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Liban - Affaire Samaha

Réactions outrées dans les rangs du 14 Mars et au-delà après le verdict du tribunal militaire

Le Futur déclenche une virulente campagne, Joumblatt crie au « scandale », Geagea réclame la suppression de l'instance d'exception et le mufti Chaar parle de « carnage ».

La condamnation de l'ancien ministre Michel Samaha à quatre ans et demi de prison seulement pour avoir transporté des explosifs a suscité hier un nouveau flot de réactions négatives, au lendemain du verdict rendu par le tribunal militaire. On se montrait disert à ce sujet dans les rangs du 14 Mars, alors qu'un mutisme quasi total enveloppait ceux du 8 Mars.
Le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, accompagné de ses collègues des Affaires sociales et de la Justice, Rachid Derbas et Achraf Rifi, s'est rendu avec d'autres responsables du 14 Mars, notamment le secrétaire général de l'alliance, Farès Souhaid, et le cadre FL, Eddy Abillamaa, sur les tombes de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et de l'ex-chef du service des renseignements au sein des FSI, le général Wissam el-Hassan, assassiné en octobre 2012, deux mois après l'arrestation de M. Samaha. Depuis le centre-ville, ils s'en sont violemment pris au tribunal militaire.
En parallèle, les jeunes du courant du Futur ont manifesté devant le tribunal, réclamant une révision du verdict qu'ils ont jugé « trop clément ». Ce jugement « fait naître l'extrémisme et le terrorisme dans le pays », a déclaré un porte-parole des manifestants. « Nous continuerons à nous battre, la patience est la clé des victoires. Nous sommes avec l'État et nous continuerons à le défendre », a-t-il ajouté, alors que des jeunes arboraient des pancartes tournant en dérision la société « Samaha pour la livraison de tout genre d'explosifs ».

« Se débarrasser du tribunal militaire »
Revenant à la charge hier, après avoir été le premier à critiquer le verdict du tribunal militaire, Achraf Rifi a déclaré qu'« il est inconcevable qu'une personne écope d'une lourde peine pour un crime anodin, alors que Michel Samaha se voit condamner à quatre ans et demi de prison pour un crime terroriste commis aux côtés du régime syrien ».
« Nous avons pris la décision avec l'ancien Premier ministre Saad Hariri de concentrer tous nos efforts sur le tribunal militaire dont il faut changer les lois. Au niveau pratique, nous avons entamé des procédures pour présenter un pourvoi en cassation », a ajouté le ministre de la Justice. À ses côtés, Rachid Derbas a tenu ces propos : « Le mufti (de Tripoli, Malek) Chaar qui était visé par le complot de Michel Samaha m'a dit que ce dernier lui avait présenté des excuses dans la salle du tribunal. À présent, le mufti s'interroge sur le point de savoir quand le tribunal militaire compte lui présenter ses excuses après ce verdict. »
À Tripoli où il se trouvait, le mufti Chaar a qualifié le jugement de « carnage » et de « catastrophe honteuse et douloureuse », estimant qu'il légalise le crime. « Je n'attendais pas moins que la peine de mort ou la prison à vie », a-t-il reconnu.
Le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a lui aussi critiqué le verdict du tribunal militaire, estimant qu'il « légalise l'assassinat et les attentats à la bombe ». « Ce qui s'est passé est un scandale judiciaire, militaire et politique qui ouvre le débat sur la justice militaire, dont les prérogatives ont dépassé le but initial de cette instance, destinée à juger les affaires concernant l'institution militaire exclusivement », a-t-il ajouté.
Le leader druze n'a pas été le seul à appeler à un changement des prérogatives du tribunal militaire. Mohammad Kabbara, député de Tripoli et membre du bloc du Futur, a ainsi appelé à limiter les compétences du tribunal militaire aux seuls membres de l'armée. Ces affirmations ont été reprises par le député FL de Batroun, Antoine Zahra, qui a rappelé qu'une sous-commission parlementaire « avait discuté du rôle des tribunaux d'exception et de l'autorité judiciaire arbitraire accordée aux appareils sécuritaires, tous deux inadmissibles dans un pays qui prétend être démocratique ». « La commission regroupait par ailleurs les deux députés assassinés Walid Eido et Antoine Ghanem », a-t-il noté.
D'autres, comme le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, ont appelé carrément à supprimer le tribunal militaire. « Le jugement émis à l'encontre de l'ancien ministre Michel Samaha sape la confiance du Libanais en son État. Il est temps de se débarrasser des tribunaux d'exception, notamment le tribunal militaire, et de relancer les tribunaux civils », a-t-il affirmé.
Le Comité des ulémas musulmans a, quant à lui, appelé à l'annulation de la décision du tribunal et à la suppression de cette institution.

« L'existence du TSL est aujourd'hui justifiée »
Le verdict du tribunal militaire a d'autre part constitué une occasion pour de nombreux responsables pour justifier la création du Tribunal spécial pour le Liban (TSL). L'ancien ministre Charles Rizk a ainsi souhaité que « tout le monde comprenne, à commencer par les juges », pourquoi il a œuvré pour la création du TSL, à la lumière de la décision du tribunal militaire concernant M. Samaha. De son côté, le député Serge Ter Sarkissian a estimé que la décision du tribunal militaire, « toujours influencée par l'époque de la tutelle syrienne », fait aujourd'hui taire toutes les langues qui ont critiqué la mise en place du TSL.
La décision du tribunal a par ailleurs été critiquée par l'ancien Premier ministre Nagib Mikati ainsi que par le député Mohammad Safadi. Tous deux se sont interrogés sur « l'équité entre les Libanais à l'ombre du jugement de Michel Samaha » et ont appelé à accélérer les procès des détenus islamistes. « Est-il admissible que des dossiers qui traînent depuis des années restent en suspens à ce jour, alors que des personnes croupissent en prison sans jugement », s'est interrogé Nagib Mikati.
Le député Mohammad Kabbani (Futur) a qualifié le verdict de « honteux », soulignant qu'il « légalise la trahison de la patrie ». « Ce tribunal est aujourd'hui régi et contrôlé par le Hezbollah et non pas par les lois libanaises », a pour sa part estimé son collègue Ahmad Fatfat, qui a déclaré « en avoir assez du tribunal militaire ». Okab Sakr a, quant à lui, considéré que le verdict est le fruit d'une « politique vindicative » qui n'a rien à voir avec les lois et la justice.
« Ce jugement nous rappelle celui prononcé à l'encontre de Fayez Karam, accusé de collaboration avec Israël, et le verdict du meurtrier (membre du Hezbollah) du capitaine Samer Hanna », a souligné Atef Majdalani. « C'est un jour noir pour la justice », a de son côté déploré Ammar Houri, tandis que Nouhad Machnouk déclarait : « Nous vengerons le général Wissam el-Hassan. » Le père de ce dernier était présent près de la tombe de son fils au moment de la visite des députés Fady Karam et Mouïne Merhebi.

Les critiques du 8 Mars
Au sein du 8 Mars, le rassemblement des partis dits « nationaux » (prosyriens) a critiqué « les agissements du ministre Achraf Rifi qui constituent une atteinte à la justice et aux lois, et une intervention dans le travail des juges ». Quant à l'ancien ministre du Travail, Sélim Jreissati, il a appelé Achraf Rifi à démissionner « immédiatement », pour avoir porté atteinte à la justice militaire « et pour avoir fait fi du principe de séparation des pouvoirs ». « Achraf Rifi a dissimulé des témoins cruciaux dans l'affaire Samaha », a-t-il également affirmé.

La condamnation de l'ancien ministre Michel Samaha à quatre ans et demi de prison seulement pour avoir transporté des explosifs a suscité hier un nouveau flot de réactions négatives, au lendemain du verdict rendu par le tribunal militaire. On se montrait disert à ce sujet dans les rangs du 14 Mars, alors qu'un mutisme quasi total enveloppait ceux du 8 Mars.Le ministre de...

commentaires (3)

La libération prématurée de ce pardonneur-exploseur de son propre peuple, déjà confirmée avec morgue comme de deuxième choix, ne doit pas se concrétiser. A ceci s'ajoute une constatation qu'on mettra du temps à dissiper : ces 8 Malsains-là font plus conFiance à cette "justice militarisée pour le protéger à ce type, qu'à cette chère vieille justice civile civilisée ! Ah bon ? Alors que ces Malsains en 8 ne comptent pas trop sur la compréhension des 14 Sains. Compris ! En fait de dislocation mentale, il n’y a pas pire. Car, sauf à se simplifier la vie en ne professant que des idées courtes, il faut tout de même admettre qu'il est fâcheux d'être obligé de protéger de la menace de la véritable justice, le statut de ce pardonneur à ce jour inégalable exploseur de son peuple. De même, il faut être imperméable au dégoût pour ne pas répugner à mettre sa main dans celle d’une "juridiction" à procédures nauséeuses, sous prétexte qu’elle accepte, pour l'instant, d’être clémente envers ce pardonneur dans sa tentative désespérée d’exploser même son propre peuple. Bref, dans cet univers Malsain de discordances, comment remboîter les autres Saines opinions avec un minimum de cohérence ? Et comment s'accommoder des probables centaines d’explosés sans s'interroger sur le droit, ou plutôt le devoir de rejuger pour de bon et pour de vrai cette fois, un bourreau à explosifs pareil ? On peut estimer que les réponses niaiseuses et les manifestations à œillères laissent évidement insatisfait.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

13 h 31, le 15 mai 2015

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Commentaires (3)

  • La libération prématurée de ce pardonneur-exploseur de son propre peuple, déjà confirmée avec morgue comme de deuxième choix, ne doit pas se concrétiser. A ceci s'ajoute une constatation qu'on mettra du temps à dissiper : ces 8 Malsains-là font plus conFiance à cette "justice militarisée pour le protéger à ce type, qu'à cette chère vieille justice civile civilisée ! Ah bon ? Alors que ces Malsains en 8 ne comptent pas trop sur la compréhension des 14 Sains. Compris ! En fait de dislocation mentale, il n’y a pas pire. Car, sauf à se simplifier la vie en ne professant que des idées courtes, il faut tout de même admettre qu'il est fâcheux d'être obligé de protéger de la menace de la véritable justice, le statut de ce pardonneur à ce jour inégalable exploseur de son peuple. De même, il faut être imperméable au dégoût pour ne pas répugner à mettre sa main dans celle d’une "juridiction" à procédures nauséeuses, sous prétexte qu’elle accepte, pour l'instant, d’être clémente envers ce pardonneur dans sa tentative désespérée d’exploser même son propre peuple. Bref, dans cet univers Malsain de discordances, comment remboîter les autres Saines opinions avec un minimum de cohérence ? Et comment s'accommoder des probables centaines d’explosés sans s'interroger sur le droit, ou plutôt le devoir de rejuger pour de bon et pour de vrai cette fois, un bourreau à explosifs pareil ? On peut estimer que les réponses niaiseuses et les manifestations à œillères laissent évidement insatisfait.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 31, le 15 mai 2015

  • ET ON SE DEMANDE APRÈS COMMENT NAISSENT LES ORGANISATIONS TERRORISTES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 29, le 15 mai 2015

  • Que la justice militaire soit "destinée à juger les affaires concernant l'institution militaire exclusivement", c'est ce que je disais dans ma réaction d'hier qui, pour on ne sait quelle raison, n'a pas été publiée. En fait, la justice militaire ne devrait, dans une démocratie, juger que des militaires, et seulement pour des fautes contre les règlements de l'armée. Même les militaires, s'ils commettent des crimes contre la loi civile doivent être jugés par des tribunaux civils.

    Yves Prevost

    07 h 35, le 15 mai 2015

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