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Liban - Interview

« L’UE intensifie sa coordination avec les États de la région contre le terrorisme »

Hugues Mingarelli, directeur exécutif des régions de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient au Service européen d'action extérieure, s'exprime dans une interview à « L'Orient-Le Jour » sur la crise des réfugiés au Liban et des migrants dans la région, ainsi que sur la lutte contre le terrorisme et les propositions arabes pour la révision de la Politique européenne de voisinage.

Hugues Mingarelli : « Le nombre de réfugiés est tellement important que l’aide internationale ne peut être à la hauteur, mais l’UE est cependant le plus grand pourvoyeur de fonds pour les pays affectés par la crise syrienne. »

Les conflits qui secouent la région, la montée du terrorisme et le flux de migrants qui en résulte provoquent de nombreux drames dans les pays en conflit, les pays limitrophes et en Méditerranée. Rencontré en marge du congrès sur la révision de la Politique européenne de voisinage, qui s'est tenu mercredi à Beyrouth, Hugues Mingarelli, directeur exécutif des régions de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient au Service européen d'action extérieure, s'exprime sur la politique de l'UE, notamment pour accroître la coordination en vue de la lutte contre contrer le terrorisme et contrer le trafic de migrants en mer.

« À l'égard de ce phénomène migratoire, l'UE adopte une approche globale, souligne M. Mingarelli. Cette approche consiste en premier lieu à sauver des vies en mer lorsqu'il y a péril. Elle prévoit également un dialogue avec les pays d'origine et les pays de transit*, et consiste à plancher sur les racines de ces migrations : la pauvreté et les guerres civiles qui affectent nombre de pays au Moyen-Orient et dans la Corne de l'Afrique. Il s'agit d'œuvrer avec nombre de ces pays pour organiser la migration régulière, de façon bénéfique pour toutes les parties prenantes. »
« Du fait des drames qui ont eu lieu ces derniers mois dans la Méditerranée, il a été jugé utile d'envisager des moyens pour enrayer l'activité des trafiquants, ajoute-t-il. Voilà pourquoi il a été décidé de mettre en place une force navale. » Le responsable européen précise que cette opération maritime vise à mieux comprendre comment les trafiquants s'organisent et à tenter de les empêcher d'exercer leurs activités délictueuses, mais aucune décision n'a encore été prise concernant d'éventuelles sanctions à leur encontre. « Tous les moyens appropriés seront toutefois utilisés », dit-il.

Par ailleurs, la crise des réfugiés syriens au Liban ne fait que s'amplifier, et les aides internationales sont souvent jugées insuffisantes par les responsables libanais. « Le nombre de réfugiés est tellement important que l'aide internationale n'est certainement pas à la hauteur de la crise, souligne-t-il. L'UE est cependant le principal pourvoyeur de fonds pour des pays comme le Liban et la Jordanie, les pays les plus affectés par la crise syrienne. Cette aide prend plusieurs formes : une aide humanitaire, une aide acheminée à travers les agences des Nations unies pour permettre aux réfugiés de bénéficier des services de base dans les zones où ils sont installés et, enfin, une assistance globale à l'État libanais pour faire face à cette tragédie. »


(Lire aussi : La révision de la Politique européenne de voisinage est passée par le Liban)

 

Un trust fund pour la Syrie et les pays qui subissent la crise
L'Europe pourrait-elle concevoir d'accueillir davantage de réfugiés syriens ? « En effet, c'est un sujet qui est en discussion au sein de l'UE, souligne M. Mingarelli. Vous savez aussi que la situation économique et sociale dans la plupart des pays de l'UE n'est pas facile. » Mais elle est encore plus difficile dans des pays comme le Liban... « C'est vrai, reconnaît-il. Mais je suppose que s'il n'y avait pas cette crise, les pays de l'UE auraient été plus ouverts à l'accueil de ces réfugiés. Toutefois, en dépit de ces difficultés, cette question fait l'objet d'un débat dont l'objectif est de déterminer comment l'UE peut s'organiser pour accueillir davantage de réfugiés. »
L'UE intervient aussi dans les pays qui sont le théâtre de conflits, comme la Syrie et la Libye. « La Commission européenne alloue des budgets considérables pour l'action humanitaire dans ces pays, affirme M. Mingarelli. Elle les met en œuvre sur place essentiellement par le biais d'ONG, mais quelquefois également à travers des agences des Nations unies. Ces fonds permettent d'assurer un minimum pour la survie de ces populations. Dans les autres domaines, nous intervenons de multiples façons : en finançant des projets précis ou à travers des agences de l'Onu. » Le responsable européen précise, qu'« il y aura bientôt un trust fund pour la Syrie et les pays qui subissent la crise syrienne, qui sera géré par l'UE ».
« En ce qui concerne la situation sur le terrain en Syrie, une solution politique nous semble indispensable pour mettre un terme à ce drame qui dure depuis quatre ans, poursuit-il. Pour cela, nous appuyons totalement les efforts de l'envoyé spécial des Nations unies Staffan de Mistura, en espérant que les négociations seront relancées dans ce pays le plus tôt possible. Il faut convaincre certains éléments du régime et certains éléments de l'opposition de former un gouvernement de transition qui, progressivement, permettra à la Syrie de sortir de ce cauchemar. »

Échange d'informations pour lutter contre le terrorisme
Au cours du congrès sur la révision de la Politique européenne de voisinage, un document arabe conjoint comprenant des propositions pour la révision de la politique de voisinage a été présenté, mercredi, au commissaire chargé de la PEV et des négociations d'élargissement, Johannes Hahn. Quelles idées pourraient en être retenues? « Les propositions qui ont été faites sont utiles, estime M. Mingarelli. Ce document arabe met en exergue un certain nombre d'éléments que nous discutons avec nos partenaires arabes depuis plusieurs mois déjà. Ils souhaitent tout d'abord qu'à travers la PEV, une relation plus équilibrée s'établisse entre l'UE et les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Ils expriment une volonté de ne plus être soumis à tant de conditionnalité (dans les échanges). Ils désirent également qu'on tienne compte des spécificités de chaque pays partenaire. Des efforts seront déployés pour différencier davantage l'offre européenne en fonction des besoins et des aspirations de chaque pays partenaire. Beaucoup ont expliqué qu'il fallait accorder plus de place aux actions en faveur de la jeunesse, de la formation. Il a été dit finalement que l'UE doit être impliquée davantage dans la dimension sécuritaire. »
En matière de sécurité, précisément, comment développer la collaboration en vue d'une lutte plus efficace contre le terrorisme ? « L'UE fournit déjà des efforts considérables pour intensifier sa collaboration avec les États d'Afrique du Nord et du M-O dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, répond M. Mingarelli. Les ministres européens des Affaies étrangères ont donné mandat au Service européen d'action extérieure et à son chef Federica Mogherini pour intensifier la coordination avec ces États. Cela se traduit par des échanges d'informations, et par une collaboration de nos services de lutte antiterroriste et des services des pays partenaires. »

*Ces dialogues s'inscrivent notamment, selon le responsable européen, dans le cadre des processus de Rabat (NDLR : un cadre de dialogue et de consultation lancé dans la capitale marocaine en 2006, au sein duquel sont mises en œuvre des initiatives concrètes et opérationnelles pour répondre aux défis des crises humanitaires et des flux de migrants) et de Khartoum (NDLR : une déclaration de la conférence ministérielle tenue dans la capitale soudanaise, dans le cadre de la coopération régionale entre l'Union africaine et l'UE, pour des mesures concrètes en vue d'améliorer la gestion de la migration légale et de lutter contre la migration illégale).

 

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