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Nos Lecteurs ont la Parole - Mounir EL-KHOURY (UL)

Heureux anniversaire à Mgr Sfeir, le père de la deuxième République

« Le peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière ; et sur ceux qui étaient assis dans la région et dans l'ombre de la mort,
une lumière s'est levée. »
(Matthieu)

Le 15 mai 2015, le patriarche Sfeir a eu quatre-vingt-quinze ans. Nous lui souhaitons, comme le veut la tradition libanaise, une longue vie et une excellente santé. Nous lui savons aussi gré pour sa lutte infatigable pour la liberté, la souveraineté et l'intégrité du Liban. Les vœux vont aussi pour qu'en 2020, il célèbre son centième anniversaire qui coïncidera avec la déclaration de l'État du Grand Liban. Nous espérons, à la manière du patriarche Hoayek, en 1920, qu'il parrainera, en 2020, les festivités de la République libanaise.
Mgr Nasrallah Boutros Sfeir, personnage emblématique de la plus haute autorité religieuse maronite libanaise, a su représenter la figure symbolique d'un homme sage, par ses différentes attitudes au fil des années. En période de crises, il manifeste une juste connaissance des choses. Son attitude est dictée par une raison qui fuit tout extrémisme. Parfait dans son jugement, il se révèle avisé, sensé dans sa conduite, réfléchi, modéré dans ses réflexions, mais spécialement raisonnable, convaincant et catégorique en matières d'indépendance, de liberté, de souveraineté et notamment de dignité nationales. Sa sagesse, sa prudence laissent transparaître clairement ce qu'il semble dire : Savez-vous à qui appartiendra la victoire ? Au plus sage ! Et aussi, comme s'il faisait écho au regretté pape saint Jean-Paul II : « Les anciens sages, dont Socrate est le modèle, vivaient à peu près comme des saints, sans espérer beaucoup des dieux. »
Mgr Nasrallah Boutros Sfeir, actuellement patriarche émérite, tout au long de son exercice à Bkerké, a paru avoir l'assurance, la certitude, la confiance, la conviction, la croyance et l'espoir que le Liban renaîtra de ses cendres. Dans toutes ses homélies, il prêchait espoir et justice. Parce qu'on ne peut trouver une paix durable sans justice. En effet, « le fruit de la justice, dans la paix, est semé pour ceux qui procurent la paix ». La justice sans la paix écrase, la paix sans la justice étouffe. Son Éminence a poussé les croyants, dans les moments les plus difficiles de notre pays, à garder espoir, notamment les jeunes, parce qu'ils sont l'avenir de la nation. Brûlé, bafoué, occupé, humilié, le Liban, comme le phénix, renaîtra de ses cendres, a toujours insisté le patriarche Sfeir. Recevant récemment un groupe de jeunes, il les a incités à garder confiance en Dieu et en leur patrie, et à œuvrer pour promouvoir « la justice qui réside dans la dignité humaine », et à la faire régner dans la société libanaise.
Tout au long de son mandat à la tête de l'Église maronite, Son Éminence n'a jamais badiné avec les valeurs de la République. Puisque le Liban est indépendant depuis sept décennies, il ne doit pas subir les conséquences des crises dans les pays de la région. C'est vrai que sa situation géographique nécessite une interaction avec ses voisins, ce qui n'est pas facile, mais pas aux dépens de son indépendance et son intégrité territoriale. Farouche défenseur de la liberté, il n'admet jamais une société libanaise soumise, mais un État qui garantit la liberté de l'individu, sans contrainte ni oppression. Cette position du cardinal Sfeir implique, par conséquent, la souveraineté inaliénable du Liban. Toute infraction à cette conception, à cette valeur est considérée comme une atteinte aux valeurs démocratiques, une atteinte à la survie de l'État et aussi à la dignité nationale. C'est ainsi que le patriarche, après la libération du Liban-Sud, a lancé un vibrant et historique appel, pendant l'été 2000, aux troupes syriennes de se retirer du territoire libanais.
Puisque la dignité est liée directement à la personne humaine, un être humain doit être traité comme une fin en soi. Et puisque l'Église considère que tout homme est digne de respect par comparaison aux autres êtres vivants, il serait du devoir des responsables politiques et notamment académiques de garantir, de protéger et de promouvoir le respect de soi, l'amour propre, la fierté et l'honneur. Seule la dignité dans le comportement, les positions et les manières inspire le respect. C'est-à-dire, selon l'Exhortation apostolique de 1997, « le respect de toute personne et de tout groupe, car l'homme, qui vit à la fois dans la sphère des valeurs matérielles et des valeurs spirituelles, dépasse tout système social et est la valeur fondamentale ».
Le cardinal Sfeir a toujours exhorté les Libanais à s'efforcer, après les années de souffrance et la longue période de guerre qu'a connue le Liban, à avoir des gestes courageux de pardon et de purification de la mémoire. Pour lui, certes, il faut maintenir vivant le souvenir de ce qui s'est passé, pour que jamais plus cela ne se reproduise.
Quand le patriarche Sfeir a reçu il y a 18 ans Sa Sainteté le pape Jean-Paul II, les deux hommes ont invité tous les Libanais à porter une attention spéciale aux jeunes, qui sont la plus grande richesse de notre pays. « Les jeunes doivent avoir une place importante et être une force de renouvellement national, en participant aux différentes structures de la vie sociale et aux instances de décision. » Pour ceci, ne faut-il pas les aider à vaincre les tentations d'extrémisme et de laxisme qui peuvent les guetter ? Ne devrons-nous pas les initier à promouvoir la valeur de justice entre les personnes, car les iniquités engendrent la violence, la méfiance et l'égoïsme? N'incombe-t-il pas aux décideurs gouvernementaux la responsabilité d'offrir du travail à un maximum de jeunes Libanais afin de leur épargner une sorte d'émigration « psychologique » et inévitablement un adieu définitif à leur terre d'origine ?
Mgr Nasrallah Boutros Sfeir, merci pour votre noblesse qui émane d'une grandeur d'âme, d'une élévation d'esprit. N'avons-nous pas dit que « toute noblesse vient du don de soi-même »? Merci Éminence pour la promotion de la dignité personnelle et nationale. Les jeunes Libanais vous doivent ce sentiment tout-puissant, qui a illuminé leur fierté et leur amour-propre. Merci pour ce charisme qui confine à la grâce divine, inspirée vraisemblablement de votre visite annuelle à la sainte vallée de Qannoubine ! Merci pour l'exceptionnelle mise en valeur du symbolique et du spirituel qui émane du cœur. Il est vrai que « quand un symbolisme puise ses forces dans le cœur même combien grandissent les visions ».

Mounir EL-KHOURY (UL)

Le 15 mai 2015, le patriarche Sfeir a eu quatre-vingt-quinze ans. Nous lui souhaitons, comme le veut la tradition libanaise, une longue vie et une excellente santé. Nous lui savons aussi gré pour sa lutte infatigable pour la liberté, la souveraineté et l'intégrité du Liban. Les vœux vont aussi pour qu'en 2020, il célèbre son centième anniversaire qui coïncidera avec la...

commentaires (2)

Ce fut dans l'allégresse oranginée niaise que le grand Batrak Mâr Nassrallâh Botrossé Sfééér céda la place à cet anguleux de Râïï 1er, dont l'autoritarisme et la rigidité doctrinal tétanisèrent les fidèles Sains, et notamment ceux qui souffrent du pragmatisme froid du Râëéh face aux épouvantables crimes du bääSSyrianisme d’à côté. Tout se passe comme si celui qu’on appela vite le bon Batrak, le Bon Sfééér avait compris qu'il n'avait pas de temps à perdre, vu son âge, pour faire ce qu'il avait à faire, c'est-à-dire ouvrir les portes et les fenêtres de cette Église pour y provoquer de formidables courants d'air frais, de ceux mahééék qui soulèvent les soutanes et font s'envoler les vieilles décrétales. Et ce fut la grande réconciliation de la Montagne, elle qui se voulait bouleversante. Et le mot Révolution du Cèdre, cette sorte de chambardement politico-religieux, entra enfin en frétillant dans le vocabulaire de cette Église syriaco-maronitique ! Le Batrak Sfér marqua sa volonté de se porter en personne sur les créneaux désertés par ses prédécesseurs et, évidemment par ce successeur-là ; s'appuyant sur tous ceux Sains qui, dans cette Église maronito-syriatique, estiment que la sclérose paralysait l'institution. Et il commença alors à rénover, rajuster, ranimer et se tourner vers les Sains Sunnites de Hariri. Il régna longtemps, certes. Mais quel grand règne ! Non pas de banalité, mais de modernité et de régénérescence des âmes mortes de cette montagne maronitique campagnarde.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

09 h 28, le 16 mai 2015

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Commentaires (2)

  • Ce fut dans l'allégresse oranginée niaise que le grand Batrak Mâr Nassrallâh Botrossé Sfééér céda la place à cet anguleux de Râïï 1er, dont l'autoritarisme et la rigidité doctrinal tétanisèrent les fidèles Sains, et notamment ceux qui souffrent du pragmatisme froid du Râëéh face aux épouvantables crimes du bääSSyrianisme d’à côté. Tout se passe comme si celui qu’on appela vite le bon Batrak, le Bon Sfééér avait compris qu'il n'avait pas de temps à perdre, vu son âge, pour faire ce qu'il avait à faire, c'est-à-dire ouvrir les portes et les fenêtres de cette Église pour y provoquer de formidables courants d'air frais, de ceux mahééék qui soulèvent les soutanes et font s'envoler les vieilles décrétales. Et ce fut la grande réconciliation de la Montagne, elle qui se voulait bouleversante. Et le mot Révolution du Cèdre, cette sorte de chambardement politico-religieux, entra enfin en frétillant dans le vocabulaire de cette Église syriaco-maronitique ! Le Batrak Sfér marqua sa volonté de se porter en personne sur les créneaux désertés par ses prédécesseurs et, évidemment par ce successeur-là ; s'appuyant sur tous ceux Sains qui, dans cette Église maronito-syriatique, estiment que la sclérose paralysait l'institution. Et il commença alors à rénover, rajuster, ranimer et se tourner vers les Sains Sunnites de Hariri. Il régna longtemps, certes. Mais quel grand règne ! Non pas de banalité, mais de modernité et de régénérescence des âmes mortes de cette montagne maronitique campagnarde.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 28, le 16 mai 2015

  • ALLAH I KHALLI... UN GRAND PATRIARCHE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 33, le 16 mai 2015

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