défait par les fanatiques en Afghanistan, les Russes ne s'aventureront pas plus que cela. Mais ils tenteront de stabiliser les fronts et les consolider. Poutine aura réussi a se donner une nouvelle envergure internationale, ce qui n'est pas plus mal, mais s'est embarque dans un jeu dangereux en mettant directement son pif dans les affaires moyennes orientales. Tout le monde s'y est brûlé les doigts depuis déjà plus de 2000 ans. Est ce leur tour? Je leur souhaite bonne chance...

    Pierre Hadjigeorgiou

    08 h 55, le 15 septembre 2015

  • Lattaquié en passe de devenir le " Gibraltar "russe...?

    M.V.

    06 h 44, le 15 septembre 2015

  • L'anachronique et stupide nouvelle guerre froide avec l'Occident, à laquelle Poutine se laisse aller en Syrie, ne fait que fortifier Daech qu'elle a énormément contribué à faire surgir. "Les 2000 "jihadistes russes" formeraient le plus grand contingent étranger dans les rangs de Daech en Syrie et constitueraient la plus grande menace pour Moscou ? En réalité Poutine en est responsable et le mérite bien.

    Halim Abou Chacra

    05 h 10, le 15 septembre 2015

Retour en haut