Martine, 26 ans, et Ali, 4 ans : deux routes différentes, un même rendez-vous avec la mort

Le nouveau code de la route appliqué depuis fin avril n'a pas pu sauver Martine Daher, jeune réalisatrice de 26 ans, bien qu'il ait déjà sauvé plusieurs dizaines de jeunes, selon une source des Forces de sécurité intérieure (FSI), qui fait état d'une baisse du taux des accidentés de la route.
Derrière son volant, la jeune femme n'a pu entrevoir le danger bien réel qui la guettait. Elle était fraîchement arrivée de France et rentrait d'une soirée avec des amis toujours sous le choc de sa disparition. Martine roulait pourtant à une allure modérée, indique la même source policière. Probablement trop fatiguée par un rythme de travail infernal derrière sa caméra, elle a dû s'assoupir, selon les premiers éléments de l'enquête, et n'a pu résister au choc de sa voiture contre un muret de l'autoroute, d'autant plus que, également selon les premières conclusions, elle n'avait pas sa ceinture. Il n'y a pas longtemps, le monde du showbiz pleurait Issam Breidy, jeune acteur qui s'est tué sur la voie publique à Dora au petit matin.
Martine quitte des parents éplorés, en colère et drapés dans leur dignité selon des proches de la famille. Une mère avocate qui connaît par cœur ses textes de loi et un père juge, tous deux foudroyés par l'injustice du sort.

Un autre père a fait ses adieux à son fils. Ali, âgé de quatre ans, est décédé dimanche dans un accident de la route pourtant banal. Son père avait eu l'imprudence de le porter sur ses genoux alors qu'il était au volant. Une mort si absurde facilitée par un comportement formellement interdit par le nouveau code de la route : l'installation des enfants de moins de dix ans sur le siège du passager avant est interdite, même avec la ceinture attachée, sous peine d'amende. Des amendes qui font l'objet de protestations populaires depuis leur mise en œuvre.

« Toutes les amendes du monde ne ramèneront pas Martine et Ali, il est temps que les Libanais changent de mentalité et qu'ils donnent la priorité à leur propre sécurité au lieu de penser aux sommes des amendes qu'ils ne verseront pas s'ils n'enfreignent pas la loi dont le seul objectif est de protéger leurs vies si précieuses », souligne le responsable des FSI avec amertume.

Ziad Akl, fondateur de la Yasa, l'association pour la prévention routière, est catégorique : les accidents de la route ne diminueront pas tant que la loi ne sera pas appliquée strictement et que les conducteurs ne seront pas contraints de respecter le code de la route comme tout autre texte de loi rigoureusement appliqué par des policiers spécialisés exclusivement dans la sécurité routière.
« Il est encore prématuré de crier victoire concernant l'application du nouveau code de la route malgré une bonne volonté évidente de la part des FSI à vouloir appliquer le nouveau texte de loi. Les chiffres ne sont pas représentatifs car il ne s'est écoulé que deux mois depuis le début de la campagne de sensibilisation. »

Pour mémoire
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