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Moyen Orient et Monde - Syrie

Washington pourrait assurer une couverture aérienne à l’opposition modérée, même contre les forces d’Assad

Un char des combattants kurdes des unités de protection populaire à al-Zohour, ville voisine de Hassaké, au nord-est de la Syrie. Delil Souleiman/AFP

Selon l'agence de presse Reuters, le président américain Barack Obama aurait décidé d'autoriser les frappes aériennes pour défendre les rebelles syriens formés par l'armée américaine, laissant planer, pour la première fois, la menace de frappes aériennes contre les forces du président Bachar el-Assad. Cette information aurait été délivrée dimanche à l'agence par des fonctionnaires américains s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. Les responsables américains, qui ont confirmé l'information révélée par le Wall Street Journal, ont précisé que les États-Unis mèneraient des frappes offensives pour appuyer les avancées réalisées contre l'État islamique et un soutien défensif pour repousser les assaillants, quels qu'ils soient. Mais ni le Pentagone ni la Maison-Blanche n'ont voulu confirmer les informations données par les responsables américains.

Alistair Baskey, le porte-parole du Conseil à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche, a indiqué que seules les forces entraînées par les États-Unis recevraient un soutien global, y compris « un soutien en tirs de riposte pour les protéger », faisant allusion aux frappes de vendredi après l'attaque attribuée au Front al-Nosra, la branche syrienne d'el-Qaëda, contre un site utilisé par des membres de la « Division 30 », un groupe de rebelles favorables aux Occidentaux. « Nous n'entrerons pas dans le détail de nos règles d'engagement, mais nous avons toujours dit que nous prendrions les mesures nécessaires pour faire en sorte que ces forces puissent mener leur mission avec succès », a déclaré M. Baskey.

Pour sa part, Elissa Smith, la porte-parole du Pentagone, a elle aussi refusé de répondre, se bornant à rappeler que le programme militaire américain est « avant tout » centré sur la lutte contre les jihadistes de l'EI. « Nous reconnaissons toutefois qu'une grande partie de ces groupes combattent désormais sur des fronts multiples, y compris contre le régime d'Assad, l'État islamique et d'autres terroristes », a déclaré Elissa Smith.

(Lire aussi : Sahl el-Ghab, point névralgique de la défense du régime syrien )

 

Sceptique
Interrogé par L'OLJ, Peter Harling, directeur de projet à l'International Crisis Group, s'est dit sceptique à l'annonce de cette nouvelle, sans confirmer ou démentir l'information rapportée par Reuters. Également contacté par L'OLJ, l'un des leaders de l'opposition syrienne, Moez el-Khatib, qui s'est entretenu récemment avec John Kerry et Sergueï Viktorovitch Lavrov, a refusé de s'exprimer sur le sujet.

Cependant, l'information est à prendre avec beaucoup de prudence dans la mesure où toutes les évolutions observées jusque-là tendent à infirmer cette nouvelle. Rappelons que le programme d'entraînement américain avait été freiné par la démission du général Michael Nagata, chef des opérations spéciales du Commandement central américain en charge de sélectionner et d'entraîner les rebelles modérés. Par ailleurs, les candidats acceptables pour les Américains manquaient à l'appel, et sur la liste finalement retenue, les désistements et les abandons témoignent des difficultés auxquelles se retrouve confronté Washington. Un autre fait dont il convient de tenir compte est l'absence de garanties pour les États-Unis que ces forces « modérées » qu'ils entraînent et qu'ils arment ne finiront pas par se rallier aux organisations qu'ils combattent, comme le groupe al-Nosra ou l'État islamique (EI). C'est ce qui s'était passé pour le Front des révolutionnaires syriens (FRS), investi par les Américains comme pilier de la lutte contre le régime de Damas, mais dont une large part des effectifs a rejoint le Front al-Nosra après la dissolution de l'organisation.


(Lire aussi : Et les nouveaux alliés américains en Syrie sont..., l'article d'Anthony Samrani)

 

Seule alternative islamique
Récemment, la note publiée par un dirigeant d'Ahrar el-Cham, Labib Nahas, dans le quotidien américain Washington Post, était très révélatrice de la difficulté pour les États-Unis de miser sur les forces modérées. Dans cette publication, le leader présentait son organisation comme la « seule alternative islamique, sunnite et modérée » capable de combattre l'EI et proposait ses services à l'administration Obama. Conscient de son incapacité à contrôler l'évolution et la direction des forces rebelles sur le terrain, Washington a fait le choix d'apporter son soutien aux forces kurdes qui combattent efficacement l'EI et dont il a l'assurance qu'elles n'entreront pas en confrontation avec le régime de Bachar el-Assad.

Si la Maison-Blanche a bien indiqué hier qu'elle pourrait prendre des « mesures supplémentaires » pour défendre ses alliés qui combattent en Syrie, elle n'a cependant pas précisé la nature de ces mesures, et, dans sa déclaration, le porte-parole Josh Earnest a pris soin de préciser qu'« à ce stade le président syrien n'avait pas cherché à perturber les actions des groupes soutenus par les États-Unis ». Selon nos sources d'informations sur le terrain, il semblerait que les Américains ont mené, hier, des frappes aériennes contre les positions du Front al-Nosra à Ariha au même moment où l'aviation syrienne bombardait ces bases. Tous ces indicateurs laissent penser que la menace de frappes aériennes contre les forces du régime syrien est peu probable et qu'elle ne répond à la logique déployée par les Américains en Syrie.

 

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commentaires (2)

C'est c'la, oui, quand les poulets Per(s)cés auront des dents !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

14 h 30, le 04 août 2015

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Commentaires (2)

  • C'est c'la, oui, quand les poulets Per(s)cés auront des dents !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 30, le 04 août 2015

  • PERSONNE N'Y CROIT ! DEPUIS CINQ ANS PRESQUE LES PROMESSES AMÉRICAINES AUX REBELLES SYRIENS NE SONT JAMAIS TENUES... D'Où LES RÉACTIONS D'AMERTUME ONT DONNÉ NAISSANCE À TOUS LES DAESCHS...

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    10 h 31, le 04 août 2015

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