Al-Nosra rejette la médiation Ibrahim et demande « un négociateur sérieux »

Une fois de plus, des informations font état d'une visite effectuée par la famille de l'un des militaires otages des jihadistes dans le jurd de Ersal. Il s'agissait cette fois-ci de la famille du sergent dans l'armée Georges Khoury, aux mains du Front al-Nosra. L'émir d'al-Nosra dans le Qalamoun syrien, Abou Malek el-Tallé, a participé à la réunion, ainsi que l'ont confirmé à L'Orient-Le Jour la famille et le cheikh salafiste Moustapha Hojeiri, alias Abou Takiyé, qui les a accompagnés dans le jurd.

Les otages militaires ont été enlevés lors de la bataille de Ersal, en août 2014, par les groupes jihadistes qui avaient affronté l'armée. Vingt-cinq otages demeurent aux mains d'al-Nosra et du groupe État islamique (EI). Il y a deux semaines environ, la libération des otages d'al-Nosra semblait imminente. L'optimisme est retombé depuis.

La visite de la famille Khoury à son fils semble confirmer ce pronostic pessimiste. Nabiha Khoury, mère de Georges, nous informe qu'Abou Malek el-Tallé a nié qu'il y ait une quelconque perspective de libération imminente des otages, dirigeant sa colère contre le principal négociateur de l'État libanais dans cette affaire, le général Abbas Ibrahim, directeur de la Sûreté générale. « Abou Malek el-Tallé a affirmé que le général Ibrahim ne mène pas une véritable médiation et a réclamé la nomination de ce qu'il a appelé un négociateur sérieux », a-t-elle ajouté. Nabiha Khoury a trouvé son fils globalement calme et en bonne santé, mais amaigri. « Après tout, il reste otage entre les mains de ses ravisseurs », dit-elle. La famille Khoury n'a vu aucun autre otage sur les lieux.

(Lire aussi : « Le but est de faire de Ersal l'étincelle de projets de discorde ou de partition », s'inquiète le bloc du Futur)


Le cheikh Moustapha Houjeiri, réputé proche des jihadistes, qui tente de jouer le rôle d'intermédiaire entre ces derniers et les familles des militaires détenus, a accompagné la famille au jurd comme il l'a fait en d'autres occasions. Il rapporte plus en détail les propos de l'« émir » d'al-Nosra. « Il nous a dit que les négociations n'avancent pas, mais qu'il refuse d'y mettre un terme pour autant », nous dit-il. « Ce n'est pas la première fois qu'al-Nosra se plaint de la prestation du général Ibrahim », ajoute-t-il. Selon ce groupe, « il ferait volontairement en sorte de faire échouer les négociations, conformément à des directives du Hezbollah qui n'a pas intérêt à clore ce dossier ». Il a refusé de s'étendre davantage sur la raison pour laquelle le Hezbollah aurait intérêt à garder cette question en suspens, selon lui.

(Lire aussi : Basbous : Le Liban ne va pas bien...)

Hors de Ersal
L'émir d'al-Nosra a assuré par la même occasion qu'il n'avait aucune intention d'entrer dans Ersal. Ses déclarations surviennent alors que des rumeurs faisaient état de sa fuite du jurd de Ersal vers la bourgade, après un assaut donné lundi par des combattants du Hezbollah à une grotte dans laquelle il était installé.
Selon cheikh Hojeiri, Abou Malek el-Tallé avait un autre message à transmettre : que son groupe ne compte pas entrer dans Ersal et refuse catégoriquement d'y provoquer des conflits armés. « Il faut savoir que les médias de la "moumanaa" (l'axe irano-syrien) nous bombardent de rumeurs, dit-il. Ils affirmaient récemment qu'Abou Malek el-Tallé fait ses prières dans une mosquée de Ersal. Hier (dimanche), alors même que j'étais en compagnie des parents de Georges Khoury dans le jurd, la chaîne al-Manar (télévision du Hezbollah) clamait que l'émir d'al-Nosra était chez moi. Comment serait-il chez moi, d'après vous ? » s'est-il interrogé.

Cheikh Hojeiri s'est dit « d'autant plus rassuré par les affirmations d'al-Nosra ». « D'ailleurs, nous nous sentons en sécurité actuellement à Ersal, poursuit-il. Nous sommes entourés de 6 000 soldats, comment les combattants d'al-Nosra pourraient-ils entrer en si grand nombre dans le village ? »

Pour mémoire
Nasrallah invite les parties politiques à traiter les dossiers internes « avec sérieux »

La bataille du jurd de Ersal pour protéger les arrières du Hezbollah, le décryptage de Scarlett Haddad

Conseil des ministres : une déclaration alambiquée, qui laisse le problème entier