Machnouk fait le bilan des émeutes du weekend et admet un usage "excessif" de la force

Le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk est revenu vendredi, lors d'une conférence de presse, sur les émeutes qui ont eu lieu samedi et dimanche derniers sur la place Riad Solh lors des manifestations organisées par le collectif 'Vous Puez!" pour protester contre l'incapacité du gouvernement à trouver une solution à la crise des déchets.

M. Machnouk a assuré que les Forces de sécurité intérieure (FSI) "ont fait leur devoir et le nombre d'agents blessés dépasse la centaine". Il a toutefois admis que "la force a été utilisée de façon excessive à l'encontre des manifestants samedi soir".  Le ministre de l'Intérieur a notamment indiqué que "trois groupes ont tiré lors des manifestations : la police de la Chambre, l'unité de l'armée chargée de protéger le Parlement et les Forces de sécurité intérieure". "Personnellement, je suis concerné par les FSI et une enquête est en cours, les résultats seront annoncés la semaine prochaine", a-t-il poursuivi. Lors de la conférence de presse  du ministre, la police du Parlement a démenti l'information : "Il n'y a pas eu de tirs, nous étions dans l'enceinte du Parlement et nous attendons les résultats de l'enquête".

M. Machnouk a également indiqué qu'"il n'y a pas de réseau de communication sérieux entre les agents de forces de sécurité et ce en raison d'une corruption qui touche le réseau de communication". "Je ne suis le fils d'aucun système sécuritaire, je n'ai aucune volonté, ni ancienne ni nouvelle, de faire partie d'un système sécuritaire", a-t-il déclaré.

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Les hospitalisés et les détenus
M. Machnouk a par ailleurs exposé le nombre de personnes qui sont encore à l'hôpital et celles qui sont encore détenues suite aux émeutes du week-end. Cinq personnes sont encore hospitalisées, trois civils (de la famille Jaba', Sbeity et Kassir) et deux militaires. Concernant le jeune homme de la famille Kassir dont la photo avait circulé sur les réseaux sociaux dimanche soir, M. Machnouk a indiqué que Mohammad Kassir "se trouvait au niveau de l'hôtel Monroe et jusqu'à présent les circonstances de l'incident ne sont pas claires, il est certain qu'il n'a pas été touché par une balle ou par une bombe lacrymogène".

Par ailleurs, sept personnes sont toujours en état d'arrestation :"Trois jeunes accusés de se droguer, un Soudanais et un Syrien, mais il n'est pas clair ce qu'ils faisaient, et deux jeunes qui lançaient des cocktails molotov sur les forces de l'ordre".

M. Machnouk a estimé qu'il "est clair qu'il y a deux genres de manifestants". Les premiers sont ceux qui participent à des "mouvements revendicatifs" et d'autres sont des "infiltrés". Il a dans ce cadre accusé "des membres de groupes politiques d'avoir infiltré les manifestations". "Ils ont réussi à pousser les agents à recourir à la force, ils arrivent à une heure précise, en nombre précis et à bord de motocyclettes", a-t-il précisé.

"Que personne ne diabolise l'image des forces de sécurité parce que les forces de sécurité ne sont pas des diables et ceux qui les diabolisent diabolisent la sécurité au Liban", a ensuite déclaré M. Machnouk.

Concernant la manifestation qui aura lieu demain, samedi, à la place des Martyrs, à 18 heures, M. Machnouk s'est engagé "à protéger tout citoyen qui exprime son avis de manière pacifique". Il a toutefois critiqué le fait que le collectif "Vous Puez!" n'ait présenté aucune demande de manifester au ministère. " Ce n'est pas grave, nous continuerons à agir de manière responsable", a-t-il assuré, appelant les manifestant à "exprimer l'avis qu'ils veulent, insulter qui ils veulent mais sans nuire à la sécurité". Il a ainsi mis en garde contre "un groupe rancunier qui va participer demain" à la manifestation. "Il y a des slogans confessionnels rancuniers que nous avons interdits  pour préserver la paix civile", a-t-il ajouté.

La gestion de la crise des déchets
Concernant la gestion de la crise des déchets par le gouvernement, M. Machnouk a informé les journalistes qu'il a suspendu sa participation à la commission ministérielle ad-hoc chargée de gérer la crise. Il a toutefois assuré qu'il continuera à "aider en tant que volontaire". Il a également indiqué que les Nations Unies vont nommer des experts qui aideront à la mise en œuvre d'un plan pour le traitement des déchets. Il a noté que ces experts ne seront pas à la charge du gouvernement. 

M. Machnouk a en outre  évoqué le cas du Akkar, indiquant qu' il y a "un manque de confiance et un rejet de toute proposition sans même les étudier". "Cela est compréhensible vu la situation actuelle", a-t-il poursuivi. "Les 100 millions de dollars qui ont été prévus pour le Akkar sont un droit pour la région et si les habitants du Akkar voit un intérêt à recevoir les déchets de Beyrouth nous les remercions".

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