Un tribunal sud-africain a interdit dimanche au président soudanais Omar el-Béchir de quitter le pays tant que la justice n'aura pas statué sur une demande d'arrestation formulée par la Cour pénale internationale.
M. Béchir participe au sommet de l'Union africaine à Johannesburg, une réunion que devaient dominer les questions du Burundi et de l'immigration. Le jugement stipule que les autorités sud-africaines "doivent empêcher le président Omar el-Béchir de quitter le pays jusqu'à ce qu'une décision soit rendue par cette Cour". L'affaire devait être examinée en urgence dimanche après-midi.
Deux mandats ont été lancés par la CPI contre M. Béchir en 2009 pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité et en 2010 pour génocide, les deux en relation avec le Darfour, région de l'ouest en proie aux violences depuis 2003. Plus de 300.000 personnes sont mortes dans ce conflit selon l'ONU.
Dans une décision rendue publique dimanche, la CPI indique avoir rappelé le 28 mai à l'Afrique du Sud son obligation statutaire, en tant qu'Etat membre de la Cour, d'arrêter et de lui remettre Omar el-Béchir si celui-ci se rendait sur son territoire.
Selon le document, l'ambassadeur d'Afrique du Sud aux Pays-Bas a rétorqué vendredi à la CPI, qui siège à La Haye, que son pays se trouvait face à des "obligations concurrentes" et que la loi "manque de clarté". Pour la CPI cependant, "il n'existe aucune ambiguïté ou incertitude quant à l'obligation incombant à la République d'Afrique du Sud d'arrêter et de remettre immédiatement Omar el-Béchir à la Cour". Le président Béchir, 71 ans, au pouvoir depuis un coup d'Etat en 1989 et réélu en avril avec 94% des voix pour un nouveau mandat de cinq ans, a depuis 2009 considérablement limité ses déplacements à l'étranger, privilégiant les pays n'ayant pas rejoint la CPI.
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Burundi et immigration
Le sommet proprement dit devrait cependant être dominé par la crise au Burundi et la question des migrants. Les autres dossiers chauds du continent étant les mouvements islamistes armés qui menacent les États depuis l'ouest du Sahara jusqu'au Kenya, et la guerre civile au Soudan du Sud.
Samedi, la présidente de la Commission de l'Union africaine (UA) Nkosazana Dlamini-Zuma, a exhorté les parties en conflit au Burundi à renouer le dialogue pour mettre fin à la crise qui secoue le pays depuis la fin avril. "Nous voudrions encourager toutes les parties à s'engager dans un dialogue constructif, où l'intérêt du pays et de ses habitants, le bien-être et la vie des gens, la stabilité et la paix sont placés au-dessus de tout le reste", a-t-elle déclaré.
A l'approche des législatives du 29 juin et de la présidentielle du 15 juillet, le Burundi reste sous haute tension, après un mois et demi de contestation née de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat après dix ans de pouvoir. Le 26 avril, l'opposition, qui juge cette candidature anticonstitutionnelle, a lancé un large mouvement de contestation. Les troubles ont fait une quarantaine de morts et poussé plus de 100.000 Burundais à fuir vers les pays voisins. Le président Pierre Nkurunziza ne devrait pas être présent au sommet de Johannesburg.
Les chefs d'Etat devaient entamer leurs travaux dimanche matin par une session à huis clos consacrée aux questions de l'immigration et de la xénophobie. L'Afrique du Sud, hôte du sommet organisé dans le luxueux centre des affaires de Sandton à Johannesburg, s'est tristement illustrée en avril avec une nouvelle vague de violences xénophobes dirigées contre les ressortissants africains. Au moins sept personnes ont été tuées, mettant dans l'embarras le pays de Nelson Mandela, qui se veut officiellement une terre d'accueil pour les réfugiés du monde entier.
A l'autre extrémité du continent, 1.800 personnes se sont noyées en Méditerranée depuis le début de l'année en tentant la traversée sur des embarcations surchargées, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
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