« C’est ma première sortie »

Une jeune femme d'origine africaine confie lors de la marche que c'est sa première sortie autorisée en un an et huit mois de travail, après de nombreux jours de négociations. Sur les conseils d'une amie de la communauté camerounaise, elle a fortement insisté auprès de son employeur pour se rendre à la marche en lui demandant de lui laisser pour la journée son permis de résidence. Elle brandit alors fièrement cette petite carte qui lui permet de ne pas se faire arrêter par la police en cas de contrôle. Elle n'en revient toujours pas que son employeur lui ait donné la permission de sortir pour la marche car habituellement il l'enferme à clé lorsqu'il part de la maison et refuse qu'elle en sorte « de peur que je rencontre un homme et que je parte avec lui », explique-t-elle. « Je ne savais pas comment était la vie au Liban, si j'avais su avant, je ne serais jamais venue ! Mais maintenant, je suis coincée pour trois ans. » La jeune femme affirme avoir dépensé 850 dollars pour se rendre au Liban suite aux conseils d'une amie de son pays d'origine qui avait prétendu qu'elle trouverait un bon travail facilement qui la sortirait de la misère en Afrique. « C'est invivable, ces conditions de vie, je ne peux même pas communiquer avec ma famille ! Mon employeur a pris mon passeport et contrôle tous mes appels, et mes moindres faits et gestes » confie-t-elle. Mais en ce jour, cette jeune femme ne désire pas se plaindre. Au contraire, elle savoure chaque instant de cette liberté éphémère. « Aujourd'hui, je suis heureuse jusqu'à 17h », déclare-t-elle joyeusement tout en dansant.