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À La Une - Liban

Une employée de l'ONG Insan interrogée par la SG sur fond d’expulsion de migrants

Une adolescente sous protection de l'ONG menacée de déportation, ses parents détenus par la SG.

Photo fournie par Insan et sur laquelle on voit, selon l'ONG, un membre de la Sûreté générale libanaise dans les locaux de l'association en face de l'employée Chantal Hrairy.

Une employée de l'association libanaise Insan a été conduite, lundi, au siège de la Sûreté générale (SG), en face du Palais de la justice, à Beyrouth, afin d'être auditionnée dans le cadre d'une affaire d'expulsion de migrants.

L'ONG, qui défend les étrangers en difficulté au Liban, s'est chargée depuis jeudi dernier de la protection de Suzana Kumar, une adolescente née au Liban d'une mère sri lankaise et d'un père indien. La jeune fille est actuellement menacée de déportation par la SG alors que ses parents, Renuka Aragani et Jagdish Kumar, sont détenus depuis le 8 avril.

(Lire aussi : Au Liban, des enfants de travailleurs immigrés font l’objet d’expulsions)

 

Contactée par L'Orient-Le Jour, Chantal Hrairy, assistante personnelle de Charles Nasrallah, directeur de l'association, raconte son audition : "La SG m'a appelée samedi sur la ligne verte de l'ONG, me demandant de me rendre à son siège afin d'être auditionnée. Sur conseil de notre avocat, j'ai refusé, explique-t-elle. Lundi matin, à 9h45, des membres de la SG se sont rendus dans nos bureaux. Ils m'ont dit qu'ils avaient quelques questions à me poser. Je leur ai répondu que nous pouvions discuter sur place, mais ils m'ont fait savoir que je devais les suivre au siège de la SG".

Chantal Hrairy raconte que ses interlocuteurs lui ont présenté une instruction écrite, suite à quoi elle accepte de les accompagner.  "Si vous refusez, nous serons dans l'obligation de vous menotter et de vous emmener par la force", lui aurait affirmé un membre de la SG.

 

(Pour mémoire : Les enfants de migrants victimes, au quotidien, de discrimination et d'abus)

 

Mme Hrairy affirme avoir été auditionnée durant "une quinzaine de minutes", mais avoir dû patienter dans les locaux de la SG pendant près de quatre heures. Elle a livré à L'Orient-Le Jour les détails de son audition : "On m'a dit que je pouvais rentrer chez moi à condition que M. Nasrallah se présente pour être auditionné, ou si nous leur livrons Suzana. Je leur ai répondu que M. Nasrallah se trouvait dans les locaux de l'ONG et qu'il était donc à leur disposition. Mais on m'a fait savoir que +tant que la fille est avec vous, nous considérons que vous l'avez enlevée+".

L'intéressée raconte aussi avoir subi des pressions morales lors de son audition durant laquelle ses interlocuteurs lui auraient parlé sur "un ton menaçant". Des propos démentis en bloc par une source autorisée au sein des SG : "L'intéressée n'a subi aucune pression et son audition s'est faite sur base légale, en fonction d'une instruction de la part du Parquet général", affirme cette source à L'Orient-Le Jour.

 

(Lire aussi : Droits de l'homme au Liban : un sinistre bilan)

 

Selon Chantal Hrairy, toute cette démarche vise à faire pression sur l'ONG afin qu'elle livre la jeune Suzana Kumar aux autorités. La SG affirme de son côté agir sur ordre du Parquet général.

Or début mars, Insan affirmait que la SG avait réagi favorablement à un rapport qu'elle avait publié, en suspendant sa décision de ne pas renouveler les permis de séjour des enfants de travailleurs immigrés. L'ONG affirme également détenir une décision de protection du tribunal des mineurs. C'est sur cette base légale qu'elle affirme être dans le droit d'assurer la protection de la jeune adolescente dans une maison sûre. Insan estime également que les parents de la jeune fille sont détenus de manière abusive, car leurs papiers seraient en règle. "Ils sont emprisonnés car ils ont, à plusieurs reprises, critiqué dans les médias les procédés de la SG", estime l'employée au sein de l'ONG.

Après plusieurs aller-retour d'un bureau à un autre, et après avoir été entendue par le chef de service de la branche, Chantal Hrairy a été autorisée à quitter les lieux par un officier en charge de son audition. Si l'employée de l'ONG s'est dite incertaine du sort des parents de Suzana Kumar, la source au sein des SG affirme que ceux-ci n'ont pas été déportés. Le directeur de l'ONG devrait par ailleurs être entendu demain, mardi, par les autorités dans le cadre de l'affaire. "Nous sommes confiants que tout cela sera réglé demain, après l'audition de M. Nasrallah", indique Chantal Hrairy. Entre temps, la jeune Suzana est toujours sous protection d'Insan.

 

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