Ces étudiants engagés, contre vents et marées

Bien qu'ayant des orientations politiques différentes, les membres du Club laïc se sont réunis autour de la même idée et partagent le même rêve : celui, dans le long terme, de laïciser le système politique libanais. Pour le moment, les membres de ce club, fondé par quelques étudiants de la faculté de médecine de l'USJ, s'activent dans leur environnement, parmi leurs pairs. « Nous avons remarqué qu'il existe un bon nombre d'étudiants qui ne savent pas ce qu'est la laïcité. Quand j'en parle à certains, ils me répondent que, eux, ils croient en Dieu ! Avec une génération pareille, c'est impossible de penser au changement », avoue, révoltée, Lilas Dagher, membre fondatrice du club. Pour cette étudiante en 3e année de médecine, il est donc impératif de « promouvoir la laïcité ». Pour ce, conférences, expositions de photographies, projections de films, spectacles... toutes les activités sont bonnes pour lancer le débat et expliquer la vraie signification de ce concept. « Les problèmes de la société libanaise résident dans le fait de juger les gens selon leur appartenance. Or la laïcité est une vision humaniste d'un monde où l'individu est jugé pour ses qualités et ses compétences », affirme Wassim Abdallah, fondateur et président du club.
Ainsi, pour cet étudiant en 5e année de médecine, tout comme pour ses camarades, il s'agit de présenter la vie politique d'une autre façon que celle acquise dans le milieu familial où l'on hérite plutôt de son orientation politique. « Le club n'appartient à aucun parti, ce qui nous donne de la marge pour être critique. Sans demander aux jeunes de quitter le leur, on les incite à réfléchir », ajoute-t-il. Par là-même, le club vise à briser les préjugés. « En somme, nous souhaitons faire une révolution mentale, afin que la prochaine génération puisse opérer un changement dans notre pays », résume Lilas.

Pour une autre laïcité
Par ailleurs, sensibiliser sur la question de la laïcité, c'est la mettre en rapport avec le système politique libanais et les divers volets de l'état civil dont le mariage qui est un sujet d'actualité.
Ainsi, pour ce club, appliquer le concept absolu de la laïcité, dans le système libanais, ne pourrait pas fonctionner indépendamment des particularités sociopolitiques. « Nous voulons une laïcité mais pas celle existant en Occident, une laïcité qui soit plutôt adaptée à notre culture et notre histoire. La diversité existant dans notre société sera un point de richesse pour une laïcité différente qui rassure et protège toutes les communautés religieuses », explique Wassim.
Mais sur le terrain, l'enthousiasme des membres du club se heurte souvent à des obstacles : très peu de jeunes sont actifs, d'autres ne sont intéressés que par leurs études, pendant que certains s'opposent aux idées du club. « Les Libanais, dans leur majorité, sont confessionnels mais personne ne l'avoue en public. Ils disent, plutôt, que la laïcité c'est bien, mais que ça ne marche pas au Liban, utilisant ceci comme prétexte », raconte Wassim. La présence du Club laïc à l'USJ est, de ce fait, symbolique : c'est dire que la laïcité peut bel et bien exister, sous une certaine forme, dans cette université. « À ces personnes soupçonneuses, nous disons que, oui, un club laïc peut marcher à l'Université Saint-Joseph, donc un parti politique laïc pourrait marcher dans le système libanais, et un système laïc pourrait marcher dans cette république », affirme, déterminé, Wassim.

Pour plus de renseignements sur ce club : www.facebook.com/USJsecularclub