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Moyen Orient et Monde - « Tel-Aviv sur Seine »

« On ne peut penser un événement en dehors de son contexte international »

Les détracteurs de l'événement critiquent les organisateurs qui n'ont pas su évaluer la portée politique du choix de Tel-Aviv.

Un dispositif de 500 policiers a été mis en place pour encadrer l’ouverture de « Tel-Aviv sur Seine ». Kenzo Tribouillard/AFP

Présenté comme une promotion des stations balnéaires de la capitale israélienne, l'événement « Tel-Aviv sur Seine » a surtout été médiatisé à travers polémiques et critiques.
Interrogée par L'Orient-Le Jour, Danielle Simonet, élue du Parti de gauche à la mairie de Paris, soutient les manifestations culturelles proposées dans le cadre du projet qui longe les rives de la Seine. Par le passé, « Paris Plages » avait mis d'autres pays à l'honneur, à l'instar de la Polynésie française, de l'Amérique du Sud ou d'Athènes. Mais l'élue déplore que l'événement, dont elle a découvert l'existence via les réseaux sociaux, n'ait, cette année, été précédé d'« aucun débat, d'aucune délibération quant au choix de la ville partenaire ». Pour l'élue de gauche, « le choix d'une ville au détriment d'une autre a une portée telle qu'on ne peut décemment penser que la politique ne joue aucun rôle. On ne peut penser un événement en dehors de son contexte international, surtout pour une ville comme Paris ». C'est donc dans cette optique qu'elle avait proposé une transformation de l'événement en « Ramallah/Tel-Aviv pour la paix ».
La maire de Paris, Anne Hidalgo, et son administration ont de leur côté martelé que l'événement avait une portée purement pédagogique et culturelle, et qu'il fallait différencier Tel-Aviv, « la bulle », du reste d'Israël. Aors que la polémique battait son plein quant au choix de Tel-Aviv, Mme Hidalgo avait publié, dans l'édition du Monde datée de mercredi, une tribune dans laquelle elle réaffirmait son soutien au projet, invitant la population parisienne à la fraternité et à participer à l'événement. Tel-Aviv est une « ville ouverte à toutes les minorités, y compris sexuelles, (une ville) créative, inclusive, en un mot (c'est) une ville progressiste », a écrit la maire dans cette tribune.
Mais, pour le spécialiste du Moyen-Orient et directeur scientifique à l'institut Medea (Institut de coopération euro-arabe et méditerranéenne, Bruxelles), Sébastien Boussois, « différencier Tel-Aviv et Israël est une erreur ». Il rappelle que le ministère du Tourisme israélien (qui a déjà promu le projet dans d'autres villes comme New York, Copenhague ou Saint-Pétersbourg) « essaye de créer un label Tel-Aviv qui vise à donner une image plus avantageuse d'Israël en ce moment ».
Pour Mme Simonet, l'implication du ministère israélien du Tourisme renvoie bien à un intérêt du gouvernement israélien dans « Tel-Aviv sur Seine ». L'événement sonne dès lors comme une « promotion de la politique expansionniste de droite/extrême droite menée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, une politique qui bafoue le droit international », souligne-t-elle.

Jeu malsain
Dans le cadre de la polémique qui a entouré l'affaire, le conseiller du maire de Tel-Aviv, Eitan Schwartz, a, dans un communiqué, affirmé que « tout appel à boycotter Israël est une forme d'antisémitisme ». Un argument « honteux », pour Mme Simonet. « Il faut combattre l'antisémitisme et non l'utiliser à tout bout de champ », s'insurge-t-elle, avant d'ajouter que ces attaques laissent proliférer « un jeu malsain et irresponsable qui encourage les clivages ».
C'est également l'avis de Julien Salingue, spécialiste de la Palestine, qui s'est illustré par une tribune incendiaire sur l'événement dans Libération. Pour lui, il s'agit d'un jeu alimenté par des institutions comme le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), qui, « depuis une semaine, sur son compte Twitter, affirme son soutien (à "Tel-Aviv sur Seine") de manière presque quotidienne. C'est une récupération politique qui alimente le jeu des amalgames ».

 

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