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Culture - Festival al-Bustan

Un saxo a volé la vedette au violon de Sarasate...

Par un temps d'orage fou, le public a joyeusement répondu présent au 22e Festival al-Bustan placé sous l'ombrelle de l'inspiration. Quatre jeunes musiciens solistes face à l'Orchestre philharmonique libanais sous la baguette de Gianluca Marciano. Musique agréable et partitions largement plébiscitées par les mélomanes pour un moment de détente.

Anna Tifu au violon et Lizi Ramishvili au violoncelle...

Menu concocté avec finesse et simplicité où brio, bravoure et plaisir des mélodies ont la part belle et un mariage heureux. Du rythme, de la couleur, du lyrisme et un certain panache pour ces pages, accessibles à tous les auditoires, distillées jusqu'à la quintessence, de Beethoven, Saint-Saëns, Sarasate et Bizet.
Ouverture avec le Triple concerto en do majeur op 56 pour piano, violon, violoncelle et orchestre du maître de Bonn. Trois mouvements (allegro, largo, rondo alla pollacca) pour trois interprètes au-devant de la scène. Oliver Poole, cheveux à la Necker et veste de velours noir au clavier, AnnaTifu au violon, cheveux dénoués jusqu'aux épaules dans une robe longue grise ramagée de blanc, et enfin Lizi Ramishvili, engoncée dans un rhume à mouchoirs, avec un violoncelle entre les plis d'une robe noire.


Démarrage un peu sans nerf pour une narration passionnée où la mélodie se fraye lentement un chemin au cœur de l'auditeur avec des mesures marquées et un lyrisme maîtrisé. Avec toutefois des embardées éruptives où surtout le clavier a une présence remarquable. Sans doute grâce à un pianiste plus qu'inspiré et au faîte de son art du haut de ses bouillants 24 ans.
Petit entracte et place au plus populaire morceau de Saint-Saëns et on nomme l'Introduction et rondo capriccioso en la mineur op 28. Si Sarasate s'était illustré avec cette œuvre par la virtuosité du violon pour des «espagnolades» à falbalas et fanfreluches, on reste ici pantois par la version saxo donnée par Nikita Zimin, nœud-papillon, costume sombre «slim and fit» et cheveux blonds à ras du crâne. Tons cuivrés à luisance dorée pour ces lignes mélodiques vives, alertes, bondissantes, empreintes d'un vent de coquetterie provocante comme des regards envoûteurs pour une proie consentante... Dans un sens de la découverte sonore, voilà un jeu de séduction assumé avec éclat, dans un ton neuf et inédit !


Non moins surprenant et original dans son énoncé sur saxo est L'air bohémien de Sarasate qui, sans les trémolos des cordes d'un violon, tout en éclipsant même l'orchestre, restitue l'atmosphère tzigane dans ses pas chaloupés, son errance et son aspect coquin et volage. Jamais les Gitans n'ont été si délicieusement mutins et heureux qu'avec ce flot de notes jaillies de la gorge profonde d'un saxo épanoui et généreux... Et voilà qu'un saxo (on salue son entrée fracassante dans la musique aussi bien classique que populaire ou jazzy!) vole la vedette au violon et de surcroît celui de Sarasate.


Pour conclure, Carmen dans ses fureurs, ses toquades, ses roses rouges, ses jupes froufroutantes, sa habanera languide, sa séguedille aux remparts de Séville. Bizet dessine les traits, Sarasate en trace la fantaisie et Anna Tifu exécute les images sur son violon. Un violon emporté dans la mouvance sonore de tableaux aux couleurs chatoyantes, à la fois denses et vibrantes. Pour cela, l'éloquence et la fougue d'une violoniste de 29 ans qui brise en toute conviction les chaînes d'une féminité à la sensibilité exacerbée. Carmen, dans son déballage et ses révoltes, a ici des allures de confidences impudiques, délurées, comme d'ailleurs toutes les fantaisies et les fantasmes.


Devant la standing ovation de la salle, l'interprète accorde un «bis». Dans la solitude nue des cordes raclées, cravachées, caressées, effleurées par l'archet, c'est la voix d'Ysaye qu'on écoute. Dans un déchaînement houleux de rythmes et cadence, comme une réponse chargée de farouche liberté. Réplique adroitement moderne aux véhémentes revendications de la cigarière que rien n'a pu embrigader...

 

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Menu concocté avec finesse et simplicité où brio, bravoure et plaisir des mélodies ont la part belle et un mariage heureux. Du rythme, de la couleur, du lyrisme et un certain panache pour ces pages, accessibles à tous les auditoires, distillées jusqu'à la quintessence, de Beethoven, Saint-Saëns, Sarasate et Bizet.Ouverture avec le Triple concerto en do majeur op 56 pour piano, violon,...

commentaires (1)

La mélodie qui se fraye lentement un chemin au cœur de tout citoyen telle est la clé du Bonheur pour oublier la politique .

Sabbagha Antoine

14 h 27, le 19 février 2015

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Commentaires (1)

  • La mélodie qui se fraye lentement un chemin au cœur de tout citoyen telle est la clé du Bonheur pour oublier la politique .

    Sabbagha Antoine

    14 h 27, le 19 février 2015

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