Tout en tentant de remettre de l'ordre dans sa petite boutique vandalisée lors des émeutes de la semaine passée, Brandi Myers s'interroge, comme beaucoup d'autres, sur l'avenir de Baltimore et de ses quartiers pauvres.
"Un miracle, Dieu, une aide quelconque ? Je ne sais pas", dit la responsable âgée de 28 ans de Ace Cash Express, une agence de prêts financiers qui fait partie des quelque 250 boutiques ou entreprises pillées, brûlées ou endommagées lundi dernier dans cette ville à l'est des Etats-Unis. "Si nous ne trouvons pas le moyen de réparer tout ça, j'ai de la peine pour Baltimore", ajoute-t-elle.
De nombreux habitants se demandent, comme elle, ce que va être l'avenir loin des caméras, de la cité portuaire où des émeutes ont éclaté il y a dix jours, après les funérailles d'un jeune Noir de 25 ans, Freddie Gray, mort après son interpellation par la police.
Les dirigeants locaux, de l'Etat et fédéraux se sont retrouvés mardi à Baltimore pour discuter des moyens de venir en aide aux communautés. Bill Cole, président de Baltimore Development Corporation (BDC), une organisation d'aide au développement des entreprises, s'est rendu sur le terrain, a parlé avec les commerçants vandalisés pour savoir ce dont ils avaient besoin pour rouvrir leurs portes et commencé à réfléchir sur l'avenir de la ville.
Son organisation les aide à remplir les déclarations d'assurance, à demander des prêts et en offre elle-même. "Ces petits commerces sont cruciaux pour la vitalité et la bonne santé de cette ville", dit-il à l'AFP.
Réparer ces petites boutiques est la priorité à court-terme. "A long terme, il faut trouver comment créer des emplois", ajoute-t-il.
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Nouvelle approche
Les réparations vont coûter cher, notamment celles d'un centre pour personnes âgées de 60 millions de dollars qui était en construction quand il a été détruit par les flammes lors des émeutes.
"On parle là de milliards" d'investissements nécessaires aux plus pauvres des quartiers, dit M. Cole.
Baltimore a été l'une des villes touchées par les émeutes qui ont suivi l'assassinat en 1968 du militant des droits civiques Martin Luther King. Larry Washington, 90 ans, les a vécues, comme celles du 27 avril. "C'est fou", dit-il, "on ne grandit pas en détruisant, on grandit en construisant".
La ville s'est réinventée elle-même en pariant sur l'innovation technologique et un port d'envergure mondiale, mais les plus pauvres de ses quartiers ont été laissés sur le carreau, créant amertume et colère.
Le quartier du port de plaisance est en pleine expansion, mais celui de Penn North, à l'ouest de la ville, ne montre qu'immeubles décrépis aux fenêtres condamnées, infrastructures qui s'écroulent, écoles dangereuses et pas de travail.
"Ce qui est évident pour cette communauté, c'est le développement économique, ou plutôt son absence", dit Jamal Bryant, pasteur afro-américain de l'Eglise locale Empowerment Temple, qui note que 62% des habitants de West Baltimore, à l'ouest de la ville où ont eu lieu les émeutes, reçoivent à un niveau ou un autre des aides sociales.
Pour M. Bryant, les gens ne veulent pas des subsides, ils veulent un centre de formation, de meilleures écoles, un partenariat avec les autorités de la ville. "Je ne demande pas qu'on donne un million de dollars à chacun. Les gens veulent du travail et ils n'en ont pas", ajoute-t-il.
M. Cole assure que les investisseurs ne sont pas découragés par les émeutes. "Ils me disent: +On ne s'en va pas, on s'engage, on veut aider+", constate-t-il.
Evoquant le Mondawmin Mall, un centre commercial pillé, il remarque que seules deux boutiques sur la dizaine touchées n'ont pas rouvert leurs portes.
Les autorités, lors de leur table-ronde, ont dégagé des pistes de travail. "Les gens ne veulent pas simplement une couche de peinture comme on l'a fait par le passé", dit le sénateur du Maryland Ben Cardin, qui faisait partie des discussions. "Ils veulent une nouvelle approche où la communauté est partie prenante et décide de ce qui doit être fait", dit-il.
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