De bouche à...

L'oreille est avant tout l'organe de l'audition, mais elle est également l'un des éléments essentiels pour assurer l'équilibre du corps. Si la langue française est riche en expressions du genre « tendre l'oreille », « faire la sourde oreille », « glisser un mot à l'oreille », « ne pas l'entendre de cette oreille », « les murs ont des oreilles », « être dur d'oreille » ou « avoir la puce à l'oreille », nous nous intéresserons à deux oreilles en particulier : l'oreille absolue et l'oreille d'or.
Si vous êtes capable d'identifier, en les dénommant, les sons musicaux que vous entendez sans être obligé de recourir à un son de référence, vous avez l'oreille absolue. Vous pourrez ainsi chanter sur demande toutes les notes à leur hauteur exacte. Si vous n'avez que l'oreille relative, pour faire la même chose, vous devrez disposer d'une note de référence (le « la » du diapason) ou d'un instrumentiste.
L'oreille absolue serait presque constante chez les enfants qui commencent à apprendre à jouer d'un instrument de musique avant l'âge de trois ans. Si elle peut être innée, elle n'est pas héréditaire, bien qu'elle puisse s'observer chez les enfants qui baignent dans un univers musical. Mais il y a des exceptions, comme chez des non-musiciens qui n'ont pas eu d'éducation musicale précoce, posant la question de son origine. Les musiciens qui ont l'oreille absolue reconnaissent avec évidence son utilité : elle leur permet, notamment, d'entendre une mélodie pour la première fois et de la rejouer sans difficulté.
Et l'oreille d'or ? En avez-vous déjà entendu parler ?
Sous la mer, il n'y a pas de lumière, mais quantité de sons. C'est grâce à eux que les sous-mariniers appréhendent leur environnement. Or justement, à bord des submersibles, il existe des spécialistes de l'analyse acoustique. Recrutés pour leur excellente mémoire auditive et leur sens musical développé, ils sont formés à la reconnaissance des bruits sous-marins, naturels ou artificiels soient-ils. Ils sont ainsi capables d'identifier un bâtiment de guerre, d'en déterminer l'allure, de déceler des sons précis (comme ceux provoqués par l'ouverture ou la fermeture des portes des tubes lance-torpilles).
Pour cela, ces spécialistes s'appuient à la fois sur leur faculté auditive très développée et entraînée, mais aussi sur les enregistrements effectués par les sonars. Une tâche difficile, rendue encore plus compliquée par la pollution sonore sous-marine. En effet, ils doivent pouvoir isoler les sons qui se superposent et faire le tri entre ceux qui présentent un intérêt et ceux superflus (comme les sons émis par les mammifères marins, les chalutiers ou encore les installations off-shore).
On comprend mieux maintenant pourquoi ces personnes, dotées d'une ouïe extraordinaire, ont été surnommées les « oreilles d'or ». En temps de conflit, leur ouïe fera la différence et permettra au sous-marin de savoir qui le traque ou qui lui passe au-dessus. En 2011, c'est un « oreilles d'or » embarqué à bord du SNA Émeraude qui a aidé à retrouver la boîte noire du vol AF447, perdu en mer au large de Rio.
Qu'elles soient d'or, absolues ou normales, nos oreilles subissent des nuisances sonores multiples et dangereuses. Ainsi, les experts prévoient pour les années à venir de 3 000 à 4 000 surdités par an, de même qu'un vieillissement précoce de l'oreille. Une longue exposition à un niveau de pression sonore (décibels) trop élevé entraîne une altération des cellules ciliées, causant de la sorte des troubles de la perception auditive. Si ces cellules sont endommagées, elles ne peuvent pas se régénérer et leur destruction est donc irrémédiable.
De quoi vous « mettre la puce à l'oreille »...

Sources principales :
future-sciences.com
franceinfo.tv
expressio.fr