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À La Une - arabie saoudite

Avec l'opération au Yémen, les Saoudiens s'ouvrent à la "com"

"Ils ont clairement appris leurs leçons chez les Américains", note un diplomate occidental.

L'Arabie saoudite, qui n'a jamais été porté sur la communication, a changé radicalement de stratégie pour tenter de donner une image dynamique et positive de son intervention militaire au Yémen. AFP PHOTO / FAYEZ NURELDINE

Le royaume saoudien, qui n'a jamais été porté sur la communication, a changé radicalement de stratégie pour tenter de donner une image dynamique et positive de son intervention militaire chez son voisin yéménite.
Points de presse quotidiens à l'américaine, briefings au cours desquels sont montrées des vidéos de cibles volant en éclats, enregistrements de communication radio: tout est fait pour impressionner les journalistes en poste à Riyad, même si les informations distillées ne reflètent que très partiellement la réalité sur le front militaire.

Chaque soir, un homme est au centre du dispositif de communication saoudien: le général Ahmed Assiri, officiellement le porte-parole de la coalition qui, sous la conduite de Riyad, mène depuis le 26 mars l'opération "Tempête de la fermeté" contre des rebelles chiites yéménites, soutenus par l'Iran.
Cette posture dans les relations publiques est inhabituelle dans le royaume ultraconservateur saoudien où le cinéma et l'alcool sont interdits, où les femmes n'ont toujours pas le droit de conduire et doivent être couvertes de la tête aux pieds et surtout où l'information est strictement contrôlée.

Ce changement coïncide avec une politique étrangère plus visible et plus affirmée depuis que le roi Salmane a accédé au trône fin janvier à la mort de son demi-frère Abdallah.
"Ils ont clairement appris leurs leçons chez les Américains", note un diplomate occidental en référence à la nouvelle stratégie média des Saoudiens.
Les Saoudiens "savent que, dans ce genre de situations, la communication est extrêmement importante. C'est pour ça qu'ils s'y mettent, et de façon professionnelle", explique une autre source diplomatique.

Les Etats-Unis avaient lancé ce genre de briefings pendant la guerre du Vietnam dans les années 1960. Mais la version la plus moderne, avec séquences vidéo de frappes aériennes, a été incarnée par le général américain Norman Schwarzkopf pendant la première guerre du Golfe (1990-91), connue sous le nom de "Tempête du désert", alors des soldats américains étaient justement basés en Arabie saoudite.

Un ex de Saint-Cyr
Pour la communication sur "Tempête de la fermeté", le général Assiri parle généralement en arabe, mais il est capable d'alterner avec l'anglais et le français, une langue qu'il maîtrise bien. Il a en effet au moins quatre ans à Saint-Cyr, la prestigieuse école militaire française. Son équipe est aidée par une entreprise de relations publiques basée à Dubaï.

Le général tient ses points de presse quotidiennement peu après 19h00 à la base aérienne de Riyad, dans une salle de théâtre aux sièges rouges. La climatisation y fonctionne à plein régime, loin des conditions misérables régnant au Yémen où les morts se comptent par centaines, notamment parmi les civils.
Vêtu d'un uniforme de combat et le crâne presque totalement rasé, Ahmed Assiri présente un compte-rendu général des derniers développements sur le terrain avant de montrer des images vidéo en noir et blanc des dernières frappes aériennes. L'objectif est de montrer "ce que nous avons réalisé sur le terrain", explique-t-il.

Viennent ensuite les questions. Le porte-parole, la quarantaine, répond avec confiance à toutes les questions, même les plus critiques. "Tout ce que nous essayons de faire, c'est de nous assurer qu'il y a la sécurité au Yémen", assure-t-il. "Je vous remercie", conclut le général avant qu'une nouvelle volée d'images militaires, accompagnées de musique entraînante, ne vienne clore le point de presse.
Mais, comme d'autres pays lors de récentes interventions à l'extérieur, le royaume a jusqu'ici restreint l'accès du champ de bataille aux journalistes.

 

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commentaires (2)

Il n'y a que les arabo-wahhabite qui sont arriérés. Ceux qui fabriquent leurs armes et produisent la plupart de leurs bien, qui protegent efficacement leurs richesses naturelle face aux mafieux et au requins de ce monde ne le sont pas. Ceux qui obligent les puissants et dangereux mafieux de se mettre à la table des négociations sur l'usage du nucléaire... ne le sont pas. On peut ne pas aimer leur système théologico-polique, certes, mais il doit plaire aux Iraniens avant tout, mais on ne peut certainement pas les comparer à ces loques gouvernantes bedouine et désormais criminelles au Yemen, aussi, imbibées de pétrole.

Ali Farhat

20 h 10, le 06 avril 2015

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Commentaires (2)

  • Il n'y a que les arabo-wahhabite qui sont arriérés. Ceux qui fabriquent leurs armes et produisent la plupart de leurs bien, qui protegent efficacement leurs richesses naturelle face aux mafieux et au requins de ce monde ne le sont pas. Ceux qui obligent les puissants et dangereux mafieux de se mettre à la table des négociations sur l'usage du nucléaire... ne le sont pas. On peut ne pas aimer leur système théologico-polique, certes, mais il doit plaire aux Iraniens avant tout, mais on ne peut certainement pas les comparer à ces loques gouvernantes bedouine et désormais criminelles au Yemen, aussi, imbibées de pétrole.

    Ali Farhat

    20 h 10, le 06 avril 2015

  • Entre les deux régimes wahhabite et khomeyniste, souvent on ne sait pas quel est le plus arriéré, le pire. Mais ce qu'on sait, ce qui est évident, dans cette question du Yémen, c'est que c'est l'Arabie saoudite qui a raison de s'être révoltée avec pratiquement le monde musulman sunnite, contre l'impérialisme, l'arrogance et l'irresponsabilité illimités des mollhas d'Iran dans le monde arabe.

    Halim Abou Chacra

    06 h 59, le 06 avril 2015

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