Rechercher
Rechercher

À La Une - Yémen

Des forces pro-rebelles s'emparent de l'aéroport de Aden

Washington a parlé avec le président Abd Rabbo Mansour Hadi mais ne sait pas où il est.

Des forces alliées aux rebelles chiites au Yémen se sont emparées mercredi de l'aéroport international de la ville de Aden, accentuant la pression sur le président Abd Rabbo Mansour Hadi. REUTERS/Anees Mansour

Des forces alliées aux rebelles chiites au Yémen se sont emparées mercredi de l'aéroport international de la ville de Aden, accentuant la pression sur le président Abd Rabbo Mansour Hadi.

L'aggravation du conflit dans ce pays divisé et pauvre de la péninsule arabique et allié des États-Unis dans la lutte antiterroriste, augmente les risques d'une guerre civile. Aden, la capitale du Sud, est le fief de M. Hadi où il s'était réfugié après la prise de la capitale Sanaa début février par les rebelles Houthis, soupçonnés de liens avec l'Iran chiite et l'ex-président Ali Abdallah Saleh, poussé en 2012 au départ par une contestation populaire après 33 ans au pouvoir.

Après la progression fulgurante des Houthis en direction de Aden et alors que certaines forces de M. Hadi battent en retraite, ce dernier a été conduit vers un "lieu sûr à Aden", a indiqué son entourage. "Le président Hadi est au palais présidentiel", cible dans la journée d'un nouveau raid aérien, a déclaré son secrétaire personnel et neveu Mohamed Hadi Mansour. Un conseiller du président, Yassine Makkawi, interrogé en soirée à Riyad, a confirmé qu'il "n'a pas quitté Aden", ajoutant que les rumeurs sur son départ à l'étranger étaient "destinées à saper le moral du peuple face à cette invasion" menée par des forces "armées par l'Iran" et conduites par "le tyran Ali Abdallah Saleh". Les Etats-Unis ont fait état mercredi d'un contact téléphonique dans la matinée avec Hadi, indiquant qu'il avait quitté sa résidence d'Aden mais qu'ils ne pouvaient pas dire où il se trouvait actuellement. "Concernant son départ, je crois qu'il est clair qu'il est parti volontairement" de sa résidence d'Aden, a déclaré la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki, sans être plus précise et refusant de dire si le président yéménite était toujours dans son pays où s'il l'avait quitté.

Malgré les appels du camp Hadi à une intervention militaire étrangère pour stopper l'avancée des Houthis, ces derniers ont poursuivi leur offensive s'emparant sur leur chemin de nombreuses localités, avec l'aide de militaires fidèles à M. Saleh. Ainsi, ce sont des unités de la 39e brigade blindée, stationnées près de l'aéroport de Aden, qui ont pris le contrôle des installations, selon les témoins. La télévision des Houthis a confirmé que des unités de l'armée avaient "sécurisé l'aéroport" fermé dans l'après-midi. Des affrontements entre pro-Houthis et hommes armés ont eu lieu plus tard à proximité.


 

(Pour mémoire : Yémen : renforts des Houthis au Sud, craintes d'une guerre civile)

 

Intervention étrangère
Les rebelles Houthis, eux-mêmes, ne se trouvaient plus qu'à une trentaine de kilomètres de Aden, après avoir conquis plusieurs régions sur leur chemin, dont la base aérienne d'al-Anad désertée par des militaires américains qui y étaient stationnés. Ils ont affirmé avoir capturé le ministre de la Défense Mahmoud el-Soubaihi à Houta, chef-lieu de la province de Lahej, proche de Aden.

Malgré la résistance des troupes fidèles à M. Hadi soutenues par des tribus, les rebelles ont atteint le port de Mocha sur la mer Rouge, qui ouvre la voie au détroit de Bab al-Mandeb par lequel transite une bonne partie du trafic maritime mondial, selon une source de sécurité. Ils ont conquis aussi les villes de Lahej et Karch.

A Aden, une foule d'habitants ont récupéré des armes dans un dépôt dans la perspective d'un assaut des Houthis, selon un photographe de l'AFP. Pour stopper les rebelles, le ministre par intérim des Affaires étrangères, Ryad Yassine, a dit qu'il demanderait "une intervention militaire urgente" à l'occasion du sommet annuel arabe samedi en Égypte. M. Hadi, qui avait dénoncé un "coup d’État", a dès mardi exhorté le Conseil de sécurité de l'Onu à adopter une "résolution contraignante" pour stopper l'avancée des Houthis et confirmé avoir sollicité les monarchies sunnites du Golfe pour une "intervention militaire" contre eux.

 

(Eclairage : Les attentats de Sanaa sont « la réaction des radicaux sunnites face à l’avancée des houthis »)

 

El-Qaëda/EI
La crise au Yémen s'est envenimée depuis septembre 2014 quand la milice chiite des Houthis a déferlé sur la capitale Sanaa pour y contester le pouvoir de M. Hadi, considéré toujours comme le président légitime par la communauté internationale, et dénoncer un projet de Constitution sur un État fédéral qui priverait son fief dans le Nord d'un accès à la mer. Malgré des tentatives, sous l'égide de l'ONU, de trouver un accord de sortie de crise, les Houthis ont achevé début février 2015 de prendre totalement Sanaa et placé en résidence surveillée M. Hadi, qui a ensuite réussi à fuir.

Pour les experts, le Yémen, écartelé entre le nord dominé par les Houthis et le sud par les pro-Hadi, est le théâtre d'une guerre par procuration entre l'Iran chiite et le royaume saoudien sunnite, qui risque d'aboutir à une désintégration du pays. A cela s'ajoute la poursuite d'actions du réseau sunnite el-Qaëda dans la péninsule arabique (Aqpa), bien implanté dans le sud-est.

Pour éviter qu'Aqpa ne profite de la situation chaotique, les États-Unis ont admis qu'ils étaient contraints de redéfinir leur stratégie. "Certainement, le départ de nos forces du Yémen rendra notre combat contre el-Qaëda plus difficile, il n'y a aucun doute là dessus", a dit le Pentagone. Pour ajouter au chaos, le groupe jihadiste État islamique (EI), qui sévit dans plusieurs pays arabes, vient de revendiquer sa première attaque au Yémen, qui a fait vendredi plus de 140 morts dans des mosquées à Sanaa.

 

 

Lire aussi

« La rivalité régionale Riyad-Téhéran complique et amplifie le conflit au Yémen »

Reportage
Les cloches des églises de Aden restent silencieuses au milieu des tensions

Pour mémoire
Le président du Yémen proclame Aden "capitale"

« Le risque de partition du Yémen est plus fort que jamais »

Des forces alliées aux rebelles chiites au Yémen se sont emparées mercredi de l'aéroport international de la ville de Aden, accentuant la pression sur le président Abd Rabbo Mansour Hadi.
L'aggravation du conflit dans ce pays divisé et pauvre de la péninsule arabique et allié des États-Unis dans la lutte antiterroriste, augmente les risques d'une guerre civile. Aden, la...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut