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Lifestyle - Festival de Cannes

Il ne s’agit pas d’inceste, mais d’amour impossible, d’amour éternel...

« Marguerite et Julien », réalisé par Valérie Donzelli et coécrit avec Jérémie Elkaïm, n'est pas une légende, ni même une fiction, mais une vraie histoire d'amour interdit entre un frère et une sœur. Cela s'est passé au XVIIe siècle. Le couple a réadapté l'histoire et l'a réactualisée.

Loic Venance/AFP

C'est un hymne au romanesque, au lyrisme, au couple et à la liberté. Une idée qui naît et germe un jour dans l'esprit de la réalisatrice de La guerre est déclarée et qui suit ensuite calmement son cours.
Tout commence par ce scénario écrit par Jean Gruault pour François Truffaut, lequel l'abandonnera par la suite, et qui raconte l'histoire d'amour entre Julien et Marguerite de Ravalet qui s'aimaient d'un amour fou et ont fini décapités en 1603. Valérie Donzelli tombe alors sur le roman et décide d'en faire son film : « Je voulais même en faire une comédie musicale et me détacher du scénario de Gruault. » Pour Jérémie Elkaïm, « quand Valérie prend une décision, elle fonce droit devant. Il faut essayer de la suivre dans sa folie, mais aussi dans son esprit méthodique ».
Le sujet central du film « n'est pas l'inceste », explique Valérie Donzelli, mais l'amour impossible, éternel, qui peut frapper à toute époque. L'histoire des enfants du seigneur de Tourlaville n'est donc qu'un outil pour parler des « amours interdites ».

 

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Le vrai qui se déforme
Anaïs Demoustier, qui interprète le rôle de Marguerite et qui donne la réplique à Jérémie Elkaïm, avoue avoir eu beaucoup de plaisir à travailler avec le tandem Donzelli/Elkaïm : « Ils ne se ressemblent pas, mais sont tellement complémentaires, et il était intéressant de les voir penser le film à deux. » Une réalisation en miroir avec deux artistes fusionnels, mais néanmoins tellement dissociables l'un de l'autre.
Le film, avec ses châteaux, ses chevaux au galop, mais également ses hélicoptères, ses voitures et ses micros, est un véritable ovni cinématographique qui a créé la surprise sur la Croisette. Des anachronismes parsemés par-ci, par-là interloquent le spectateur. « Cela est bien volontaire, dira Elkaïm. Nous n'avons pas voulu faire un film d'époque, ni reconstituer l'histoire ou traduire un fait social, mais se soumettre au désir formel et esthétique de Valérie. C'est un film non d'époque, mais de l'époque. Incarner la vérité avec le faux, tel était son désir. » Et la cinéaste de répondre : « Le concept a en fait commencé par un postulat de Jean Cocteau qui disait : "L'histoire est du vrai qui se déforme, la légende du faux qui s'incarne" ».
Si le passé et le présent s'enchevêtrent, il y a par ailleurs du côté de la forme un mélange de pellicule et de vidéo « pour donner un plus beau grain à l'image ».
Le film de Valérie Donzelli, tout comme celui de Maïwenn, Mon Roi, a partagé les festivaliers, voire laissé froid le public, notamment par son côté kitsch bancal. Il faut se rappeler qu'en 2006, une certaine Sofia Coppola a été huée pour son Marie-Antoinette pour les mêmes raisons...
Peut-être faudrait-il alors laisser le temps au temps... Surtout qu'un tel amour, nécessairement, reste hors du temps.

 

Elle et lui

L'Orient-Le Jour a interrogé les scénaristes/acteurs/réalisateurs Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm sur la manière de travailler ensemble.
Elle : Jérémie m'a autorisée à faire du cinéma. C'est un équilibre un peu parfait entre nous. J'ai confiance en son regard, en son intelligence. C'est comme mon bluetooth.
Lui : Je ne lui autorise ni lui interdit quoi que ce soit. Mais j'ai cru en elle et j'ai tout de suite perçu qu'elle devait être derrière une caméra. D'abord, j'ai pensé qu'elle cuisinait très bien. Avec quelques ingrédients, elle pouvait mijoter un excellent plat. Et au risque que la comparaison soit cavalière, j'ai pensé que le cinéma était comme une recette. Par ailleurs, alors qu'elle se rêve comme une absolue obéissante, la voilà qui désobéit. Parfois, je sens que j'accompagne quelqu'un qui cherche toujours à dire quelque chose, mais qui a un bégaiement, et finalement, c'est ce même bégaiement qui fait l'intérêt de ses films. Parce qu'il la rend si particulière.

 

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