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À La Une - Proche-Orient

Il y a un an, la guerre éclatait à Gaza

Des affrontements sont peut-être de nouveau "inévitables", avertit Robert Turner, en charge des opérations de l'Unrwa à Gaza.

Avec 18.000 maisons totalement détruites ou presque, 100.000 Gazaouis sont toujours hébergés par des proches ou installés dans des abris précaires. AFP PHOTO / SAID KHATIB

Il y a un an éclatait une nouvelle guerre dans la bande de Gaza où, depuis, le cessez-le-feu est respecté mais aucun des problèmes ayant mené à l'affrontement avec Israël n'a été résolu.

Le 8 juillet 2014 à minuit, Israël lançait officiellement son opération militaire "Bordure protectrice" après plusieurs semaines de tensions liées aux assassinats de trois jeunes Israéliens puis d'un adolescent palestinien.
Cette troisième guerre en six ans à Gaza s'achève le 26 août par un cessez-le-feu. Entre temps, 2.251 Palestiniens ont été tués, dont 551 enfants, plus de 10.000 blessés et quelque 100.000 se retrouvent à la rue. Côté israélien, le conflit fait 73 morts, dont 67 soldats.
Israël a rendu lundi hommage à ses victimes tandis que le Hamas, le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, a prévu de commémorer l'événement mercredi soir.

Un an après, une guerre est peut-être de nouveau "inévitable", avertit Robert Turner, en charge des opérations de l'agence de l'Onu pour l'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa), à Gaza. Car "en se s'attaquant pas aux problèmes fondamentaux, on ne fait que relancer le compte à rebours pour le prochain cycle de violences", explique-t-il à l'AFP.
Et à Gaza, les problèmes fondamentaux s’amoncèlent et s'auto-alimentent: le premier, c'est le blocus imposé depuis neuf années par Israël qui a virtuellement tué toute exportation gazaouie.
Parce qu'il empêche quasiment toute entrée de matériaux de construction --de peur que les groupes armés ne s'en servent pour renforcer leur arsenal-- ce blocus a également laissé au point mort la reconstruction de l'enclave exigüe et surpeuplée.
Avec 18.000 maisons totalement ou presque totalement détruites, 100.000 Gazaouis sont toujours hébergés par des proches ou installés dans des abris précaires, après que l'Unrwa a fermé ses derniers centres d'accueils il y a peu.

 

(Lire aussi : « Acte de piraterie » et « kidnapping » : les derniers faits d'armes d'Israël)

 

'Un enfant a vécu trois guerres'
Ce conflit, bien plus que les autres s'accordent à dire les humanitaires, a laissé des stigmates indélébiles parmi les Gazaouis, dont près de la moitié ont moins de 14 ans. "Il faut se dire qu'un enfant, même de sept ans, qui vient tout juste de finir son CP, a déjà traversé trois guerres", rappelle M. Turner. Selon l'Onu, au sortir de la guerre, près de 400.000 enfants devaient être suivis psychologiquement.

Mohammed Zaza, 19 ans, désigne un terrain vague de Chajaya, l'un des quartiers les plus ravagés de la ville de Gaza. Avant, se dressait ici la maison de sa famille: un imposant bâtiment de quatre étages, réduit à un tas de gravats qui a finalement été déblayé. Depuis, sa famille vit dans un appartement loué à prix d'or, et "tout ça, de notre poche, car on ne reçoit aucune aide", jure Mohammed.
Depuis un an, ce Gazaoui au look de minet qui étudie pour devenir infirmier, ne vit plus qu'"au jour le jour". "On se débrouille pour gérer le quotidien", mais impossible de faire des projets pour l'avenir parce qu'ici, dit-il, c'est "no future".

Sur ce terreau de colère et de frustration prospèrent les radicaux. Le Hamas, qui conserve le pouvoir à Gaza au prix d'un bras de fer de plus en plus tendu avec l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas, fait désormais face à une nouvelle contestation: celle de salafistes qui le jugent trop compromis avec l’État hébreu.
Un an après un conflit dans lequel le Hamas a revendiqué la "victoire", seuls 35% des Palestiniens --Cisjordanie et bande de Gaza confondues-- se disent satisfaits des gains obtenus grâce à ce conflit. Pourtant, une fois le cessez-le-feu conclu, aucune des questions épineuses n'a été discutée. Palestiniens et Israéliens devaient se retrouver pour évoquer la construction d'un port, la rénovation de l'aéroport de Gaza et la levée du blocus. Mais aucune rencontre n'a jamais eu lieu.

 

(Lire aussi : "Ouvrez les yeux" : Quand Israël ridiculise les journalistes étrangers)

 

Pauvreté et chômage galopants
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu lundi lors des cérémonies en l'honneur des soldats tués: "ceux qui tentent d'attaquer notre peuple le paieront de leur sang".
Toutefois, le Hamas et Israël ont repris langue pour "échanger des idées" sur une possible trêve de longue durée en échange d'une levée du blocus.

Mais pour les Gazaouis, l'horizon est loin d'être dégagé. Le taux de chômage atteint 44% et trois-quart de la population dépend de l'aide humanitaire, une situation de plus en plus intenable alors que les donateurs internationaux n'ont pas tenu leurs promesses de dons faites à la fin de la guerre.
Les contrôles sont si drastiques aux points de passage terrestres, tous contrôlés par Israël, à l'exception de Rafah que l’Égypte n'ouvre qu'au compte-gouttes, que très peu parmi les 1,8 million de Gazaouis parviennent à sortir.
Et depuis la Méditerranée, impossible de pénétrer dans les eaux gazaouies ou de s'éloigner de plus de six miles nautiques des côtes. Mardi, la marine israélienne a de nouveau arrêté six pêcheurs.

 

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