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À La Une - Yémen

Le Yémen en crise humanitaire majeure, selon l'Onu

Situation critique à Aden, sous le feu des rebelles.

Au moins 31 personnes ont été tuées et une centaine blessées mercredi dans un bombardement mené par les rebelles chiites à Aden, deuxième ville du Yémen. AFP PHOTO / SALEH AL-OBEIDI

L'Onu a décrété mercredi le niveau trois d'urgence humanitaire, le plus élevé, pour le Yémen qui est ravagé par une guerre entre des rebelles chiites et le gouvernement soutenu par une coalition militaire arabe.

A l'issue d'une réunion entre le patron des opérations humanitaires de l'Onu Stephen O'Brien et les directeurs des agences humanitaires, "toutes les agences sont tombées d'accord pour décréter le niveau trois pour une période de six mois", a indiqué le porte-parole adjoint de l'Onu Farhan Haq. Seuls trois autres pays sont à ce niveau maximal d'alerte humanitaire: l'Irak, le Soudan du Sud et la Syrie. La République centrafricaine figurait sur cette liste mais en a été retirée il y quelques mois.

Selon l'Onu, plus de 21,1 millions de Yéménites ont désormais besoin d'assistance humanitaire -soit 80% de la population-, 13 millions d'entre eux souffrent de pénurie alimentaire et 9,4 millions ont un accès réduit à l'eau. M. O'Brien avait averti il y a quelques jours que le pays était au bord de la famine.

Le plan d'urgence de l'Onu prévoit de secourir en priorité 11,7 millions de Yéménites les plus nécessiteux, a précisé le porte-parole. "Le système de santé menace de s'effondrer avec la fermeture de plus de 160 établissements de soins à cause de l'insécurité et du manque de carburants et de matériel", a-t-il souligné.

Le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon a réclamé en vain à de nombreuses reprises une trêve humanitaire dans les combats qui opposent depuis fin mars la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite et les rebelles houthis. L'Onu a demandé aussi que l'Arabie saoudite allège le blocus naval qu'elle impose aux ports yéménites afin de laisser davantage de navires commerciaux pour ravitailler le pays. Le Yémen dépend à 90% des importations pour son carburant et sa nourriture.

 

Aden sous les bombes
Cette mesure intervient alors que sur le terrain, au moins 31 personnes ont été tuées et une centaine blessées mercredi dans un bombardement mené par les rebelles chiites à Aden, deuxième ville du pays.

A la faveur des affrontements entre rebelles chiites houthis et forces pro-gouvernementales, des centaines de détenus, dont des condamnés à mort, ont par ailleurs pu s'échapper mardi de la prison centrale de Taëz, dans le sud-ouest du pays, selon des responsables loyalistes.

A Aden (sud), théâtre de combats incessants depuis plus de trois mois, les houthis ont tiré à l'aube une quinzaine de roquettes de type Katioucha sur le quartier résidentiel de Mansoura, a indiqué à l'AFP un porte-parole des forces pro-gouvernementales, Ali al-Ahmadi. Les premières roquettes se sont abattues sur une rue qui était animée peu avant le début quotidien du jeûne musulman du ramadan, a dit ce porte-parole.

Les rebelles ont ensuite bombardé par intermittence le même quartier, touchant notamment des personnes qui enterraient les victimes des premiers tirs, selon le porte-parole et des témoins. Le responsable du secteur de la santé à Aden a fait état d'au moins 31 morts et 103 blessés, transportés dans trois hôpitaux d'Aden.

 

(Lire aussi : Yémen : « Ce n'est pas vraiment une guerre par procuration, car les causes internes sont déterminantes »)


Un premier bilan, obtenu de sources médicales, avait estimé à moins 20 morts et 41 blessés le nombre de victimes de l'attaque. "De nombreux blessés sont dans un état grave. Certains ont eu les jambes sectionnées", avait déclaré l'une de ces sources.

Dans la nuit, des positions rebelles à Dar Saad et Khor Maksar, deux autres quartiers d'Aden, ont été visées par une série de raids aériens lancés par la coalition arabe, sous commandement saoudien, qui intervenait en soutien aux forces pro-gouvernementales, selon des habitants. Dans la province voisine de Lahj, 13 rebelles ont été tués lorsqu'un raid de la coalition a touché un bâtiment tenu par des Houthis et leurs alliés, des militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, a indiqué à l'AFP un responsable local.

 

(Lire aussi : Yémen : l'Onu face à l'intransigeance des deux camps)

 

Traque à Taëz
A Taëz, 21 rebelles et 9 combattants pro-gouvernementaux ont péri en 24 heures dans des combats, selon des sources locales et médicales. Dans cette ville, des partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi, en exil en Arabie saoudite, poursuivaient mercredi leur traque de quelque 1.200 détenus, libérés selon eux la veille par des rebelles au moment où ces derniers perdaient le contrôle de la prison centrale au profit des forces pro-gouvernementales.

Les rebelles ont ouvert les portes de la prison face à la progression des combattants loyalistes qui ont repris le site, a affirmé un responsable pro-gouvernemental. "Cinq à huit membres d'el-Qaëda figurent parmi les prisonniers" qui se sont enfuis, a déclaré mercredi à l'AFP une source militaire.

El-Qaëda dans la Péninsule arabique (Aqpa) avait attaqué début avril la prison centrale de Moukalla, dans le sud-est du Yémen, et libéré plus de 300 détenus, dont l'un de ses chefs, en profitant du chaos provoqué par le conflit dans le pays.

Les rebelles chiites houthis, soutenus par l'Iran, se sont emparés depuis juillet 2014 de vastes régions du Yémen. Le 26 mars, l'Arabie saoudite a pris la tête d'une coalition arabe pour empêcher ces insurgés de prendre le contrôle de tout le pays, voisin du riche royaume pétrolier. Un soldat saoudien, blessé par des tirs venus du Yémen, a succombé mardi, portant à au moins 46 le nombre des militaires et des civils tués depuis fin mars par des tirs à la frontière, selon la coalition.

 

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