Le président français, François Hollande a annoncé lundi lors d'une conférence de presse organisée au palais présidentiel de l'Elysée qu'il se rendra prochainement au Liban.
Interrogé par la correspondante à Paris du quotidien panarabe al-Hayat, Randa Takieddine, François Hollande a répondu qu'il ira visiter un camp de réfugiés au Liban après l'Assemblée générale des Nations Unies, en marge de laquelle se tiendra fin septembre une conférence internationale de soutien au pays du Cèdre dont "un résident sur trois est un déplacé" de Syrie.
"J'irai au Liban pour aller dans un camp de réfugiés pour que nous puissions justement les aider à ce qu'ils puissent y rester, tout près du lieu où ils vivaient il y a quelques mois", a déclaré le président français.
La guerre en Syrie a eu des "conséquences majeures" pour le Liban, un pays en pleine "crise politique", a-t-il reconnu. "Le président n'a pas été élu, le Parlement a des difficultés pour tenir ses sessions. Nous devons être aux côtés des Libanais", a-t-il affirmé en annonçant qu'il rencontrerait aussi les acteurs politiques libanais lors de son déplacement.
Vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie
Le dossier syrien a également été largement évoqué lors de la conférence de presse du président français. Il a annoncé que "des vols de reconnaissance" seront effectués dès mardi "pour permettre des frappes contre Daech" (acronyme arabe du groupe Etat Islamique), excluant en revanche toute intervention au sol.
"J'ai demandé au ministre de la Défense que dès demain puissent être menés des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie, a déclaré François Hollande. "Ils permettront d'envisager des frappes contre Daech, en préservant notre autonomie d'action et de décision", a précisé M. Hollande, qui a ainsi laissé entendre que la France ne se joindrait pas à la coalition internationale agissant en Syrie sous la direction de Washington.
"C'est Daech qui fait fuir, par les massacres qu'il commet en Syrie et en Irak, des milliers de familles", a lancé le président français, alors que l'Europe fait face à un afflux historique de réfugiés.
"Aujourd'hui en Syrie, ce que nous voulons, c'est connaître, savoir ce qui se prépare contre nous et ce qui se fait contre la population syrienne", a expliqué M. Hollande.
Dans le cadre d'une coalition internationale menée par les Etats-Unis, les Mirage 2000 et les Rafale de l'aviation française bombardent déjà les positions de Daech en Irak. La France avait jusqu'à présent refusé de faire de même en Syrie dans les régions contrôlées par l'EI.
Sur une intervention de militaires français au sol en Syrie, le chef de l'Etat français a réaffirmé lundi sa position, maintes fois exprimée: "Il serait inconséquent et irréaliste d'envoyer des troupes françaises en Syrie au sol". "Irréaliste parce que nous serions les seuls, inconséquent parce que ce serait transformer une opération en force d'occupation. Donc nous ne ferons pas d'intervention au sol, pas plus d'ailleurs que nous n'en faisons en Irak", a-t-il répété.
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"Parler" avec Moscou et Téhéran
Plusieurs paramètres sont sans doute à l'origine du changement de positionnement de la France.
Au début de l'intervention française dans le ciel irakien il y a un an, le président Hollande avait alors expliqué qu'il mettait dans le même sac Daech et le régime de Bachar el-Assad, accusés d'être responsables de centaines de milliers de morts depuis le début de l'insurrection syrienne en mars 2011. Et pour la France, bombarder Daech en Syrie ne pouvait servir que les intérêts du régime syrien.
"Daech a considérablement développé son emprise depuis deux ans", a fait valoir lundi François Hollande en justifiant son changement d'orientation.
Un autre paramètre pouvant expliquer l'évolution de la position française est l'engagement des pays arabes dans des bombardements en Syrie. Dans la coalition, figurent l'Arabie saoudite, la Jordanie, le Qatar, Bahreïn et les Émirats arabes unis. En 2015, la France s'est considérablement rapprochée de plusieurs pays arabes, via des ventes d'armes et aussi politiquement notamment avec les pays du Golfe. Il était difficile en conséquence pour Paris de fermer les yeux sur leur engagement qui est à double détente: contre Daech et contre le régime de Bachar el-Assad soutenu notamment par l'Iran leur principal rival dans la région.
Mais surtout pour la France, l'objectif est d'essayer d'atténuer la menace de nouveaux attentats sur son sol. Les attaques meurtrières contre Charlie Hebdo, une policière et un magasin cacher en janvier, celle commise fin août dans un train Thalys, les attentats avortés comme celui contre une église dans la banlieue parisienne, ont tous un lien avec le jihadisme et certains ont été revendiqués par Daech.
"La France face au terrorisme a toujours pris ses responsabilités", a martelé lundi le président français. "Et c'est depuis la Syrie, nous en avons la preuve, que sont organisées des attaques contre plusieurs pays, et notamment le nôtre".
Pour mettre fin au chaos syrien, le président Hollande a par ailleurs souligné que "la France travaille pour que des solutions politiques soient trouvées car l'issue, elle est politique en Syrie".
"Donc nous considérons que nous devons parler avec tous les pays qui peuvent favoriser cette issue et cette transition", a-t-il jugé, ajoutant: "Je pense aux pays du Golfe, je pense aussi à la Russie, à l'Iran en plus de pays qui sont d'ores et déjà membres de la coalition".
Cette solution politique et diplomatique doit néanmoins toujours exclure Bachar el-Assad, selon le président français. "En Syrie, rien ne doit être fait qui puisse consolider ou maintenir Bachar el-Assad. Le départ de Bachar al-Assad est à un moment ou un autre posé dans la transition", a réaffirmé M. Hollande.
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LA LIBRE EXPRESSION
20 h 37, le 07 septembre 2015