À quand la fin des malheurs et des peines du peuple libanais? Jusqu'où pourra-t-on continuer à lui faire subir et supporter la corruption, le chantage, le mensonge et la loi du plus fort de certains de ses dirigeants? Est-ce que le scandale des ordures ménagères qui s'entassent et bloquent les quartiers et les rues de tout le Liban depuis le 20 juillet est le nouveau visage de ce pourrissement «télécommandé», après celui de l'électricité, de l'eau, du gaz, de la viande avariée, des médicaments, de l'alimentation, de l'insécurité tournante et à la carte dans les différentes régions du Liban, de l'incapacité à s'entendre sur une nouvelle loi électorale, de l'interprétation erronée des articles de la Constitution, de l'autoprorogation du mandat législatif des députés, du blocage de l'élection présidentielle depuis plus d'un an, et j'en passe...? Après tous ses épisodes de blocage interne que traverse le pays depuis 2005, il y a aussi les dramatiques retombées socio-économiques sur le Liban du fait de la guerre en Syrie, de l'afflux non contenu d'un million deux cent mille réfugiés, ainsi que de l'insécurité permanente intérieure et extrafrontalière conséquente à la participation du parti de Dieu à cette terrible tragédie aux côtés du régime syrien.
Qui est donc le chef d'orchestre qui dirige depuis des années cette descente aux enfers ? Qui sont les associés conscients ou inconscients de ce processus qui élime, vulnérabilise et bloque systématiquement les rouages de la République en attendant de les rendre caducs et d'imposer de nouveaux paramètres institutionnels? Et comme pour maintenir le même rythme de dépérissement prémédité tous azimuts, le citoyen est confronté au quotidien à des difficultés et des drames qui ont pour conséquences pratiques de créer chez lui des effets de rejet à l'égard de la République de 1943, une situation qui devrait profiter aux « instigateurs » présumés, pour renverser la table, au moment venu, à l'avantage de tous ceux qui ne partagent pas leurs objectifs politiques et leur vision de la République.
La signature de l'accord sur le nucléaire entre l'Iran et principalement les Étas-Unis vient à point nommé pour dessiner une nouvelle étape du panorama géostratégique international, régional et naturellement interne. Tous les acteurs sur la scène moyen-orientale essayent de se positionner le plus avantageusement pour éviter de «rester sur le trottoir» ou de perdre leurs précédents acquis. Tel est le cas du parti de Dieu, qui a été partie prenante à la guerre en Syrie, au titre de bras militaire de la wilayat al-fakih, et qui continuera à assumer la politique régionale de son commanditaire jusqu'au moment où ce dernier lui signifiera les nouvelles orientations à suivre, et principalement en ce qui concerne l'élection présidentielle et son positionnement politique et constitutionnel.
En observant l'évolution des acteurs politiques sur la scène intérieure, et le long processus de démantèlement de l'État des institutions ainsi que la nouvelle géopolitique régionale en gestation, la question qui se pose naturellement est celle de savoir si le Liban pourra, en fin de parcours, émerger avec sa formule constitutionnelle d'origine, ou s'il va être amené à subir des modifications importantes au niveau de son équation identitaire nationale... Toutes les options sont ouvertes, car le pays est vulnérable et affaibli, et les dissensions sur le front interne sont devenues si profondes qu'il subit en permanence le diktat des forces étrangères. La conjoncture régionale géostratégique pèse elle aussi de ce fait sur l'avenir de l'État du Cèdre et maintient toutes ses composantes et ses citoyens dans un état de précarité et d'incertitude.
Le Liban qui a eu la chance de profiter à ce jour d'une «ombrelle internationale» bénéficie d'un statu quo interne et régional. Il a pu, grâce à cela, traverser tous les terrains minés précédemment décrits et survivre à cet état des lieux, non sans douleurs ou déchirements. Mais il n'en reste pas moins que dans cette situation de «ni guerre ni paix», le front interne glisse lentement et inéxorablement à l'avantage de l'une des deux composantes antagonistes qui détient sur le terrain la force de frappe et le soutien régional et logistique de l'extérieur, à savoir le Hezbollah et ses alliés, des «hommes de paille» dont le seul rôle est de conforter la dimension nationale de ce dernier. Deux bémols pourraient toutefois bloquer ce dérapage et maintenir en exercice l'application de l'équation constitutionnelle de 1943, reprise dans son essence par le document de Taëf, non sans certaines modifications :
– un consensus régional parrainé internationalement ;
– l'adoption du projet de «neutralité du Liban», engagé déjà depuis quelque temps par des citoyens, toutes religions et régions du Liban confondues, et représentés au sein de la société civile.
Nos Lecteurs ont la Parole - Salim F. DAHDAH
Le chaos « propagé » insidieusement présage-t-il d’un changement institutionnel inéluctable ?
OLJ / le 10 août 2015 à 00h00
Dans quelques jours la 27ème séance pour l'élection du nouveau Président de la République, le Hezb et ses supplétifs du CPL ont déjà annoncé leur boycott. Par conséquent, Nabih Berri doit impérativement et légalement appliquer la loi de considérer valable la séance d'élection par les députés présents. Avec 64 voix + 1, un candidat est élu. Tant pis pour les absents.
14 h 09, le 10 août 2015