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Culture - Festival de Beiteddine

Beyrouth la glorieuse renaît au « Bar Farouk » : chapeau l’artiste !

Nuit magique à Beiteddine (pour ce soir encore) où Hicham Jaber a su avec son équipe de talent reconstituer l'ancien Beyrouth et réconcilier les Libanais avec leur citoyenneté.

Après avoir créé le cabaret égyptien baptisé Hichik Bichik, qui se produit encore au Métro al-Madina pour la seconde année consécutive, le talentueux Hicham Jaber a encore frappé. Et c'est du lourd. Avec son Bar Farouk, production 100 % made in Lebanon, qu'il a transporté (décor, matériel, équipe humaine) à Beiteddine à la demande de la présidente du festival, le directeur artistique, secondé par Ziad al-Ahmadieh pour les arrangements musicaux, a téléporté plus de neuf cents spectateurs dans le passé. Rassemblé dans la cour intérieur, autour de tables (sous la scène transformée en cabaret) et sur des gradins, un public de toutes générations confondues, de toutes couleurs, de toutes appartenances était emporté par cette énergie grandissante, par un dynamisme qui n'a connu aucune pause, aucun répit, aucune baisse de régime. Sauf au moment de l'entracte de quinze minutes où, grâce à cet élan unificateur, les inconnus assis avec d'autres inconnus se sont retrouvés amis car unis par cette même liesse.

« Sandouk el-Ferjé »...
Bar Farouk n'est pas un spectacle musical « per se ». C'est un moment suspendu dans le temps où, à la manière des Frères Lumière et du premier cinématographe, des photos, sorte de découpage mouvant, s'animent en toile de fond et font revivre la capitale libanaise. Beyrouth au temps de Sahet al-Bourj ou de Hamra la rouge, Beyrouth la trépidante et l'intrépide, à la pointe de l'aube et au crépuscule avec ses arômes, ses saveurs, son odeur qui sent bon le « sous », le « jellab » ou le narguilé. Beyrouth avec ses « abbadayes » et ses femmes de petite vertu, mais aux grandes vertus. Beyrouth qu'on aime conjuguer au féminin car elle est amoureuse, joyeuse, délurée, mutine et gamine, mais également nourricière comme une femme. C'est cette ville-là qui a défilé en filigrane à travers des portraits musicaux et dansants. Des années rococo (années 30) aux années hippie (1970), les artistes (chacun ayant une identité musicale particulière) rendent hommage aux musiciens, compositeurs, danseurs et chanteurs qui ont écrit les belles pages de l'histoire de la ville et qui (pour certains) ont malheureusement sombré dans l'oubli. Pour Hicham Jaber, il était important de rendre hommage au terreau culturel de la capitale comme Sabah, Omar el-Zeeni, Philémon Wehbé, Chouchou ou Férial Karim. Donc, nulle place à la nostalgie dans ce monde de joie. C'est un salut festif qu'il rend à ces talents artistiques libanais.

Yasmina Fayed, Randa Makhoul, Baha' Daou, Chantal Bitar, Ziad Itani, Bachar Farran, Ziad Jaafar, Ahmad el-Khatib, Béchara Atallah et Wissam Dalati, également costumier, avec l'éclairage de Ala' Minawi et le visuel de Nadim Saouma, ont réalisé une performance vitalisante à l'énergie contagieuse. La scène, enveloppée à certains instants par la brume, ajoutait ce côté onirique au spectacle. Mirage ou réel ? Si certains au sein du public n'ont pas su apprécier ce côté « populo », c'est parce qu'ils n'ont pas jusqu'à présent su distinguer la vraie identité d'une capitale qui, tout au long de sa vie, a su mêler légèreté et gravité.
Bar Farouk, qui vous invite encore ce soir à Beiteddine, est une kermesse héroïque, une fête qui se terminera au son des bombes, et où, comme l'a souligné un spectateur, « il n'y a pas de plus nouveau que cet ancien ».

 

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