Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Décryptage

Pourquoi Riyad a tranché en faveur de Doha et non du Caire ?

En apportant son soutien au Qatar dans son différend avec l'Égypte, le Conseil de coopération du Golfe a surpris tout le monde. Tentative d'explication.

L’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani. Toshifumi Kitamura/AFP

La normalisation des rapports entre le Qatar et l'Égypte, annoncée en décembre dernier sous la pression de l'Arabie saoudite, n'aura pas fait long feu. Critiquée par Doha pour avoir mené une action unilatérale en Libye, Le Caire a répondu de façon cinglante en accusant le Qatar de « soutenir le terrorisme ».
Il n'en fallait pas plus pour que Doha décide de rappeler son ambassadeur en Égypte (lire ici), confirmant ainsi qu'entre les deux pays, la hache de guerre n'est toujours pas enterrée. Car si le désaccord ne concerne plus la situation en Égypte mais la gestion du cas libyen, le différend fondamental reste le même. Alors que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a déclaré la guerre aux mouvances islamistes, Frères musulmans et État islamique confondus, sous couvert de lutte contre le terrorisme en Égypte comme en Libye, le Qatar « semble de son côté soutenir les mouvances islamistes libyennes », comme il l'a fait précédemment avec les Frères musulmans en Égypte. C'est donc deux visions en fondamentale opposition qui s'entrechoquent puisque, d'un côté, le soutien aux mouvements islamistes fait partie de la stratégie régionale du Qatar, alors que, de l'autre, la guerre menée contre ces mêmes mouvements est un moyen d'asseoir la légitimité du président Sissi et de permettre à l'Égypte de se positionner comme une puissance régionale.


Interrogé sur le sujet par L'Orient-Le Jour, Karim Émile Bitar, directeur de recherche à l'Iris, spécialiste du Proche et du Moyen-Orient, rappelle qu' « une grande partie de l'opinion publique et la presse égyptienne sont également très remontées contre le Qatar. Le hashtag Twitter le plus populaire en Égypte depuis une semaine est une insulte grossière contre le Qatar », précise le chercheur. Après l'affaire des journalistes d'al-Jazeera, qui est loin d'être définitivement réglée, ce nouveau clash diplomatique entre les deux pays risque d'annihiler tous les efforts de Riyad pour former un bloc sunnite uni (Conseil de coopération du Golfe + Égypte) dans une perspective de double lutte à la fois contre « l'axe chiite » et contre le terrorisme.

 

Un rééquilibrage ?
Dans les précédents différends entre l'Égypte et le Qatar, les pays du CCG, Arabie saoudite en tête, avaient systématiquement soutenu Le Caire quitte à refroidir leur relation avec le voisin qatari. Les deux exemples les plus marquants étant l'aide financière versée par Riyad à l'Égypte depuis la chute de l'ex-président Mohammad Morsi et la participation des forces aériennes émiraties aux côtés des forces aériennes égyptiennes en Libye. Aussi, il est peu dire que la réaction des puissances du Golfe à cette nouvelle altercation entre les deux pays était attendue. Elle n'en a pas été moins surprenante pour autant. Rompant avec sa position habituelle, le CCG a apporté son soutien au Qatar en déclarant que les accusations égyptiennes étaient infondées et erronées, et qu'elles « ne contribuaient pas à renforcer la solidarité arabe ».

Si cette déclaration ne signifie en aucune façon la fin de l'alliance avec l'Égypte, qui repose sur des bases nettement plus solides, ce changement de cap, que certains pourrait qualifier de rééquilibrage, porte à interrogation. L'hypothèse la plus plausible est que la dépendance actuelle de l'Égypte du CCG est beaucoup trop importante pour que Le Caire puisse se permettre de réagir de façon négative à cette prise de position. Ayant conscience de cela, les pays du CCG, probablement menés par un royaume saoudien en pleine période de transition, ont certainement préféré assurer la pérennité de leurs relations avec leur voisin qatari alors de nombreuses menaces pèsent sur la stabilité de la région.
Pour Karim Émile Bitar, cette situation est surtout révélatrice du « tragique » déclin de l'Égypte. « Un grand pays comme l'Égypte, avec 7 000 ans d'histoire et 85 millions d'habitants, est aujourd'hui ballotté par les querelles intestines entre les monarchies pétrolières du Golfe, qui n'étaient pas encore indépendantes quand l'Égypte était le cœur battant du monde arabe », explique-t-il à ce sujet.

 

Lire aussi

L'EI renforce son emprise en Libye sur fond de tensions égypto-qataries

L'État islamique, une multinationale en pleine expansion ?

La normalisation des rapports entre le Qatar et l'Égypte, annoncée en décembre dernier sous la pression de l'Arabie saoudite, n'aura pas fait long feu. Critiquée par Doha pour avoir mené une action unilatérale en Libye, Le Caire a répondu de façon cinglante en accusant le Qatar de « soutenir le terrorisme ».Il n'en fallait pas plus pour que Doha décide de rappeler son...

commentaires (3)

POURQUOI LE QATAR SE FAIT-DU MAUVAIS SANG POUR LA FRAPPE EGYPTIENNE EN LYBIE ? FRAPPE-T-IL LUI-MÊME L'EI... OUI OU NON ? IL SEMBLE QUE NON...

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 38, le 20 février 2015

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • POURQUOI LE QATAR SE FAIT-DU MAUVAIS SANG POUR LA FRAPPE EGYPTIENNE EN LYBIE ? FRAPPE-T-IL LUI-MÊME L'EI... OUI OU NON ? IL SEMBLE QUE NON...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 38, le 20 février 2015

  • Tout comme il faut vivre avec le terrorisme salafowahabite binsaoud il faut aussi vivre avec les contradictions du monde sunnite qui choisi mal ses ennemis et s allie avec le diable pour cela.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 01, le 20 février 2015

  • ACCEPTER QUE PARMI LES FINANCIERS ET POURVOYEURS IL Y A DES ARABES... ET SURTOUT KHALIGISTES... EST UNE AIGRE PILLULE À AVALER !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 16, le 20 février 2015

Retour en haut