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Liban - Otages de l’EI

Les familles des soldats bloquent l’autoroute Tripoli-Beyrouth et menacent d’escalade

Soutenus par les proches des militaires détenus par le Front al-Nosra, les parents mettent en garde les autorités, qu'elles invitent à traiter le dossier activement et de manière transparente.

Le soldat Abdelrahim Diab, célibataire, originaire de la Békaa-Ouest, apparaît dans une vidéo aux côtés du soldat décapité Ali Sayyed, annonçant sa défection présumée de l’armée. Photos et légendes Mathieu Karam

Dans une mise en garde aux autorités et menaçant d'escalade, les familles des neuf militaires de l'armée libanaise otages du groupe État islamique (EI) ont bloqué hier l'autoroute de Tripoli-Beyrouth dans les deux sens à la hauteur du village du Qalamoun, au sud du chef-lieu du Liban-Nord.
Le sit-in a débuté à 16 heures à l'initiative du père de l'otage Ibrahim Mghayt, contraignant les forces de l'ordre à dévier la circulation. Il s'est poursuivi jusqu'à 20h30. Il survient après la publication, à plusieurs reprises, de rumeurs sur la libération prochaine des otages aux mains des deux groupuscules islamistes, le front al-Nosra et l'EI.
« Notre mouvement est une mise en garde de la part des familles des militaires otages de l'EI aux autorités responsables du dossier », explique à L'Orient-Le Jour Hussein Youssef, père du soldat otage Mohammad Youssef. « Car depuis plus de six mois, nous n'avons pas la moindre nouvelle de nos jeunes qui sont entre les mains de ce groupe. C'est le silence total. Nous ne savons pas s'ils sont en vie et où ils sont retenus. Nous n'avons pas pu leur rendre visite, contrairement aux familles des otages détenus par al-Nosra », déplore-t-il, persuadé que les négociations sont plus aisées avec le Front al-Nosra.
Notons que les neuf soldats otages retenus par l'EI sont Abdelrahim Diab, Hussein Mahmoud Ammar, Ibrahim Samir Mghayt, Khaled Mokbel Hassan, Mohammad Hussein Youssef, Seïf Zebiane, Moustapha Wehbé, Ali Zayd el-Masri et Ali el-Hajj Hassan.

 

(Lire aussi : Pour Hussein Youssef, père d'un militaire otage de l'EI, la vie est devenue « un enfer sur terre »)

 

Des rumeurs et le silence des autorités
Le plus dur pour ces familles est le silence des autorités et plus particulièrement des responsables du dossier sur « le bien-fondé des rumeurs de libération ». Des rumeurs auxquelles elles « s'accrochent ferme », car elles leur redonnent un brin d'espoir. La dernière rencontre avec le général Abbas Ibrahim, directeur général de la Sûreté générale et chargé du dossier, « remonte à un mois environ ». « Depuis, plus rien, déplore M. Youssef. Personne n'a confirmé ou infirmé. » Même la rencontre qui remonte à un peu plus d'une semaine avec le général Mohammad Kheir « n'a rien donné », constate-t-il. « Les autorités se contentent de nous dire que les otages sont en vie, qu'ils sont retenus quelque part et qu'elles poursuivent les négociations. Elles refusent d'en dire plus, de nous donner des preuves de vie et nous ordonnent la discrétion », dit-il.
M. Youssef est inquiet pour son fils. « Il n'y a rien de rassurant », note-t-il, implorant « Dieu pour qu'il soit en vie ». Se sentant lâchées par les autorités, « les familles des soldats otages espèrent ne pas devoir recourir à l'escalade. L'État doit assumer ses responsabilités de manière transparente et se solidariser avec les militaires otages », martèle ce père qui refuse de baisser les bras.

Si les familles des militaires otages d'al-Nosra n'ont pas participé hier au sit-in sur l'autoroute de Tripoli-Beyrouth, « la coordination se poursuit » entre les familles des otages aux mains des deux groupes. « Chacun doit vaquer à ses occupations et travailler pour survivre, car personne ne nous porte assistance mis à part le courant du Futur. Mais nous sommes tous solidaires car il s'agit d'un seul et même dossier », assure Hussein Youssef. Des propos confirmés par Marie Khoury, sœur de l'otage aux mains d'al-Nosra, Georges Khoury, auquel la mère et l'épouse ont pu rendre visite, il y a une semaine, dans le jurd de Ersal.
« Nous n'étions pas physiquement dans la rue, hier, mais nous nous soutenons mutuellement et serons à leurs côtés, à Beyrouth, en cas d'escalade. Car il est grand temps de faire bouger les choses, dit-elle. Ils jouent avec nos nerfs, et nous sommes à bout de nerfs. » Les familles des otages sont toutes convaincues qu'aucune négociation n'est en cours, les responsables du dossier refusant de répondre à leurs appels depuis plusieurs jours.

 

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