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Moyen Orient et Monde - Éclairage

L’Égypte va-t-elle continuer à faire cavalier seul ?

Il semblerait que Le Caire n'ait de comptes à rendre à personne, et surtout pas au CCG.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi (2nd à partir de la droite) lors d’une rencontre avec des membres de la Egyptian Air Force à la frontière libyenne. HO/Reuters

La semaine dernière, l'Égypte a pris la décision unilatérale de bombarder des positions de l'État islamique (EI) en représailles à la décapitation de ses 21 ressortissants coptes. Cela lui a valu des critiques virulentes de la part de certains pays du Golfe, notamment le Qatar, qui lui a reproché de ne pas avoir consulté les autres pays de la Ligue arabe, avant d'être accusé de soutenir le terrorisme. Amr Hashem Rabie, le responsable du Centre des études politiques et stratégiques d'al-Ahram, a même suggéré – lors d'une interview sur la chaîne qatarie al-Jazeera! – des « attaques préventives contre les avions aidant les terroristes », précisant qu'il parlait des avions qataris passant par le Soudan...


Mais si l'Égypte a plaidé pour une intervention militaire en Libye dans un contexte de guerre contre le terrorisme, elle n'a plus effectué de nouveaux raids aériens non plus. Voulait-elle juste faire ressentir sa « présence » aux jihadistes ? Rappeler ses capacités militaires à ses voisins, à la Ligue arabe et au Conseil de coopération du Golfe (CCG) ? À l'étonnement général, ce dernier avait d'ailleurs affirmé son soutien au Qatar, qui avait rappelé son ambassadeur en Égypte pour consultations... avant de se rétracter et de réitérer son appui au Caire. Il semble toutefois improbable que le président Abdel Fattah al-Sissi soit particulièrement soucieux de déplaire ou pas au CCG ou même à qui que ce soit, et soit décidé à étendre à la Libye ce qu'elle a commencé dans le Sinaï, en l'occurrence sa propre guerre contre l'EI ou tout autre groupe terroriste, selon les estimations de Robert Bruce St John, spécialiste de la question libyenne. « Les raids égyptiens à Derna (en Libye) ne sont que la dernière manifestation en date de la longue implication en Libye du Caire, qui soutient le gouvernement (reconnu par la communauté internationale) d'Abdullah al-Thinni. L'Égypte continuera d'être impliquée dans ce pays, avec ou sans l'approbation et l'appui de la Ligue arabe et du CCG. »

 

 (Lire aussi: Pourquoi Riyad a tranché en faveur de Doha et non du Caire ?)


Les dissensions entre les pétromonarchies du Golfe affecteront-elles pour autant l'envergure égyptienne dans la région ? « Non, affirme le spécialiste de manière catégorique. Le Caire reste un pouvoir dominant dans la région et joue un rôle qu'aucun autre État, régional ou pas, peut jouer. Étant le voisin frontalier de la Libye, et faisant face à un défi sécuritaire sans précédent dans le Sinaï, l'Égypte fera tout ce qui est en son pouvoir pour se protéger. Cela dit, le gouvernement Sissi continuera de collaborer avec les autres pays arabes, mais utilisera sa force militaire, si elle l'estime nécessaire et si la diplomatie n'aboutit à rien. »
En attendant, il serait intéressant de se demander si les journalistes d'al-Jazeera, emprisonnés en Égypte pour soutien aux Frères musulmans, se retrouveront – à moins qu'ils ne le soient déjà – « otages » des relations tendues entre Doha et Le Caire...

 

 

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La semaine dernière, l'Égypte a pris la décision unilatérale de bombarder des positions de l'État islamique (EI) en représailles à la décapitation de ses 21 ressortissants coptes. Cela lui a valu des critiques virulentes de la part de certains pays du Golfe, notamment le Qatar, qui lui a reproché de ne pas avoir consulté les autres pays de la Ligue arabe, avant d'être...

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