La corruption touche la quasi-totalité des institutions libanaises, mais les ministères de l'Intérieur et des Finances sont néanmoins largement sur-représentés en la matière. Tel est l'un des principaux enseignements d'un rapport rendu public hier par l'ONG anticorruption Sakker el-Dekkené.
Près de 1 600 cas de pots-de-vin et de petite corruption, pour un montant total de 2,2 millions de dollars, ont été signalés en 2014 à l'association à travers sa plateforme web et mobile lancée en mai.
Parmi les 22 ministères et institutions publiques mentionnés dans ce rapport de synthèse, le ministère de l'Intérieur concentre à lui seul plus de 52 % des cas, suivi par le ministère des Finances (27 %) et celui de la Justice (6 %). Les rapporteurs expliquent l'importance de la corruption au ministère de l'Intérieur par le nombre de procédures gérées par ce dernier et le niveau élevé d'interaction entre les citoyens et les fonctionnaires qu'elles impliquent. Selon l'ONG, les cas de petite corruption touchent principalement le processus d'obtention de formalités administratives : les Libanais doivent ainsi avoir recours à la corruption pour obtenir un extrait d'état civil, enregistrer leur voiture ou obtenir un permis de conduire. Au ministère de l'Intérieur, par exemple, 24 % des cas de corruption concernent le registre d'état civil ; viennent ensuite les procédures relatives aux municipalités (21 %) et celles concernant la mécanique (18 %).
En valeur, en revanche, c'est au ministère des Finances que revient la palme avec un total de 827 000 dollars, suivi du ministère de l'Intérieur (384 000 dollars) et de l'Énergie et de l'Eau (218 000 dollars).
(Lire aussi: Plus de 50 % des Libanais disposés à corrompre un agent public)
Parmi toutes les administrations publiques, le cadastre est le champion toutes catégories (nombre et valeur) des actes de petite corruption avec 227 cas dénoncés (15 % du total) d'une valeur de 630 000 dollars (29 %).
Au vu du rapport, les grandes agglomérations concentrent la très grande majorité des cas de corruption signalés. Plus de 20 % des cas de corruption et 50 % de la valeur totale des actes signalés concernent ainsi Beyrouth, suivie de Tripoli, Baabda et Zahlé, dans un ordre qui diffère légèrement selon le critère retenu (valeur ou volume). Sakker el-Dekkené explique cette sur-représentation urbaine par la concentration des administrations publiques dans ces villes et un accès plus aisé de leurs habitants aux outils informatiques, ce qui leur permet de rapporter plus facilement des cas de corruption.
(Pour mémoire : Des cadeaux de Noël pas comme les autres aux ministres et députés)
Ce rapport, le second publié par l'association depuis le début de l'année, s'inscrit dans une stratégie globale de recensement et de sensibilisation du public sur la corruption administrative par Sakker el-Dekkané. « Notre objectif est de pointer du doigt les services administratifs les plus touchés par la corruption afin de les interpeller directement et de proposer un éventail de solutions allant de l'évolution du cadre législatif sanctionnant les pratiques de corruption aux réformes permettant d'endiguer ce phénomène », souligne l'ONG anticorruption qui avait déjà publié un sondage montrant que plus de 50 % des Libanais interrogés seraient disposés à corrompre un agent public pour obtenir des avantages.
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Ce n'est hélas pas du folklore c'est pire que ça !! c'est dans les mœurs à savoir que la majorité des Libanais considèrent que si un élu qui fini son mandat n'est pas devenu riche est un couil.... en gros ce n'est plus la pensée de l’honnêteté mais de la cupidité qui prédomine
15 h 54, le 12 février 2015