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Moyen Orient et Monde - Analyse

Le Hamas « pourrait ne pas être trop pressé de se réconcilier avec l’Iran s’il doit y perdre le soutien du Golfe »

S'il veut se rabibocher avec Téhéran, le mouvement islamiste palestinien n'aura d'autre choix que celui de soutenir le régime de Bachar el-Assad, d'après les experts.

Le leader politique du Hamas, Khaled Mechaal, exilé au Qatar. Faisal al-Tamimi / AFP

Éprouvé, le Hamas a entrepris de réparer les liens avec l'Iran après avoir froissé son ancien allié en prenant le parti de la rébellion contre le régime syrien de Bachar el-Assad, que soutient la République islamique.
La voie est toutefois semée d'embûches et cette réconciliation prendra du temps, disent les experts.
En effet, le mouvement islamiste palestinien qui contrôle de fait la bande de Gaza a misé sur un renversement du président syrien au début de la guerre civile en 2011. Son chef Khaled Mechaal a quitté en 2012 son exil damascène pour s'installer au Qatar et la manne iranienne s'est tarie.
En 2013, le Hamas, issu des Frères musulmans, a perdu un autre allié précieux avec la destitution en Égypte du président Mohammad Morsi, membre de l'influente confrérie. Depuis, les relations avec Le Caire sont au plus bas. L'Égypte a détruit des centaines de souterrains vitaux pour contourner le blocus israélien et faire entrer la contrebande de marchandises et d'argent dans l'enclave cadenassée.
Et la guerre dévastatrice de l'été 2014 contre Israël a durement atteint le Hamas.
Aussi, aujourd'hui, cette formation semble avoir perdu tous ses soutiens extérieurs et se tourne à nouveau vers l'Iran. Selon Ahmad Youssef, haut cadre du Hamas, « l'Iran a fait plus que n'importe quel autre pays en termes de logistique et d'entraînement, pour soutenir la Résistance (le Hamas, NDLR) ». « L'Iran nous a toujours aidés », explique-t-il à l'AFP. « La réconciliation entre le Hamas et l'Iran est en cours, mais elle progresse très, très lentement », souligne le politologue gazaoui Adnane Abou Amer.

Continuer ou pas à soutenir les rebelles
« Les Iraniens sont toujours brouillés avec Mechaal : à leurs yeux, c'est lui qui a décidé de s'éloigner de la Syrie au profit de l'axe Qatar-Turquie-Golfe », relève-t-il. « Ils ont l'air de poser comme condition qu'il déclare publiquement son soutien au régime Assad. » « Tant que cela n'arrivera pas, l'Iran refusera toute rencontre entre Mechaal et l'ayatollah Ali Khamenei. Mais le Hamas refuse de changer de position et de soutenir Assad. » Depuis des mois, le Hamas parle d'une rencontre entre Khaled Mechaal et les dirigeants iraniens, note Nathan Thrall, expert à l'International Crisis Group. Elle « serait le signal d'une véritable évolution » mais ne s'est jamais matérialisée, souligne-t-il. « Même dans l'hypothèse la plus favorable, il est peu probable que les relations redeviennent ce qu'elles ont été », prédit-il. Les ouvertures faites à l'Iran vont de pair avec les appels du pied au Hezbollah, protégé de la République islamique : le site d'al-Manar, télévision du Hezbollah, a publié en janvier une lettre attribuée au commandant militaire du Hamas, Mohammad Deif, appelant les forces hostiles à Israël à s'unir pour ouvrir simultanément deux fronts, au Nord et au Sud. Mohammad Deif serait toujours en vie selon le Hamas, après une tentative d'assassinat israélienne durant la guerre.

L'incertitude nucléaire iranienne
Là aussi, les efforts pour restaurer les relations n'en sont encore qu'aux prémices, analyse Yezid Sayigh, expert au centre Carnegie pour le Moyen-Orient à Beyrouth. « Le Hamas et le Hezbollah ont réussi à éviter d'afficher ouvertement leur ressentiment et vont probablement essayer d'arranger les choses. » Mais « on en attend plus du Hamas qu'il ne peut donner immédiatement », prévient-il. Il doute ainsi que le Hamas « puisse ouvertement changer de position ». L'entreprise du Hamas pour recoller les morceaux avec l'Iran pourrait aussi dépendre du résultat des négociations nucléaires en cours avec les grandes puissances.
« Il y a une énorme incertitude sur la future politique iranienne au cas où ils trouvent un accord (sur le nucléaire) avec les États-Unis et cette incertitude concerne directement le Hamas », explique pour sa part M. Thrall. Un tel accord peut soit pousser l'Iran à se montrer « plus agressif » et à fournir de l'argent et des armes à des groupes comme le Hamas, soit au contraire se traduire par une alliance tacite avec les Américains, explique-t-il. Au bout du compte, le Hamas pourrait décider de couvrir ses arrières, ajoute M. Abou Amer. « En soutenant le régime syrien, le Hamas risque de perdre en popularité parmi les Arabes et les Palestiniens », dit-il, le Hamas « pourrait ne pas être trop pressé de se réconcilier avec l'Iran s'il doit y perdre le soutien du Golfe ».

John DAVISON / AFP

Éprouvé, le Hamas a entrepris de réparer les liens avec l'Iran après avoir froissé son ancien allié en prenant le parti de la rébellion contre le régime syrien de Bachar el-Assad, que soutient la République islamique.La voie est toutefois semée d'embûches et cette réconciliation prendra du temps, disent les experts.En effet, le mouvement islamiste palestinien qui contrôle de fait la...

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