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À La Une - portrait

Nadir Soofi, l'assaillant du Texas, était un véritable "Elvis" au Pakistan

"Quelque soit l'endoctrinement fondamentaliste subi des après ses études et son déménagement aux États-Unis, ici c'était simplement un jeune très cool avec un brillant avenir devant lui".

Au Pakistan, les camarades de classe de Nadir Soofi le décrivent comme un adolescent enjoué, populaire, ayant incarné le rôle principal dans une adaptation locale de la comédie musicale "Bye Bye Birdie" inspirée d'Elvis Presley. AFP PHOTO / AAMIR QURESHI

Adolescent "charismatique", populaire auprès des filles et fréquentant l'un des lycées les plus prestigieux du Pakistan : Nadir Soofi, l'un des assaillants d'un concours de caricature de Mahomet au Texas, avait coulé des jours heureux à Islamabad avant de se radicaliser aux États-Unis, selon d'anciens camarades de classe.

Au Lycée international d'Islamabad, une institution hyper-sécurisée fréquentée par la haute société pakistanaise et des enfants de diplomates, la direction ne souhaitait faire aucun commentaire mercredi sur son ex-élève. Nadir Soofi a été abattu dimanche après avoir attaqué, avec son complice Elton Simpson, un rassemblement organisé par un groupe considéré comme islamophobe au Texas.

Et des gardes interdisaient aux non-initiés de s'approcher de ce collège où les frais de scolarité dépassent les 20.000 dollars par année, près de 20 fois le salaire annuel d'un ouvrier au Pakistan.
Nadir Soofi, 34 ans, avait étudié dans cet établissement privé de 1992 à 1998, ont confié à l'AFP d'anciens camarades de classe qui décrivent un adolescent enjoué, populaire, ayant incarné le rôle principal dans une adaptation locale de la comédie musicale "Bye Bye Birdie" inspirée d'Elvis Presley.

"Il était charmant, charismatique et en quelque sorte un tombeur", souligne un camarade de classe requérant l'anonymat. "Quelque soit l'endoctrinement fondamentaliste subi après ses études et son déménagement aux Etats-Unis, ici c'était simplement un jeune très cool avec un brillant avenir devant lui", ajoute-t-il.

"Il était toujours tiré à quatre épingles, avec en plus ses longs cheveux soyeux qu'il rabattait vers l'arrière. Mais après cette comédie musicale, wow!, il était tout simplement devenu le +Elvis+ du lycée", se souvient une ancienne camarade de classe, encore sous le choc de l'attaque revendiquée par l'organisation Etat Islamique (EI).
Au cours des dernières années, "j'avais remarqué sur Facebook qu'il était devenu plus musulman en quelque sorte, mais je n'avais jamais pensé qu'il était devenu à ce point extrémiste", souligne-t-elle. Depuis les incidents du Texas, Facebook a retiré la page de Nadir Soofi.
"Les gens de l'école sont traumatisés. C'est une toute petite communauté et nous restons tous en contact les uns avec les autres", confie un troisième proche.


(Lire aussi : "Nous disons à l'Amérique: vous verrez des choses horribles menées par les soldats de l'EI")

 

Divorce et retour aux États-Unis
Au Pakistan, Nadir Soofi ne manquait de rien. Sa mère, Sharon, qui serait Américaine, enseignait les arts au Lycée International ce qui avait permis à Nadir et son frère cadet d'y étudier gratuitement et de côtoyer l'élite locale.
"Je ne sais pas s'ils étaient très riches, mais ils avaient une chouette maison. Sa famille n'était pas vraiment religieuse. C'était manifestement une famille musulmane +de naissance+ comme nous tous, mais il n'y avait pas de forte religiosité", raconte ce troisième proche.
Mais le couple a ensuite divorcé. Nadir et son frère cadet ont quitté le Pakistan avec leur mère pour s'installer aux États-Unis où il aurait étudié à l'université de l'Utah.

Père d'un petit garçon, Nadir Soofi avait un temps été propriétaire d'une pizzeria appelée "Cleopatra", qu'il avait revendue en raison de difficultés financières, et il dirigeait une entreprise de nettoyage de tapis à Phoenix, dans l'Arizona, selon le New York Times.
Soofi n'était pas dans le viseur des autorités américaines. Et à part ses anciens amis à Islamabad, il n'était pas connu au "pays des purs", émaillé de manifestations en janvier après la publication de nouvelles caricatures du prophète Mahomet par le journal satirique Charlie Hebdo.

Dans un pays en proie à une montée du fondamentalisme religieux, environ 70 personnes se sont réunies mardi soir à Peshawar (nord-ouest) pour rendre hommage au "jihadiste" Soofi.
"Je ne connais pas Nadir Soofi, je ne l'ai jamais rencontré mais je le salue, c'est un martyr, un vrai héros de l'islam qui a donné sa vie en défendant l'honneur du saint prophète sur la terre des infidèles", a dit à l'AFP Pir Muhammad Chishti, le religieux à l'origine de la manifestation.

 

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