Aoun chez Raï : le début d’une détente ?

Le chef du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, Michel Aoun, s'est rendu hier à Bkerké, où il a eu un entretien de deux heures avec le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï. La conversation a porté sur l'actualité locale, et plus particulièrement sur la présidentielle et l'action du gouvernement, ainsi que sur la situation dans la région et son impact sur le Liban.
Pas de communiqués, pas de déclarations au terme de l'entretien qui intervient, rappelons-le, deux jours après les appels téléphoniques du général Aoun à Bkerké, ainsi qu'aux dirigeants chrétiens, pour discuter avec eux des prérogatives gouvernementales en l'absence d'un président.
Selon les maigres informations officielles, les deux hommes étaient d'accord sur la nécessité d'une reprise des contacts entre toutes les parties pour « parvenir à des solutions préservant l'unité libanaise et le pacte national ».
De retour à Rabieh, le général Aoun a reçu un appel téléphonique du chef du PSP, Walid Joumblatt, qui, selon l'Agence nationale d'information, lui a surtout fait savoir qu'il « compte sur sa sagesse en ces temps difficiles que traverse le Liban » et qu'il est soucieux de poursuivre les concertations avec lui.
Ces deux contacts augurent, de l'avis de certains observateurs, d'une nouvelle dynamique politique pouvant déboucher à terme sur une détente, voire sur un déblocage au niveau de la présidentielle. L'exacerbation de la tension liée à la crise des déchets et les risques de dérapage ont poussé les différentes parties rivales, retranchées chacune derrière ses positions, à reprendre langue pour éviter au pays un saut dans l'inconnu, redouté de tous.
Pressé par le Vatican, qui s'inquiète de l'évolution dramatique de la situation au Liban, de réunir les pôles chrétiens, le patriarche Raï doit, selon des sources informées, rencontrer au cours du week-end, séparément, Amine Gemayel, Sleimane Frangié et Samir Geagea pour des concertations allant également dans le sens d'une entente en vue d'un déblocage. Lundi, il doit accueillir à Bkerké un sommet religieux islamo-chrétien, sur le thème : » Ensemble contre le vide présidentiel ».
Parallèlement, le président de la Chambre, Nabih Berry, qui s'active pour essayer de convoquer une conférence de dialogue qui aurait pour effet de détendre l'atmosphère politique, s'est empressé, afin d'éviter une exacerbation de la crise politique à cause de la volonté de Tammam Salam de promulguer les décrets censés assurer le fonctionnement, même minimal, de l'État, de demander au chef du gouvernement de suspendre les Conseils des ministres pour permettre aux concertations politiques de donner leurs fruits. Entre-temps, les décrets signés hier seraient remis aux ministres du Hezbollah et du CPL pour qu'ils s'assurent de leur urgence.
Toute cette activité tend à décourager les partis politiques, notamment le CPL, de recourir à la rue, en s'associant aux manifestations anti-gouvernementales, d'autant que le CPL risque d'entraîner ainsi avec lui, bon gré mal gré, son allié chiite, le Hezbollah, soucieux du maintien en place du gouvernement et de la préservation de la stabilité.

Nicolas : « Soit on reconnaît toutes les parties, soit on se dirige vers une Constituante »