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Moyen Orient et Monde - Éclairage / Legislatives israéliennes

Score historique pour les Arabes israéliens... mais qu’en feront-ils ?

Ahmad Gharabli/AFP Pour la première fois de l’histoire d’Israël, les Arabes israéliens se sont unis en une liste commune. Hier, cette alliance a porté ses fruits puisqu’ils se sont imposés aux élections législatives en obtenant le plus grand nombre de députés de leur histoire. Ils sont ainsi devenus la troisième force politique du pays, tandis que le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu et le travailliste Isaac Herzog revendiquaient chacun la victoire hier soir. Reste maintenant à savoir comment Ayman Odeh capitalisera ce score inédit...

Les partis arabes israéliens ont obtenu hier le plus grand nombre de députés de leur histoire selon les sondages à la sortie des urnes. Il leur faut maintenant décider que faire de ce capital.
Selon les projections des chaînes de télévision, avec 13 députés, les représentants des descendants des Palestiniens restés sur leur terre à la création d'Israël en 1948 (un Israélien sur cinq) sont désormais une force avec laquelle il faut compter. La droite, menée par Benjamin Netanyahu auquel ils ont appelé à faire barrage, paraît en meilleure position pour former le futur cabinet et ne fera pas appel à eux.

Mais la question reste posée de savoir si la liste du travailliste Isaac Herzog chercherait leur appui pour rassembler une majorité parlementaire.
Car ils sont désormais fréquentables : leur numéro un, Ayman Odeh, avocat de 40 ans, a réussi un triple tour de force. Il a uni sur une même liste juifs et Arabes, communistes, islamistes et nationalistes arabes. Il est parvenu à mobiliser les Arabes israéliens, grands abstentionnistes. Et surtout, il a permis à sa liste d'exister dans la campagne. Refusant le repli communautaire, cet enfant de Haïfa, la grande ville mixte d'Israël, a porté son discours auprès du public arabe comme de ses concitoyens juifs. Celui auquel partisans et détracteurs reconnaissent une opiniâtreté impressionnante a milité durant toute la campagne pour tisser des liens avec tous ceux en Israël qui réclament « l'égalité et la justice sociale ».

Aussi, le président Reuven Rivlin rencontrera prochainement les représentants des partis siégeant au Parlement qui lui diront qui ils soutiennent pour le poste de Premier ministre. La liste arabe pourrait proposer M. Herzog et s'abstenir de bloquer son investiture, sans lui fournir de ministres. C'est le « soutien extérieur » que les députés arabes avaient déjà offert au travailliste Yitzhak Rabin au début des années 1990. Jusqu'ici, M. Odeh laisse planer le doute. « On écoutera d'abord ce qu'il a à nous proposer », a-t-il expliqué.

(Lire aussi : « Une percée de la liste arabe serait un premier pas sur la voie d'une alternative politique »)

 

« Nous, on est prêt »
« Nous, on est prêt, mais je doute qu'Herzog soit aussi courageux que Rabin », a-t-il dit à ses partisans après les résultats. Car cet appui est à double tranchant pour M. Herzog, que la droite accuse déjà d'être le « parti de l'étranger dépendant des Arabes ». Et les dirigeants de la liste arabe citent à l'envi l'épisode du dernier Premier ministre travailliste Ehud Barak, que leurs électeurs avaient massivement soutenu en 1999, ce qui n'avait pas empêché la répression sanglante de la deuxième intifada et la mort de 13 Arabes israéliens tués par la police en 2001. Si la « soi-disant gauche » arrivait au pouvoir, a prévenu M. Odeh hier soir, « elle permettrait à Israël de se racheter une virginité aux yeux du monde ». Or la ligne rouge de la liste arabe n'a pas bougé : pas d'alliance avec ceux qui voudraient une guerre contre les Palestiniens ou soutenir l'occupation. Au contraire, en se cantonnant dans l'opposition, les Arabes israéliens pourraient, assurent-ils, accéder à la présidence de commissions parlementaires.

« Nous ne pouvons pas avoir les commissions de la Défense et des Affaires étrangères, mais nous voulons les Finances ou les Affaires sociales », a dit M. Odeh à la radio publique. Plus d'un Arabe israélien sur deux vit sous le seuil de pauvreté. Si MM. Herzog et Netanyahu formaient un gouvernement d'union nationale, M. Odeh serait, précédent historique, propulsé chef de l'opposition, et le Premier ministre serait alors tenu de le consulter pour les décisions majeures. M. Odeh aurait aussi le droit de prendre la parole à la suite du Premier ministre quand celui-ci s'adresse à la Knesset ou lors de cérémonies officielles.

 

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commentaires (4)

Qu'en feront-ils ? Ils se tireront entre les jambes, tout comme Fateh et le Hamaj !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

16 h 00, le 19 mars 2015

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Commentaires (4)

  • Qu'en feront-ils ? Ils se tireront entre les jambes, tout comme Fateh et le Hamaj !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    16 h 00, le 19 mars 2015

  • RAH YISILOUU OU YICHRABOU MAYETOU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 51, le 19 mars 2015

  • HISTORIQUE... MAIS NON PRATIQUE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 03, le 18 mars 2015

  • Ted Cruz, le sénateur néo-conservateur nous aide à apporter une réponse assez logique à cette question. Pas plus tard que, ce mercredi matin, il décrivait, en ces termes, ses sentiments, à l'annonce de la victoire de Netanyahu aux législatives : "Cette victoire n'est que plus retentissante, quand on se souvient de tous ces "lobbies puissants", y compris, l'équipe rapprochée du président, qui ont agi, de concert, pour que Netanyahu perde"! La remarque laisserait supposer que le Premier ministre israélien sortant a gagné contre vents et marées un scrutin émaillé de complots, de conspirations contre lui, ce qui renforcerait, par ricochet, sa "légitimité"! Replié, dans une logique victimaire, par le biais de laquelle Israël fait chanter le monde entier, depuis près de 70 ans, Netanyahu serait, désormais, à même de se vanter d'avoir Israël entier derrière lui. Il serait, aussi, en mesure de se détacher de cette image d'éternel perdant qui lui colle à la peau, depuis l'été 2014, et sa royale défaite, face à la Résistance palestinienne. Ni le revers gazaouite, ni la déculottée, d'il y a deux mois, à Quneitra, face au Hezbollah, n'ont, donc, joué contre sa cote de popularité, parmi ces colons, bien que ces derniers vivent, depuis juillet 2014, dans l'angoisse permanente d'avoir à faire face aux commandos libanais et palestiniens, surgissant du fond de la nuit et débarquant, dans leurs chambres à coucher!

    FRIK-A-FRAK

    16 h 55, le 18 mars 2015

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