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Liban - Justice

Cheaïb devant le TSL : « De témoin, je suis devenu faux témoin »

Le responsable de la Défense civile travaillait avec l'un des cinq accusés dans l'affaire Hariri, Sélim Ayache.

La défense de Karma Khayat et de la chaîne al-Jadeed a invité hier à la barre du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), Afif Cheaïb, chef du bureau d'enquête à la Direction générale de la Défense civile. M. Cheaïb était affecté auparavant à la direction du bureau de la Défense civile à Nabatiyé, où travaillait également Sélim Ayache, l'un des cinq membres du Hezbollah accusés dans l'affaire de l'assassinat de Rafic Hariri.

M. Cheaïb fait partie de la série de témoins qui avaient fait l'objet d'une émission télévisée diffusée par al-Jadeed, et dont l'identité a été reconnue suite à cette émission. Il bénéficiait, à l'instar d'autres témoins qui ont figuré dans cette émission, d'un programme de protection spéciale que lui avait assuré le TSL. Il était sollicité par l'accusation dans le dossier de l'assassinat de Rafic Hariri. D'où l'importance que devait avoir son témoignage dans le cadre du procès intenté contre al-Jadeed et sa directrice Karma Khayat, comparaissant pour outrage au tribunal et obstruction à la justice, aussi bien que dans le procès Hariri.

Pour la défense, ce dernier témoignage dans le procès intenté contre Karma Khayat et al-Jadeed devait démontrer que M. Cheaïb a subi bien plus de tort par les « fuites » qui ont eu lieu dès le début « au sein du TSL » que par l'émission télévisée, « un moindre mal », comme l'a affirmé le témoin lui-même lors de sa déposition.
Sur l'insistance du juge compétent en matière d'outrage, Nicola Lettieri, l'audience d'hier devait être publique la plupart du temps, entrecoupée de sessions closes. Un point que la défense n'a pas hésité à relever à l'issue de l'audience, en insistant sur le fait que le juge a « imposé » une audience ouverte où le témoin jadis « protégé » a fini par s'exprimer à visage découvert, ce qui prouve « l'absurdité » de tout ce procès.

 

(Lire aussi : Affaire al-Jadeed : la directrice de l'association Arij invitée par la défense à témoigner)


À plusieurs reprises, le témoin a été interrogé sur l'impact qu'avait eu sur lui le fait que son identité ait été révélée au grand public et si cela a affecté sa carrière ou sa vie privée.
« Moi j'ai été affecté par l'attitude du tribunal lui-même et non par les médias », a-t-il dit plus d'une fois. Et de s'insurger : « Je me demande comment des fuites qui sont parvenues aux médias nous ont transformés de témoins en faux témoins ». Affirmant s'exprimer au nom de l'ensemble des Libanais, il a dit que les citoyens « ont besoin de savoir qui est derrière ces fuites ». Sur ces entrefaites, l'accusation lui a lancé : « Vous avez dû être bien préparé pour ce témoignage (sous-entendu par la défense) », une remarque qui a soulevé l'objection de la défense.
Le témoin a raconté avoir rencontré à trois reprises les enquêteurs du bureau du procureur du TSL, insistant toutefois sur le fait qu'il ne l'a pas fait de sa propre initiative, mais qu'il avait été « convoqué » par le tribunal.

 

(Pour mémoire : Joumblatt devant les juges : Le régime syrien a tué Hariri)


Il a ensuite relaté comment en 2012 une équipe d'al-Jadeed – formée de Firas Hatoum et d'un cameraman – est venue à son bureau pour lui demander une entrevue. « Ils avaient avec eux une caméra visible et une autre cachée », a-t-il expliqué. « J'ai refusé de leur accorder l'entretien en précisant que la loi ne m'autorise pas à le faire et que j'ai besoin du feu vert de ma hiérarchie. Ils m'ont dit qu'ils voulaient juste discuter avec moi pour quelques minutes, sans caméra. Nous sommes entrés dans mon bureau, mais j'ignorais qu'ils filmaient avec une caméra cachée », a indiqué M. Cheaïb, soulignant avoir été surpris par la suite en apprenant cela. Le témoin a ajouté que les journalistes lui ont dit être au courant que des membres de la Défense civile ont été convoqués par le TSL et qu'il en faisait partie. « Ils avaient des informations, qui provenaient de fuites ou d'autres sources, je n'en sais rien. Je ne pouvais pas en parler. Je leur ai dit que je devais aller faire mon sport et qu'on en reparlera à une autre occasion. Ils ont insisté. J'ai fini par leur dire qu'effectivement, il y a quelque chose de vrai dans ce qu'ils disaient et que nous avons un employé du nom de Sélim Ayache, mais qu'il fallait que je m'assure s'il est toujours là, et que j'avais besoin d'un peu de temps pour essayer de recueillir certains détails à ce propos. »

Le témoin a précisé par ailleurs avoir appris que la diffusion de cet entretien a eu lieu en août 2012 par un collègue. Il a indiqué n'avoir vu l'émission que bien plus tard. « Je ne regarde pas beaucoup la télévision », a-t-il dit.
Le juge Lettieri a levé la séance – la dernière dans le cadre de cette affaire –, sommant les deux parties de présenter leurs conclusions finales par écrit avant la prochaine audience, qui devrait se tenir au mois de juin prochain.

 

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  • CHERCHEZ ET PUNISSEZ LA FUITE ! QUAND EST-CE QUE LE TRAIN VA QUITTER LA PREMIÈRE STATION ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 18, le 15 mai 2015

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