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Moyen Orient et Monde - Partenariat oriental

Bruxelles, Erevan, Bakou, Tbilissi, Kiev, Chisinau et Minsk sous l’œil de Moscou

Les dirigeants de l'UE et ceux de six pays d'Europe de l'Est se réunissent à partir d'aujourd'hui à Riga pour discuter coopération.

Le sommet consacré aujourd'hui et demain au partenariat oriental de l'Union européenne s'inscrit plus que jamais dans une atmosphère tendue en Europe. Réunis à Riga, en Lettonie, les dirigeants de l'Union européenne (UE) et ceux des six pays concernés par ce partenariat (Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, la République de Moldavie et l'Ukraine) auront sans doute à l'esprit le dernier sommet, qui s'est déroulé à Vilnius le 28 novembre 2013.


Quelques jours à peine avant la tenue du sommet, le président ukrainien en exercice Viktor Ianoukovitch, sous la pression de Moscou, avait renoncé à s'associer à l'UE dans le cadre de ce partenariat. Et ce alors que la signature concrétisant cette association, grand moment de la rencontre, était quasi acquise. Très vite, la volte-face du président Ianoukovitch marque le début de manifestations proeuropéennes sans précédent à Kiev – rassemblant à certaines occasions jusqu'à 500 000 personnes –, notamment place de l'Indépendance (Maidan), organisées principalement par la société civile et des mouvements estudiantins. Au fil des semaines puis des mois, des affrontements éclatent entre les contestataires et les forces de l'ordre, faisant des dizaines de morts. En février, sous la pression de la rue, Viktor Ianoukovitch fuit le pays pour la Russie, avant d'être destitué et remplacé par le président de la Rada (Parlement ukrainien), Oleksandr Tourtchinov, qui assure l'intérim, puis par Petro Porochenko (élu en 2014).


Parallèlement, des manifestations prorusses éclatent dans le reste du pays, notamment dans l'Est et le Sud ; des troupes russes sont rapidement déployées dans la presqu'île de Crimée, stratégique pour Moscou et qui sera rattachée en mars 2014 à la Russie suite à un référendum très controversé, et rejeté par l'Ukraine et la majorité de la communauté internationale. Depuis, la guerre dans l'Est en grande partie séparatiste et prorusse a fait plus de six mille morts.

 

Moscou sera épargné
C'est dans ce contexte aux relents de guerre froide que se tient le sommet de Riga. Il est certain qu'au vu des événements qui ont suivi en Ukraine le sommet de Vilnius, Moscou gardera un œil sur la rencontre de Riga. « Nous ne souhaitons qu'une chose, que ces relations ne soient pas construites au détriment des intérêts légitimes de la Fédération de Russie », a ainsi affirmé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov mardi à Bruxelles.
Les Européens sont conscients du caractère sensible de l'opération, eux qui ont réduit l'organisation du sommet au strict minimum, à savoir un dîner aujourd'hui et une matinée de discussions demain, et soulignent que le sommet ne devrait pas se transformer en procès d'intention. Apparemment, la consigne circulant parmi les dirigeants européens consisterait à ne pas s'opposer ouvertement à la Russie.
Moscou devrait dès lors être relativement épargné par les critiques lors de ce sommet. C'est en tout cas ce qu'a laissé entendre le ministre letton des Affaires étrangères Edgar Rinkevics, il y a quelques mois, sur son compte Twitter : « Moscou considère le sommet du partenariat oriental à Riga comme un forum dirigé contre la Russie. C'est absolument faux. Il est temps de renoncer à cette mentalité obsolète. » Pourtant, il est essentiel de replacer la création, en 2009, de ce partenariat dans son contexte géopolitique. « La guerre russo-géorgienne de l'été 2008 est un élément moteur pour les pays membres de l'UE de l'Est dans leur décision de porter une telle initiative. Ce partenariat s'inscrit dans la lutte d'influence qui s'exerce entre l'UE et la Russie à l'égard des pays situés à l'est de l'UE et que la Russie souhaiterait garder dans sa sphère d'influence », rappelle Robert Chaouad, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris, Paris).


Pour l'instant, il s'agit pour l'UE de consolider les accords de coopération déjà signés avec la Moldavie, la Géorgie et l'Ukraine, le 27 juin 2014. Les trois autres États concernés ont, de leur côté, considérablement ralenti le processus depuis le début de la crise ukrainienne, même si les projets de coopération entamés avec l'UE battent toujours leur plein. Plus encore, l'Arménie et la Biélorussie se sont jointes au projet d'Union économique eurasiatique de Moscou, fondée en mai 2014.
Six ans après sa création, le partenariat oriental n'est pas pour autant un projet moribond. Différents plans d'aide ont été mis en place, variant selon les besoins de chaque pays. Divers secteurs sont concernés par les accords, de l'administration publique à l'agriculture et la justice, en passant par le développement rural, la société civile et les droits de l'homme. « Parmi les États concernés, la Moldavie fait partie des pays dans lesquels les réformes demandées par la Commission européenne ont le plus avancé. Au point que la Commission a envisagé en novembre 2013 une mesure visant à supprimer l'obligation de visa pour les citoyens moldaves souhaitant voyager dans l'UE », explique M. Chaouad. « Ces quelques exemples montrent que le partenariat oriental existe de manière concrète, même si les résultats de telles coopérations sont rarement visibles », ajoute le chercheur.

 

Qu'est-ce que le partenariat oriental ?

« Le partenariat oriental est un projet de coopération qui réunit l'Union européenne (UE) et des pays d'Europe orientale. Lors du lancement du partenariat, en mai 2009, dans le cadre du sommet de Prague, six pays d'Europe orientale étaient concernés : l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Géorgie, la République de Moldavie et l'Ukraine. Ce projet, qui s'inscrit dans la Politique européenne de voisinage de l'UE (PEV – créée en mars 2001), a notamment été porté par la Pologne et la Suède, qui souhaitaient voir se développer une politique plus cohérente à l'Est », détaille Robert Chaouad, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris, Paris).

Objectifs
Divers objectifs devaient être atteints par l'UE et les six pays en question, notamment « consolider un espace de stabilité politique et de sécurité, ainsi qu'une zone de croissance économique aux portes de l'UE », souligne le chercheur.
Les trois volets principaux abordés par le partenariat sont : « Un volet économique (la préparation d'accords de libre-échange, la coopération dans différents secteurs, comme l'énergie), un volet politico-juridique avec la consolidation de l'État de droit, des institutions démocratiques et de la société civile, et un volet relatif à la circulation des personnes. »


 

Le sommet consacré aujourd'hui et demain au partenariat oriental de l'Union européenne s'inscrit plus que jamais dans une atmosphère tendue en Europe. Réunis à Riga, en Lettonie, les dirigeants de l'Union européenne (UE) et ceux des six pays concernés par ce partenariat (Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, la République de Moldavie et l'Ukraine) auront sans doute à l'esprit...

commentaires (2)

SOUS L'OEIL... OU... DANS L'OEIL ???

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 48, le 21 mai 2015

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Commentaires (2)

  • SOUS L'OEIL... OU... DANS L'OEIL ???

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 48, le 21 mai 2015

  • "Un contexte aux relents de guerre froide" anachronique qui n'a plus aucune raison d'être ni pour Moscou ni pour les Occidentaux. Il y a aujourd'hui d'autres problèmes qui concernent hautement l'Europe occidentale, la Russie, l'Europe orientale et le monde. Il faut chercher un contexte de coopération plus ample, plus intelligent, et plus efficace.

    Halim Abou Chacra

    04 h 46, le 21 mai 2015

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