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Liban - Liban

Mystère autour de la disparition dans la Békaa de cinq Tchèques et d’un Libanais

Ils auraient été enlevés en représailles à l'arrestation d'un Libanais en République tchèque.

Le Libanais Ali Fayad est détenu depuis avril 2014 en République tchèque. Photo diffusée par les médias tchèques

Les autorités libanaises recherchent toujours cinq citoyens tchèques qui auraient été enlevés vendredi avec leur chauffeur à Kefraya, dans la vallée de la Békaa, a indiqué une source militaire. Les ressortissants tchèques sont deux journalistes, un avocat, un traducteur et un cinquième dont le statut n'a pas été identifié jusque tard hier en soirée, mais qui serait, selon une source bien informée, une personnalité sécuritaire haut placée visitant le Liban pour la première fois sous le couvert de l'anonymat.

Des soldats de l'armée déployés dans la région de la Békaa depuis samedi effectuent des opérations de recherches dans les hôtels et les endroits où le groupe se serait arrêté durant la journée.
Les cinq personnes avec leur chauffeur ont disparu vendredi soir, et leur voiture a été retrouvée dans la région de Kefraya dans l'ouest de la Békaa. « Nous ignorons ce qui s'est passé, mais nous présumons qu'ils ont été enlevés, car nous avons trouvé leurs passeports et des documents leur appartenant dans la voiture, a expliqué la source militaire. Nous menons des recherches dans la région, mais sans résultats jusqu'à présent. »

Le ministère des Affaires étrangères de la République tchèque n'a pas voulu, pour sa part, dévoiler l'identité des cinq Tchèques pour des raisons de sécurité et s'est contenté de déclarer être en contact permanent avec les services libanais afin de résoudre cette affaire le plus tôt possible sans mettre en péril la sécurité de ses ressortissants.

« L'auteur de cette opération a voulu montrer que c'est un enlèvement, sinon il aurait bien pu cacher les passeports ainsi que les caméras, mais ce qui est bizarre, c'est qu'aucune partie n'a pour le moment revendiqué cet enlèvement ou établi de contact avec les autorités locales ou tchèques », a affirmé la même source à L'Orient-Le Jour.

Les cinq ressortissants tchèques seraient en effet en mission journalistique au Liban, indique également la source. Ils ont effectué deux interviews peu de temps avant leur disparition, l'une à Fakiha et l'autre avec le président de la municipalité de Laboué, Ramez Amhaz, qu'ils ont enregistrées sur les caméras trouvées à bord de la voiture. Les interviews portent sur les jihadistes et les combats dans le jurd de Ersal, ainsi que les camps de réfugiés syriens dans la région.

Plusieurs pistes sont étudiées par les forces de sécurité, à part celle qui pourrait être liée à l'identité secrète du cinquième ressortissant, mais la plus plausible serait, selon la même source, celle d'un rapt en représailles à l'arrestation d'un Libanais en République tchèque. Mounir Saëb Taan, la cinquantaine, propriétaire du taxi de couleur grise et de type Kia dans lequel les passeports, les sacs de voyage et les caméras des cinq Tchèques ont été retrouvés, serait en fait le frère d'un ingénieur, Ali Taan, connu aussi sous le nom de Ali Fayad, détenu par les autorités tchèques depuis avril 2014. Mais aucun élément ne permettait de confirmer jusqu'à hier soir une éventuelle implication du chauffeur de taxi, lui-même porté disparu, dans l'affaire.

Une opération américaine consistant à piéger des hommes d'affaires ivoiro-libanais susceptibles de participer à un vaste trafic de drogue et d'armes entre l'Afrique de l'Ouest et l'Amérique latine avait en effet trouvé son épilogue en avril 2014 en République tchèque par l'arrestation de deux hommes d'affaires et de Ali Fayad, ingénieur. Ce dernier, travaillant pour le compte de la société nationale ukrainienne d'armement, serait tombé dans un piège avec ses complices, Faouzi Jaber et Khaled Maraabi, tendu par les Américains, en acceptant une transaction qui consistait à vendre des armes et de la cocaïne à des agents américains qui prétendaient être membres de l'organisation terroriste colombienne Farc. C'est à l'issue d'une ultime séance de négociations dans un hôtel de Prague qu'ils ont été arrêtés, en avril 2014, puis placés en détention en attente d'être extradés vers les États-Unis. Selon les médias tchèques, Ali Fayad, arrêté à Prague, est accusé par les État-Unis de collaboration avec des terroristes.

Les enlèvements d'étrangers sont rares au Liban depuis la guerre civile (1975-1990), pendant laquelle près de 100 étrangers, pour la plupart américains et européens, avaient été kidnappés. Le dernier enlèvement de taille remonte à 2011 lorsque sept cyclistes estoniens avaient été kidnappés quatre mois dans la Békaa. Si la raison de l'enlèvement demeure jusqu'à aujourd'hui un mystère, une somme d'argent a vraisemblablement été versée en échange de leur libération.

Certaines régions de la Békaa sont des zones de non-droit où sévissent des trafiquants de drogue, sur fond de tensions entre des clans tribaux. En 2013, deux Allemands avaient été enlevés dans cette région puis relâchés quelques heures plus tard. Les ravisseurs avaient été immédiatement arrêtés par les autorités libanaises pour trafic de drogue.


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commentaires (4)

J'ai donc l'impression que c'est comme le dit Talion , OEIL POUR OEIL DENT POUR DENT ...

FRIK-A-FRAK

11 h 17, le 20 juillet 2015

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Commentaires (4)

  • J'ai donc l'impression que c'est comme le dit Talion , OEIL POUR OEIL DENT POUR DENT ...

    FRIK-A-FRAK

    11 h 17, le 20 juillet 2015

  • QUE FAISAIENT LES TCHÈQUES DANS LA BÉBAA... DU TOURISME ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 06, le 20 juillet 2015

  • j'ai comme l'impression qu'il ne vas pas etre demande $50,000 comme pour le rapt de ce jeune enfant il y a quelques jours/semaines. moi je pronostique le scenario suivant: le rapt est imputé a l'etat islamque/daesh (mais ce ne sont pas les ravisseurs en fait) et une video apparait des tcheques en syrie. peut etre une coupure de tete pour rendre la version bien credible. l'iran/hezbollah propose son aide, ils demandent: 1- de l'argent au nom des ravisseurs (eux-meme) 2- la liberation (sentence allegee) de ali fayad en contrepartie de service rendu. what else?

    George Khoury

    08 h 11, le 20 juillet 2015

  • Par quel hasard ces Tchèques utilisent, pour se déplacer, la voiture du frère du Libanais arrêté? De tous les chauffeurs de taxi du Liban, c'était le seul disponible? Et puis, pourquoi ces Tchèques en "mission journalistique" sont accompagnés par un avocat et "une personnalité sécuritaire haut placée" font-ils appel à quelqu'un dont le frère est en prison dans leur pays? Si Ali Taan est en prison pour trafic de drogue et d'armes, les Tchèques doivent être là pour s'occuper des "affaires" du frère et se sont tous faits prendre dans un piège par la partie adverse...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 35, le 20 juillet 2015

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