Le vaccin contre la polio est gratuit et disponible, assure le ministère de la Santé

« Le vaccin contre la polio n'est pas en rupture de stock. Bien au contraire, il est disponible en grandes quantités : plus de 860 000 doses de ce vaccin par voie orale sont entreposées dans les entrepôts frigorifiques du dépôt central de la Quarantaine de Beyrouth, géré par le ministère de la Santé. De quoi permettre de vacciner gratuitement tous les enfants du Liban, libanais, réfugiés palestiniens, syriens, irakiens ou autres, pour une durée d'un an et demi. Et ce, dans le cadre de la campagne nationale contre la polio mise en place par le ministère de la Santé en coopération avec l'Unicef et l'Organisation mondiale de la santé (OMS). » C'est ce qu'affirme à L'Orient-Le Jour le docteur Randa Hamadé, directrice du Programme national de vaccination, au nom du ministère de la Santé. C'est ce que confirme également à L'OLJ le président de la commission parlementaire de la Santé et des Affaires sociales, le docteur Atef Majdalani, « rassuré par le ministre de la Santé, Waël Bou Faour, sur la disponibilité des stocks de vaccin contre la polio ».

Un vaccin gratuit pour les secteurs public et privé
Les deux personnalités répondent ainsi au communiqué du docteur Ismaïl Succariyé qui s'interroge sur « le secret de la disparition des vaccins de la polio et de la méningite, à chaque campagne lancée par le ministère de la Santé ». Des propos qu'il réitère à L'Orient-Le Jour avec véhémence. L'ancien député accuse ce ministère « d'avoir laissé disparaître des vaccins qui sont aujourd'hui revendus à 40 dollars la dose dans des cliniques médicales, des dispensaires ou des hôpitaux ». Il dénonce « la corruption traditionnelle au sein du ministère de la Santé » et s'interroge sur « les capacités de contrôle de l'organisme des Nations unies concerné par le programme des vaccinations », (l'Unicef en l'occurrence).
« L'Unicef donne gratuitement au ministère de la Santé ces vaccins qui répondent aux normes requises par l'OMS, répond encore le docteur Hamadé. À son tour, le ministère les distribue gratuitement, de manière périodique et selon un calendrier préétabli, aux médecins des cazas, qui les distribueront à leur tour aux centres de vaccination, dispensaires et centres sociaux. »

Formelle, la directrice du département de soins de santé primaires et du service de santé sociale martèle que « la vaccination contre la polio est gratuite, qu'elle soit orale ou par injection ». Elle explique que, depuis la mi-2013, le ministère de la Santé a même pris la décision « de donner ce vaccin gratuitement aux médecins du privé », ces derniers ne faisant assumer à leurs patients que « l'acte médical ». « Il n'y a donc aucune raison, ni même le moindre prétexte pour que le vaccin disparaisse du marché », insiste-t-elle, faisant part du soutien de l'Association libanaise de pédiatrie au programme national de vaccination. « Le ministère va même commencer très prochainement à distribuer gratuitement le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole) », annonce-t-elle. Concernant la méningite, la responsable tient à souligner que ce vaccin ne fait pas partie du programme de vaccination des enfants, mais qu'il est disponible et destiné aux pèlerins qui partent à La Mecque.

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Onze campagnes ont ciblé chacune 600 000 enfants
Au sein de l'Unicef, les accusations du docteur Succariyé choquent autant qu'elles surprennent. « Depuis la crise syrienne et l'apparition d'une épidémie de polio en Syrie et en Irak, nous distribuons gratuitement au Liban le vaccin de la polio par voie orale, affirme à L'OLJ le chef de la section santé et nutrition à l'Unicef, le docteur Azzeddine Zeroual. Depuis 2013, onze campagnes de vaccination contre la polio ont ciblé chaque fois entre 550 000 et 600 000 enfants de moins de 5 ans. » Le responsable onusien assure que « les doses sont suffisantes pour protéger tous les enfants du Liban ». Il observe que « ces vaccins sont conformes aux standards internationaux et sont entreposés dans le respect de la chaîne du froid ».
Rassurant, il souligne que « le Liban se porte bien », et qu'il est même « à l'avant-garde dans l'éradication de la polio avec la collaboration de l'Unicef et de l'OMS ». En effet, non seulement les vaccins sont administrés par voie orale et par injection, ce qui est rare, mais les petits réfugiés sont aussi vaccinés à leur entrée au pays par les représentants du HCR (Agence des Nations unies pour les réfugiés). Dans ce cadre, il n'est « nul besoin » de voler le vaccin qui est « disponible en grandes quantités ».

Il n'en reste pas moins que certains pédiatres du secteur privé rechignent encore à faire confiance aux campagnes étatiques et aux vaccins délivrés par les autorités. « Je préfère administrer la polio dans le cadre d'une injection de 5 vaccins », explique le professeur Robert Sacy, qui soutient que le vaccin administré oralement contre la polio n'est nécessaire « qu'en cas d'épidémie ». Le pédiatre regrette toutefois que l'injection de 5 vaccins soit peu disponible sur les marchés local et international, car elle n'est fabriquée que par deux grandes compagnies mondiales.

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