Dans un climat d’attentisme, les manifestants dans la rue aujourd’hui

L'ouverture des plis financiers des sociétés ayant participé à l'appel d'offres pour la gestion des déchets des six régions du plan national n'aura lieu que mardi prochain... à moins d'un nouveau report. La question des déchets sera soulevée en Conseil des ministres... au plus tôt jeudi prochain. Les ordures, elles, s'empilent toujours dans les rues... à moins qu'elles ne soient transportées de nuit par des camions à l'activité illicite, faisant éclater des conflits entre les régions. Dans ce lourd climat d'attentisme et d'inaction officielle, rien ne vient troubler l'immobilité, à l'exception de la manifestation prévue par la campagne « Vous puez ! » aujourd'hui à 18h, place Riad el-Solh.

Mercredi dernier, parallèlement à la réunion d'ouverture des plis financiers au siège du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), qui s'est soldée par un report annoncé par le ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk, les manifestants de la campagne se sont heurtés aux forces antiémeute, écopant de coups de bâton et de violents jets d'eau (filmés par les médias ainsi que dans une vidéo postée par la campagne sur sa page Facebook), et subissant l'arrestation de quatre militants durant plusieurs heures.
C'est ce qui a fait réagir hier le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), le député Walid Joumblatt : il a affirmé dans un tweet que cette manifestation était « légale et légitime ». Il a également condamné « la violence avec laquelle on a agi avec les manifestants ».

(Lire aussi : Ces déchets, c'est le spectacle de notre incurie qui s'étale aux yeux du monde entier...)

Les manifestants seront donc une nouvelle fois au centre-ville aujourd'hui, à 18 heures. Imad Bazzi, porte-parole de la campagne, a affirmé à l'agence al-Markaziya que les contacts sont établis avec des municipalités et des régions lésées par la crise des déchets. « Nous attendons une grande foule, formée de simples citoyens et de militants », dit-il. Il précise que « le rassemblement aura lieu à la place Riad el-Solh », après quoi « une marche sera entamée vers la place de l'Étoile, devant le Parlement ». « Nous n'accepterons pas qu'on nous empêche d'y accéder, affirme-t-il, donnant le ton du rassemblement d'aujourd'hui. Cette place est à nous, au peuple. »

Imad Bazzi précise que les principales revendications des manifestants sont au nombre de trois. « Nous demandons en premier lieu la démission du ministre de l'Environnement parce qu'il est le ministre de tutelle pour ce qui a trait au dossier des déchets, dit-il. Même si nous savons que toute la classe politique est complice et coupable, il reste le responsable direct dans cette affaire. » La seconde revendication porte sur des appels d'offres transparents, « loin des marchés douteux et du partage du gâteau, dans l'intérêt du citoyen, non de la poche des hommes politiques ». « Nous avons proposé une solution qui aurait économisé des millions de dollars à la caisse de l'État, mais elle a été rejetée, car (les officiels) ne veulent pas débloquer les fonds des municipalités, ajoute-t-il. Ils veulent créer six Sukleen s'ils le peuvent, afin que chacun génère des profits de son côté. » La troisième revendication consiste à « faire pression sur le procureur financier afin qu'il ouvre le dossier de Sukleen et qu'il révèle le gaspillage des deniers publics », conclut le militant.

Imad Bazzi a mis en garde, dans son entretien avec l'agence, contre « de nouvelles violences perpétrées par les forces de l'ordre contre les manifestants, ce qui nous pousserait à recourir à l'escalade, jusqu'à demander de nouvelles élections, parce que tout dialogue aura été rompu avec les dirigeants ». Il a réaffirmé que l'objectif est d'atteindre la place de l'Étoile coûte que coûte, niant toutefois ce que certains militants ont publié sur leurs pages Facebook, parlant de « coup d'État ». Il met ces affirmations sur le compte « de la frustration des citoyens à l'encontre de la classe politique ». « Les positions de la campagne sont strictement celles affichées sur sa page Facebook », précise-t-il.

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