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Économie - Liban - Économie numérique

Une quarantaine de start-up libanaises espèrent décrocher leur billet pour Londres

Le programme libano-britannique d'accélération de sociétés technologiques a annoncé, hier, avoir sélectionné quarante-cinq candidats pour ses sessions de mentorat intensif à Beyrouth. Au terme de cette première phase de quatre mois, quinze d'entre-elles pourront continuer à peaufiner leur stratégie de développement depuis l'antenne londonienne du programme.

Les 45 bénéficiaires ont été sélectionnés parmi 141 candidats au terme d’un processus d’un mois.

Alors que la diplomatie économique règne désormais en maître dans les discours des chancelleries – libanaise in primis – et que le numérique ne cesse d'être promu comme la nouvelle frontière du développement économique, la dernière initiative de l'ambassade britannique résonne comme un magistral coup de communication. Célébrant, mercredi, l'anniversaire de la reine Elizabeth II au Music Hall du Biel, l'ambassadeur Tom Fletcher avait les bras chargés de cadeaux... mais ils étaient destinés à des sociétés technologiques. Quelque 45 d'entres elles ont ainsi été officiellement sélectionnées pour participer à la première phase du programme de mentorat du UK Lebanon Tech Hub (UKLTH).

 

Croissance internationale
Élues parmi 141 candidats, elles bénéficieront d'un programme de mentorat au Beirut Digital District pour les aider à concevoir un plan de croissance à l'international. « Les candidats ont été sélectionnés en fonction de leur capacité à s'internationaliser et de quotas permettant de diversifier le profil des entreprises. Nous souhaitons que chacun puisse bénéficier d'une aide personnalisée selon ses moyens », précise à L'Orient-Le Jour Lama Zaher, chargée de la communication du programme. Au terme de cette étape libanaise de quatre mois, 15 sociétés seront sélectionnées pour une deuxième phase de six mois pendant laquelle elles devront mettre en œuvre leur projet, principalement depuis les bureaux londoniens du UKLTH. « A priori, c'est une véritable opportunité d'apprendre et de nouer des liens avec des professionnels de tous horizons, voire d'attirer des investisseurs britanniques dans ma société », témoigne l'un des bénéficiaires sous le couvert de l'anonymat.
Lancé en janvier dernier par l'ambassade britannique et la Banque du Liban (BDL), l'UKLTH s'inscrit dans le cadre de l'implémentation de la circulaire 331 de la BDL, qui vise à développer l'économie de la connaissance libanaise en permettant aux banques d'entrer au capital de sociétés du secteur, tout en garantissant à 75 % les montants investis. Consciente que cette manne potentielle ne suffirait sans doute qu'à régler les difficultés chroniques de financement du secteur, la Banque centrale a également encouragé la prolifération d'initiatives à même de favoriser l'émergence d'un véritable écosystème régional. Dans cette optique, elle consent notamment à assumer intégralement le financement de « bootcamps » ou d'accélérateurs, sous réserve qu'ils répondent aux critères de sa circulaire. Une occasion saisie au vol par le gouvernement britannique qui a initié l'UKLTH et en a confié la gestion au cabinet londonien PA Consulting. Délesté de ses frais de fonctionnement (non communiqués), l'UKLTH peut ainsi se distinguer des autres accélérateurs en « offrant des services entièrement gratuits, sans aucune prise de participation dans les sociétés bénéficiaires », selon les termes de Lama Zaher.

 

« Bâtir des ponts »
Et l'opération séduction ne s'arrête pas là. Outre ce programme d'accélération binational, le « hub » propose également d'autres services, répartis sur quatre piliers. « Nous organiserons des sessions trimestrielles de construction de capacités, ouvertes à tous les acteurs de l'écosystème selon le principe du "premier arrivé, premier servi". Il servira également de plate-forme de connexion entre des entreprises internationales et des techniciens locaux, devra bâtir des ponts entre différentes institutions locales et la diaspora, et fera la promotion de l'économie libanaise de la connaissance à l'étranger », ajoute Lama Zaher.


Vaste programme, qui pourrait toutefois se heurter à quelques difficultés. D'abord en ce qui concerne son ambition d'attirer des entreprises étrangères au Liban – sur les 45 bénéficiaires, six ne sont pas basées au Liban mais appartiennent presque toutes à des émigrés –, tout en les incitant à se développer depuis Londres. Or, si elles lorgnent bien sur les capitaux, financiers ou relationnels, européens, la quasi-totalité des start-up libanaises ciblent surtout le marché régional, où elles ont un avantage comparatif évident. Ensuite, tandis que généralement les accélérateurs diversifient au maximum leur portefeuille pour maximiser le potentiel de croissance de leurs poulains, l'UKLTH n'a par exemple pas hésité à sélectionner des sociétés en concurrence directe, telles que les plates-formes de billetterie en ligne Ihjoz et Presella. Enfin, la structure devra apporter une réelle valeur ajoutée à des bénéficiaires aux profils volontairement très différents. Moins d'un tiers des sociétés sélectionnées sont des jeunes pousses, tandis que plus de la moitié d'entre elles sont en phase de croissance avancée, voire constituent déjà, à l'instar de la plate-forme de « streaming » musical Anghami, des poids lourds régionaux ayant levé des millions de dollars. « Comment les sessions de mentorat vont pouvoir s'adapter aux besoins de chacun ? » s'interroge dès lors l'entrepreneur précité. Autant de questions qui trouveront peut-être des éléments de réponse aujourd'hui, avec le début des sessions de mentorat.

 

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