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Nos Lecteurs ont la Parole - Joëlle ASSAF

D’où je viens

– Ton accent est différent, tu n'es pas du coin, d'où tu viens ?
– Oh, tu viens du Liban...
– Cela veut dire que tu es quelqu'un de religieux ?
– Je trouve que vous êtes quand même assez modernes, vous.
– Oh ! Alors tu es rentrée chez toi cet été, ce n'était pas trop dangereux, la guerre ?
– Le Liban, c'est où ça ?
– Comment ça, tes parents vivent toujours là-bas ? C'est vivable, là-bas ?
– Tu es libanaise, et tu maîtrises aussi bien l'anglais que le français, comment ça ?
– Ah ! Tu es libanaise, tu parles le musulman alors ?!
Oui, je suis libanaise.
Oui, je maîtrise trois langues, brillamment.
Non, j'ai le choix d'être quelqu'un de religieux ou pas.
Non, je ne parle malheureusement pas le musulman.
Oui, le Liban, c'est un petit pays au Moyen-Orient.
D'où je viens, est un petit pays,
Il n'y a pas assez de place sur les trottoirs pour qu'un couple se tienne la main,
Les bâtiments sont transpercés d'éclats d'obus
Les hommes se promènent en flanelle dans les rues,
Et les gens insultent beaucoup d'où je viens.
D'où je viens, les gens sont pauvres,
Des vieux, des plus jeunes, et des enfants mendient dans les rues,
D'autres guerroient contre la maladie, la faim, ou même la fin, d'où je viens.
D'où je viens est le prototype du chaos.
Les codes de la route sont ornementaux,
Les lois sont allégoriques,
Seule la loi du plus fort est conformée d'où je viens.
Mais d'où je viens,les gens portent des éclats d'obus dans le cœur, mais trouvent toujours le moyen de se redresser et de vivre.
D'où je viens, vivre est équivalent à subsister,
Mais vivre est tellement beau d'où je viens.
Les gens rient d'où je viens, malgré les fêlures.
D'où je viens, les bâtiments transpercés sont parés de couleurs, comme pour oublier les plaies.
D'où je viens, les gens sont bienveillants, ils sourient, accueillent, les gens sont charitables.
Les trottoirs sont petits, mais tellement riches... Ils ont pu voir des combattants, des militants, des chefs politiques, des artistes, ils ont vu de tout, jusqu'à des excréments d'animaux.
D'où je viens, les marchands de kaak, de mana'ich et de douceurs exhalent les coins de rue,
Les vendeurs de journaux nous éveillent avec leurs petits cris, rituel du matin.
Les vendeurs de Chiclets nous sauvent la vie après qu'on a mangé un sandwich de poulet avec trop d'ail.
D'où je viens, le soleil caresse notre peau toute l'année,
Le sable chaud taquine nos pieds,
Et la neige ravive nos visages.
Je viens d'un petit pays, où le calme n'existe pas,
Je viens d'un petit pays anéanti par les guerres, les batailles et les injustices,
Je viens d'un petit pays où la corruption désagrège jusqu'aux racines.
Mais d'où je viens, je ne peux m'empêcher de sourire,
Je viens d'un petit point du globe, mais,
D'où je viens, quel petit, mais merveilleux petit
point.

– Ton accent est différent, tu n'es pas du coin, d'où tu viens ?– Oh, tu viens du Liban...– Cela veut dire que tu es quelqu'un de religieux ?– Je trouve que vous êtes quand même assez modernes, vous.– Oh ! Alors tu es rentrée chez toi cet été, ce n'était pas trop dangereux, la guerre ?– Le Liban, c'est où ça ?– Comment ça, tes parents vivent toujours là-bas ?...

commentaires (4)

Tres beau....

Michele Aoun

11 h 04, le 04 janvier 2016

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Tres beau....

    Michele Aoun

    11 h 04, le 04 janvier 2016

  • C est vrai mais la realité est moins pittoresque et poétique. C est un Liban sublimé.

    Massabki Alice

    10 h 16, le 04 janvier 2016

  • UN TOUT PETIT PEU TROP EXAGÉRÉ EN CERTAINS POINTS Où L'ON CÔTOIE LE RIDICULE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 09, le 05 mars 2015

  • Le mot Merveilleux est de trop...

    Houri Ziad

    16 h 41, le 05 mars 2015

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