La « bataille du printemps », annoncée au début du mois de mars par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, est pour d'aucuns une certitude. Selon des informations colportées par de nombreuses sources sécuritaires, elle devrait opposer les groupes jihadistes à l'armée libanaise, dès la fonte des neiges dans les hauteurs de l'Anti-Liban. Mais d'autres sources se montrent sceptiques.
N'ayant pu mettre en place un couloir leur permettant de se ravitailler, les combattants du groupe État islamique et du Front al-Nosra devront faire face, si jamais la bataille éclate, à quelque 5 000 soldats libanais disséminés aujourd'hui dans les hauteurs de Ersal et de Ras-Baalbeck, prêts à contrer toute attaque.
Hier, l'armée a bombardé de manière sporadique les positions des terroristes dans le jurd de Ersal. La troupe avait déjoué lundi soir une tentative d'infiltration au niveau du barrage de Wadi Hmayed, faisant un nombre de victimes dans le rang des jihadistes. Des tirs d'artillerie ont visé aussi lundi soir, dans les hauteurs de Ras-Baalbeck, des louvements suspects d'éléments armés. Hier, en soirée, les combattants d'al-Nosra ont pour leur part détruit un canon du Hezbollah plus au sud.
Des informations de presse ont toutefois assuré en début de semaine que les jihadistes manquent aujourd'hui de munitions et d'armes, coincés comme ils le sont dans les hauteurs enneigées. Ils tenteraient ainsi de se repositionner dans le jurd de la région de Qaa et de Macharih el-Qaa, quitte à déplacer la fameuse « bataille du printemps » dans ce secteur-là, où ils pourraient recevoir des renforts depuis le Qalamoun.
(Lire aussi : Un rapport américain exclut le Hezbollah et l'Iran du chapitre sur les menaces terroristes)
À Ersal, cependant, une source islamiste au sein du village a assuré hier à L'Orient-Le Jour que « les habitants de la localité ne prennent pas trop au sérieux ces menaces de prochaine bataille. Dans la rue, on parle ici d'un possible accord entre le régime syrien, le Hezbollah et les jihadistes pour permettre aux gens qui ont fui la région du Qalamoun de rentrer chez eux », ajoute la source. Selon elle, « il semblerait bien au contraire que le Hezbollah veuille déplacer ses combattants du jurd jusqu'à l'intérieur du territoire syrien, à Deraa et à Damas, où ils seraient plus utiles. Nous ne sentons pas que la bataille est vraiment imminente, d'autant plus que Daech a appris de nombreuses leçons après sa bataille en août contre l'armée libanaise, qui n'est pas sa cible première, et que des divisions internes ont beaucoup affaibli le groupe État islamique au profit du Front al-Nosra. Ce dernier a ainsi accueilli de nombreux jihadistes ayant déserté l'EI ».
Du côté de Qaa, le député Marwan Farès (PSNS) estime que « les craintes d'un affrontemlent entre l'armée et les terroristes existent toujours, surtout dans les régions montagneuses où les jihadistes sont présents de manière importante ». « Il est très possible qu'avec l'arrivée du printemps, ces jihadistes recommencent à bouger, mais l'armée et le Hezbollah sont présents en force dans la région et les habitants sont également prêts à combattre s'il le faut », souligne-t-il.
« Après une alerte qui s'est révélée fausse, 250 hommes chrétiens de la région se sont portés en quelques minutes volontaires pour défendre leur village », explique le député de la région, estimant peu probable que l'EI veuille déplacer la bataille du jurd de Ersal jusqu'à Qaa où 30 000 réfugiés syriens vivent aujourd'hui.
« La région de Qaa est une plaine et il sera beaucoup trop difficile aux jihadistes de mener un combat, par comparaison au jurd », poursuit-il. et de conclure : « Pas de panique donc chez les habitants. »
Lire aussi
Le dialogue, malgré tout !, le décryptage de Scarlett Haddad
La guerre verbale du week-end, une tempête dans un verre d'eau, l’éclairage de Philippe Abi-Akl
Au tour des commissions d'être touchées par l'anomalie institutionnelle
commentaires (4)
Une seule certitude dans tout ce micmac c'est que le Hezbollah nous a embarqué dans une mouise nauséeuse et dangereuse dont nous nous serions bien passé, en particulier les habitants de la région frontalière. Le plus dangereux encore, s'il y a attaque contre la région de Qaa qui est essentiellement Chrétienne, c'est que le Hezbollah fasse en sorte de les laisser passer pour ensuite se faire passer pour les sauveurs et convaincre les gens de la région que seul lui est capable de les protéger et de facto mettra la main sur la région qui a ce jour lui échappait. Espérons que le commandement de l’armée ne laissera pas faire car ce sera un coup de plus contre les institutions de l’état, une humiliation supplémentaire pour l’armée et une gifle au peuple Libanais.
Pierre Hadjigeorgiou
09 h 52, le 18 mars 2015