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Culture - Rencontre

Gisèle Khoury, fidèle aux combats de Samir Kassir

Le « Printemps de Beyrouth » commémore les dix ans de la disparition de Samir Kassir, dans une édition spéciale où vont éclore, à partir du 3 mai, diverses activités culturelles étalées sur un mois. Sa fondatrice revient sur cet événement dont le slogan pourrait être : « la culture pour tous ! ».

Gisèle Khoury : « La priorité, actuellement, au Liban, c’est la “construction” de l’être humain. » Photo Michel Sayegh

Voulu comme un hommage à Samir Kassir mais aussi à Beyrouth, ville qui l'a vu naître et qui a été témoin de ses combats pour la liberté, le festival (né en 2009) prévoit, entre autres, un spectacle de grande envergure et des débats.
« La priorité, actuellement, au Liban c'est la "construction" de l'être humain », lance Gisèle Khoury, le regard doux mais indomptable. Selon la journaliste et fondatrice du « Printemps de Beyrouth », la seule façon de le faire est de rendre la culture accessible à tous. À la fois sensible et révoltée, Gisèle Khoury a toujours été très impliquée dans la vie politique du pays. Veuve de Samir Kassir, journaliste engagé et historien victime d'un attentat à la voiture piégée en 2005, Gisèle Khoury reste fidèle au combat qui les unissait en contribuant activement à la promotion de la culture.
« "Le printemps de Beyrouth" est inspiré du titre de l'un des derniers articles de Samir Kassir pour an-Nahar avant son assassinat. C'est aussi le festival mis sur pied par la Fondation Samir Kassir et le centre SKeyes, qui lui rend hommage depuis une décennie », rappelle celle qui a voulu la dixième commémoration de l'assassinat de Samir Kassir comme un festival « libano-libanais, avec la participation de quelques artistes syriens et palestiniens ». L'édition spéciale 2015 se veut ainsi à l'image de Samir Kassir, qui était libanais mais aussi palestino-syrien ce qui le rendait « très beyrouthin ».
L'événement qui dure habituellement une semaine s'étale cette année sur un mois, une façon pour Gisèle Khoury de marquer d'une pierre blanche « cette année particulière ».

 

Beyrouth sur scène
Alaa Minawi inaugure le festival avec son installation « Ma lumière est ta lumière » sur la place Samir Kassir le 4 mai prochain.
Le festival qui, d'ordinaire, offre plusieurs spectacles internationaux ne présentera qu'une seule performance artistique « de grande envergure ». Un spectacle inspiré par L'histoire de Beyrouth, célèbre livre de Samir Kassir, dont le carnet musical est spécialement composé pour l'occasion. C'est sur la place des Martyrs que « Beyrouth sera exceptionnellement mise en scène » le 6 juin prochain à 21h. « C'est un hommage à Samir, mais aussi un hommage à Beyrouth. À travers ce spectacle, on raconte l'histoire et la particularité de la capitale avec ses malheurs et ses bonheurs », explique Gisèle Khoury.
Du 3 mai au 6 juin, Beyrouth vivra au rythme d'un printemps ponctué de débats, d'échanges culturels et de partages. Plusieurs projections de films sont prévues sur des thématiques bien précises, notamment les chrétiens d'Orient et du Liban, l'intégrisme musulman ou encore la liberté de la presse. Liana Kassir, jeune cinéaste, compte également rendre hommage à son père. Des discussions autour des livres de Samir Kassir, notamment Les considérations sur le malheur arabe, sont aussi prévues.


« Le Printemps de Beyrouth » bénéficie du soutien financier de ses sponsors habituels, de la société civile, mais aussi de la municipalité de Beyrouth. Cependant, Gisèle Khoury se montre très inquiète quant à l'avenir du festival qui, pour une organisation de qualité, nécessite un soutien financier considérable. La journaliste a tenu à préciser que la fondation a essuyé de nombreux refus. « Cela me fait de la peine quand je vois ces gens qui prennent de ce pays et qui ne donnent rien. »


Cependant, Gisèle Khoury promet qu'elle fera toujours son possible pour que ce festival demeure gratuit et accessible à tous, sans exception, « tous bords politiques et toutes classes sociales confondus ».
Elle se souvient notamment d'une fois, « il y a deux ans, à la fin d'une performance à Hamra, quand deux jeunes étudiants (lui) ont dit : "Merci beaucoup de nous avoir donné cette chance, nous n'aurions jamais eu la possibilité d'assister à un tel spectacle s'il n'était pas gratuit. Merci de nous avoir fait voyager" ». Elle sourit tendrement avant de poursuivre : « Cela m'a énormément fait plaisir et cette joie me donne raison de continuer. »

 

Les points forts du festival

Le festival du Printemps de Beyrouth 2015 sera en lumières ou ne sera pas. Du moins son coup d'envoi et sa clôture. C'est avec un spectacle multidisciplinaire de son et... lumières, en hommage à Samir Kassir et à Beyrouth, conçu par Yvan Caracalla avec la participation de nombreux artistes, que le rendez-vous est pris le 6 juin, à 21 heures, place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth. Mais auparavant, le « la » est donné par une famille de sculptures en néon qui iront se promener au centre-ville. « Ma lumière est ta lumière » : installation de Alaa Minawi comprenant six statues de néon de taille humaine qui vont croiser le chemin des passants à Beyrouth. Cette procession en hommage aux réfugiés se poursuit du 4 mai au 4 juin. Annoncé hier par Gisèle Khoury et Randa Asmar lors d'une conférence de presse au ministère du Tourisme, en présence du ministre Michel Pharaon, de la directrice générale du Tourisme, Nada Sardouk, et d'Ayman Mhanna, directeur de SKeyes, le festival comprend également les points forts suivants :

 

« Samir Kassir dans les films »
Le 9 mai, à 17h30, projection, à la salle Montaigne de l'Institut français, de documentaires et courts-métrages sur Samir Kassir, dont ceux de Omar Amiralay, de Greta Naufal et de Talal Khoury. À signaler un hommage au journaliste par sa propre fille, la jeune cinéaste Liana Kassir, présenté pour la première fois à l'occasion de la dixième commémoration.

 

« Un jour à Beyrouth »
Le 14 mai, une exposition aux Souks de Beyrouth de plus de 100 photographies réparties en 12 thèmes. Toutes les photos ont été prises dans la ville de Beyrouth le 27 septembre 2014, entre 10h et 22h, au cours de la seconde édition du Beirut Photo Marathon. Organisé par Frame, ce marathon est une première au Liban en matière de projet de documentation collective. Jusqu'au 4 juin.

 

Forum du changement
Le forum des « Initiateurs du changement » rassemblera à l'USJ (campus de l'innovation et du sport) 30 à 40 organisations libanaises et arabes, des ONG ainsi que des groupes de citoyens et des entrepreneurs sociaux, œuvrant tous à rendre leurs pays plus démocratiques, tolérants et prospères. Le 24 mai, à 10h.

 

« Les idées de Beyrouth »
Tout au long du mois de mai, une série de tables rondes sur les défis auxquels la liberté d'expression et le changement démocratique font face dans la région. Organisée par le centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture, en coopération avec des partenaires internationaux. Intitulés
« Les idées de Beyrouth », les thèmes de ces débats sont inspirés des écrits de Samir Kassir, mais aussi de l'expérience du centre SKeyes dans la formation de journalistes et l'exploration de nouvelles tendances dans le monde des médias et de la communication.

 

 

Voulu comme un hommage à Samir Kassir mais aussi à Beyrouth, ville qui l'a vu naître et qui a été témoin de ses combats pour la liberté, le festival (né en 2009) prévoit, entre autres, un spectacle de grande envergure et des débats.« La priorité, actuellement, au Liban c'est la "construction" de l'être humain », lance Gisèle Khoury, le regard doux mais indomptable. Selon la...

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