Joumblatt accuse le régime syrien et appelle les druzes à rejoindre la révolution

Après l'assassinat vendredi soir, dans la province syrienne de Soueida, du cheikh Wahid al-Balous, les druzes du Liban, comme en Syrie, ne décolèrent pas.
Le chef du Rassemblement démocratique, le député Walid Joumblatt, a rendu via Twitter un vibrant hommage au cheikh assassiné et à ses compagnons, victimes d'un double attentat qui a fait 31 morts.
« Je salue le martyr et ses compagnons, assassinés par le régime de Bachar el-Assad », a lancé M. Joumblatt. « Le cheikh Wahid a mené une intifada contre le service militaire dans l'armée du régime. Il a refusé que les habitants du Jabal el-Arab soient complices de la répression et du meurtre de leurs frères au sein du peuple syrien », a-t-il indiqué.
« L'heure de faire le tri est venue. Je salue tous les martyrs du peuple syrien fier. Que cette occasion soit celle de l'intifada du Jabal el-Arab, de la montagne syrienne fière face au régime », a souligné M. Joumblatt.
« Depuis plus de trois mois, j'avais rendu hommage au cheikh Wahid. J'avais condamné l'attitude de certains cheikhs, surtout les cheikhs Akl, liés au régime et aux services de renseignements. Voilà un martyr supplémentaire qui vient s'ajouter au cortège de cette révolution glorieuse, celle du peuple syrien, face à l'oppression », a ajouté le chef du Parti socialiste progressiste. « C'est là le destin des héros. Je m'incline devant la mémoire du cheikh Wahid et de tous les martyrs du peuple syrien », a-t-il noté.
« Il n'y a pas de coup fatal. C'est un coup qui fait mal. Mais il est temps pour les gens honorables, et ils sont nombreux, voire la majorité dans le Jabal Arab, de se révolter face au régime qui veut réprimer et semer la discorde entre eux et leurs frères syriens », a indiqué Walid Joumblatt.
« Que cela soit l'heure du tri entre les agents du régime et les gens honorables, qui doivent rejoindre le peuple syrien face au régime. Il y a des centaines de milliers de citoyens syriens qui ont été tués, des millions de déplacés et des dizaines de milliers incarcérés. Le cheikh Wahid a rejoint ce cortège de grands martyrs. En fin de compte, le Jabal Arab ne peut être séparé du reste de la Syrie. Le Jabal Arab est une montagne syrienne, honorable, inséparable du reste de la Syrie », a-t-il ajouté.

(Lire aussi : Les mauvais calculs du régime syrien à Soueida)

« C'est le régime syrien qui a créé Daech »
À la chaîne al-Jazeera, M. Joumblatt a par ailleurs rejeté les accusations de discorde interdruze ou sunnito-druze colportées, selon lui, par le régime. « C'est le régime syrien qui a créé Daech et qui en a libéré les symboles de ses prisons. Ce régime est capable de tout faire pour détruire l'unité de la Syrie et assassiner le peuple syrien. Ce régime ne tiendra pas, quelles que soient les aides militaires, matérielles et morales qu'il reçoit de grandes puissances comme la Russie, dont le tsar a affirmé aujourd'hui qu'il était en faveur d'un compromis avec une opposition acceptable. Ce régime ne tiendra pas et le peuple syrien triomphera », a-t-il conclu.
Commentant en outre l'arrestation hier par les autorités syriennes d'un membre du Front al-Nosra, al-Wafed Abou Tourabeh, qui aurait, selon l'agence syrienne officielle Sana, reconnu sa responsabilité dans le double attentat, M. Joumblatt a accusé sur son compte Twitter le régime syrien de mentir. « Abou Tourabeh est le Abou Adass druze », a indiqué M. Joumblatt, en allusion aux tentatives du régime syrien et de ses acolytes au Liban d'imputer à Ahmad Abou Adass, un islamiste sunnite, la responsabilité de l'assassinat de Rafic Hariri en février 2005.
Signalons que le chef du PSP a reçu un télégramme de condoléances de l'ancien chef du Conseil national syrien, Abdel Basset Sida. Quant au chef du Parti démocratique libanais, le député Talal Arslane, il a contacté hier le président syrien Bachar el-Assad pour lui transmettre ses condoléances.
Dans son élégie au cheikh Balous, le Conseil druze avait salué samedi la mémoire d'un homme qui avait œuvré pour « empêcher la discorde et les guerres fratricides entre les fils d'un même pays ».