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Moyen-Orient - Reportage

Rafah : "Où aller ?", se demandent désespérés de nombreux habitants sommés d'évacuer

''On s'est réveillés avec la nouvelle qu'on attendait depuis le début : l'évacuation des zones est de Rafah en amont de leur invasion'' par l'armée israélienne, explique Mohammed al-Najjar, juriste de 23 ans à l'AFP.

Des Palestiniens déplacés qui ont quitté avec leurs biens Rafah dans le sud de la bande de Gaza suite à un ordre d'évacuation de l'armée israélienne, arrivent à Khan Younès le 6 mai 2024. Photo AFP

"Où aller?", se demandent désespérés de nombreux habitants de Rafah sommés d'évacuer en prévision d'une opération militaire israélienne, alors que la guerre a déjà poussé une bonne partie de la population à se réfugier dans ce cul-de-sac du sud de la bande de Gaza assiégée. À peine réveillés, après une nuit d'angoisse ponctuée de frappes israéliennes, les habitants de certains quartiers de cette ville de la lisière sud du territoire palestinien ont appris la nouvelle par des tracts ou des messages sur leur téléphone.

La fumée s'élève après un bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. Photo AFP

"L'armée israélienne s'apprête à agir avec force contre les organisations terroristes" et quiconque reste "dans la zone met en danger sa vie et celles de sa famille", indiquent ces tracts largués sur des quartiers de l'est de Rafah. "Pour votre sécurité, l'armée israélienne vous demande d'évacuer immédiatement" vers "la zone humanitaire élargie d'al-Mawasi", à une dizaine de kilomètres de Rafah.

"On s'est réveillés avec la nouvelle qu'on attendait depuis le début : l'évacuation des zones est de Rafah en amont de leur invasion" par l'armée israélienne, explique Mohammed al-Najjar, juriste de 23 ans à l'AFP.

La nouvelle a semé panique et confusion parmi les 1,4 million de personnes qui, selon l'ONU, s'entassent à Rafah. Une seule question désormais parmi habitants et déplacés, après sept mois de combats et bombardements qui ont ravagé la bande de Gaza : où aller?

Les gens "attendent d'en savoir plus", explique Mohammed al-Najjar, "ils ne savent pas où aller ou ce qu'il va se passer, la bande de Gaza est tellement dévastée qu'il n'y a plus d'endroits où vivre".  Ils "sont en pleine confusion. Doivent-ils rester? Se rendre dans les zones décrites comme sûres par l'armée ?", mais ils "ne font pas confiance à l'armée israélienne. Il n'y aucune zone sûre dans la bande de Gaza".

Un photographe de l'AFP a vu des habitants quittant la zone, leurs biens entassés sur le toit d'un taxi, dans des camions, ou des charrettes tirées par un âne. Il pleut à verse lundi matin sur Rafah et l'eau inonde les tentes des déplacés.

Osama al-Kahlout, un membre du Croissant-Rouge à Rafah, a confirmé à l'AFP que "des gens ont commencé à évacuer", mais le processus reste encore "limité". Selon lui, environ 250.000 personnes vivent dans les quartiers désignés par l'ordre d'évacuation, qui a renforcé "le climat de terreur et de panique" créé par les bombardements de la nuit.


"Mourir ici"

"Ils larguent des tracts appelant à évacuer, c'est déjà arrivé, et plus d'une fois" depuis le début de la guerre il y a sept mois, explique à l'AFP Oum Ahmed, déjà déplacée trois fois. "Nous avons peur et nous sommes très tendus, donc on ne va pas rester", mais "on ne sait pas où aller".

Hanah Saleh, 40 ans, est lui aussi décidé à partir, malgré les difficultés et l'incertitude. "Nous sommes terrifiés, ce n'est pas facile d'être déplacé d'un endroit à l'autre", rappelle-t-il en évoquant ses enfants, mais aussi ses bagages. "On va partir vers l'ouest de Rafah, mais on ne sait pas exactement où", dit cet homme déjà déplacé du nord de la bande de Gaza. "Et tout le monde se pose la question".

Des Palestiniens déplacés qui ont quitté avec leurs biens Rafah dans le sud de la bande de Gaza suite à un ordre d'évacuation de l'armée israélienne, arrivent à Khan Younès le 6 mai 2024. Photo AFP

Car la bande de Gaza est en ruines. Plus de la moitié des 2,4 millions d'habitants du territoire déjà surpeuplé sont déplacés et 370.000 habitations ont été détruites. Les zones identifiées comme sûres par l'armée israélienne "sont saturées de déplacés", elles "n'ont pas assez de place pour dresser des tentes" ou d'"écoles pour nous accueillir", explique Abderrahmane Abou Jazar, 36 ans, habitant d'un quartier à évacuer.

"Où pouvons-nous aller?", se demande-t-il. "Il n'y aucun hôpital", poursuit-il, "la femme de mon oncle suit un traitement rénal" dans un hôpital de Rafah, situé dans une zone à évacuer, "comment va-t-on faire avec elle? Attendre qu'elle meure ?"

Même si l'armée israélienne assure qu'il ne s'agit pas d'une "évacuation à grande échelle", dans les quartiers non concernés certains anticipent l'opération terrestre d'ampleur sur Rafah maintes fois annoncée par Israël qui dit vouloir s'attaquer aux derniers bataillons du Hamas. "Quoi qu'il arrive, ma tente est prête, comme ma valise était prête à Gaza quand j'ai dû partir avec ma famille", explique un déplacé.

Les bombardements nocturnes sur les quartiers Est de Rafah ont fait 26 morts, selon les autorités de Gaza. "Ils nous bombardent et ensuite nous demandent d'évacuer", s'insurge Ammar Mohammad Abou Assem.  "Est-ce que cette guerre (...) est de notre faute?", demande Khader al-Gharabli, un déplacé. "Nous n'avons pas d'endroit sûr et nous ne savons pas quoi faire". "Cela veut dire que nous allons mourir ici sans savoir où aller".

"Où aller?", se demandent désespérés de nombreux habitants de Rafah sommés d'évacuer en prévision d'une opération militaire israélienne, alors que la guerre a déjà poussé une bonne partie de la population à se réfugier dans ce cul-de-sac du sud de la bande de Gaza assiégée. À peine réveillés, après une nuit d'angoisse ponctuée de frappes israéliennes, les...
commentaires (2)

En quoi cela diffère-t-il des déportations opérées par les nazis?

Politiquement incorrect(e)

11 h 47, le 07 mai 2024

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Commentaires (2)

  • En quoi cela diffère-t-il des déportations opérées par les nazis?

    Politiquement incorrect(e)

    11 h 47, le 07 mai 2024

  • Impossible d’accepter cette horreur. Encore des morts, des innocents, des enfants traumatisés .

    Marie Françoise Akl

    18 h 38, le 06 mai 2024

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