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Nos Lecteurs ont la Parole - Louis AMERIGHI

« Hayda nehna, hayda jawna »

Que quelque chose se concrétise, qu'un pas se fasse dans la bonne direction, qu'un progrès quelconque se manifeste, sinon le Liban assistera à l'émigration massive de toute sa jeunesse qualifiée. Cela fait plus de 25 ans que la guerre est finie, plus de 10 ans que les Syriens sont sortis et pourtant la situation ne s'améliore pas. Nous vivons dans un pays où les besoins les plus basiques, à savoir la sécurité, l'eau et l'électricité, ne sont toujours pas assurés, et aucun augure d'amélioration ne se pointe à l'horizon.
Les leaders de la communication médiatique, les mavens des réseaux sociaux demandent à tout le monde de faire la publicité positive du Liban, le montrer sous un jour favorable, ne jamais se plaindre en public de ses défauts: pensant bien faire, ils espèrent opérer ainsi une sorte de propagande visant d'abord à remonter le moral des citoyens les plus désespérés, retenir ceux qui sont à deux doigts d'émigrer, ensuite à promouvoir le tourisme au pays du Cèdre, encourager les investisseurs étrangers, etc. Cette démarche est à mon avis vouée à l'échec pour la simple raison que les gens ne sont pas aveugles : les défauts du Liban sont tellement flagrants et profonds que l'apologie du hommous, les campagnes dans le genre «hayda nehna, hayda jawna» n'y changeront pas grand-chose.
Par souci de sincérité, j'hésiterais personnellement à recommander à un étranger de passer ses vacances au Liban. Que vais-je lui dire ? « Oui, c'est un pays magnifique ; côté sécurité impeccable, l'État est craint et respecté par tout le monde, pas de milices armées qui font la loi dans leurs propres territoires. Tu peux aller du Nord au Sud, d'Est en Ouest en toute sécurité, la police te protège partout. Côté transport public, c'est le rêve : bus, métro, taxis, tu as l'embarras du choix, tout est superpropre, les gens sont superhonnêtes. L'électricité et l'eau potable ? 24h sur 24. Les loyers ? Très modérés, proportionnels au PIB. L'internet ? À grande vitesse et coûte trois fois rien. Les restaus ? Propres (aucun risque d'empoisonnement) et à prix raisonnable ! » Bref, le touriste remarquera très vite l'arnaque : dès sa sortie de l'aéroport en fait, il verra combien la campagne médiatique était loin de la réalité...
Au lieu de faire de la publicité mensongère, il serait plus utile de se poser la question suivante : « Que peut-on faire pour commencer à résoudre tous ces problèmes?» «Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour votre pays » disait Kennedy aux jeunes Américains. C'est exactement la question que nous devrions nous poser. Reconnaissons l'existence de ces problèmes : les 2 millions de réfugiés syriens sont bien là, c'est une réalité. Quel statut leur octroyer pour éviter qu'ils ne constituent des enclaves sécuritaires qui échapperaient au contrôle de l'État? L'EDL doit être réformée. Chaque habitant paie actuellement autour de 100000 L.L. par mois d'abonnement à un générateur de quartier: ce même argent ne suffirait-il pas à faire fonctionner normalement l'électricité publique? L'ABC-Achrafieh, semble-il, va se doter de panneaux solaires pour assurer ses propres besoins électriques diurnes: les municipalités locales pourraient-elles envisager une solution similaire? Quelqu'un aurait-il le bon sens de faire construire un immeuble de parking dans une région ultradense, ces zones où il est impossible de garer sa voiture (genre Hamra, ou Fassouh), au lieu de construire encore une autre tour d'habitation qui envenimerait la situation davantage? Qu'il charge 100 dollars par mois par abonné, ça sera toujours lucratif pour lui et une bénédiction pour la ville. Un exemple parmi tant d'autres d'initiatives que pourraient entreprendre des citoyens privés pour pousser leur pays dans le bon sens...

Louis AMERIGHI

Que quelque chose se concrétise, qu'un pas se fasse dans la bonne direction, qu'un progrès quelconque se manifeste, sinon le Liban assistera à l'émigration massive de toute sa jeunesse qualifiée. Cela fait plus de 25 ans que la guerre est finie, plus de 10 ans que les Syriens sont sortis et pourtant la situation ne s'améliore pas. Nous vivons dans un pays où les besoins les plus basiques,...
commentaires (3)

Pays à date de péremption dépassée.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 09, le 07 août 2015

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Pays à date de péremption dépassée.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 09, le 07 août 2015

  • METTRE LE DOIGT DANS LA PLAIE NE SERT À RIEN... SI TOUTE CETTE CASTE D'ABRUTIS PAPAS ET HÉRITIERS... GENDRES ET PARENTS... NE VA PAS TOUTE AU DIABLE !!! SEUL ESPOIR LE : DÉGAGEZ... ET LE BON DÉBARRAS... MAIS J'ENTENDS LES MOUTONS QUI BÊLENT...

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    15 h 22, le 06 août 2015

  • Je me suis rendu plusieurs fois en Corse. le relief, la clarté, le ciel bleu, la montagne, les arbres, les rochers etc... ressemblent à 90% au Liban avant 1975. Des villages intactes, des plages non confisquées par les "chabbiha", personne n'occupe la rue et ses trottoirs... Où en sommes-nous de tout cela en 2015 ? Je ne compare pas, je constate.

    Annie

    14 h 40, le 06 août 2015

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