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Économie - Liban - Sondage

Plus de 50 % des Libanais disposés à corrompre un agent public

Un Libanais sur deux se dit prêt à avoir recours à des pratiques de corruption pour arriver à ses fins, selon une étude de l'association anticorruption Sakker el-Dekkené.

« Des pratiques comme le recours à la “wasta” et à la “ikramiyé” sont réellement ancrées dans la culture locale. » Photo Bigstockphoto.com

Plus de la moitié des Libanais seraient enclins à avoir recours à des pratiques relevant de la petite corruption. C'est le constat dressé par un sondage rendu public hier par Sakker el-Dekkené. Effectué dans le cadre du lancement de l'organisation non gouvernementale (ONG) en juin 2014, ce sondage a été réalisé par l'institut Ipsos auprès d'un échantillon de 1 200 personnes (sur un total d'environ 4 900 contactées) à travers le Liban. « Notre approche a consisté à comprendre le niveau de perception et d'implication de la société libanaise dans la petite corruption. Il en résulte que des pratiques comme le recours au piston ("wasta") et aux pots-de-vin ("ikramiyé") sont réellement ancrées dans la culture du pays et renforcées par certaines de ses caractéristiques comme sa petite taille, l'héritage de la guerre civile ou l'absence d'État de droit », déclare à L'Orient-Le Jour le président de l'ONG, Rabih el-Chaer.


Quelque 25 % des personnes interrogées affirment qu'elles n'hésiteraient certainement pas à faire fi des valeurs et des principes pour atteindre des objectifs matériels, tandis qu'un autre quart des sondés indiquent qu'ils seraient prêts à le faire occasionnellement. Pour obtenir ces résultats, les sondeurs leur ont soumis quatre scénarios pour tester leur réaction face à des situations concrètes pouvant susciter des pratiques de petite corruption. Les personnes interrogées devaient ainsi indiquer si elles étaient susceptibles de recourir à une connaissance pour couper une file d'attente (62 % de réponses positives), solliciter une relation pour faire sauter une amende (52 %), verser un pot-de-vin pour accélérer une procédure (51 %), ou tenter d'amadouer un agent des douanes par des cadeaux (49 %).
« Compte tenu des enjeux moraux sur ces questions, il est fort possible qu'une partie des réponses n'ait pas été sincère, ce qui porterait à plus de 50 % la part réelle de citoyens prêts à se compromettre dans de telles pratiques », admet Rabih el-Chaer.

 

(Pour mémoire : Des cadeaux de Noël pas comme les autres aux ministres et députés)

 

Corrélation avec la richesse
L'analyse catégorielle des réponses apportées permet aussi d'établir certaines corrélations, parfois contre-intuitives, entre le recours à ce type de comportement et l'identité des sondés. Il apparaît ainsi que les personnes interrogées venant d'un milieu défavorisé se montrent davantage réfractaires aux pots-de-vin : seuls 16 % d'entre elles pourraient y avoir recours pour accélérer des formalités administratives, contre 38 % des sondés ayant reconnu un revenu élevé. « Ceux qui en ont les moyens ont davantage tendance à contourner la loi en profitant des bas salaires dans la fonction publique », résume l'étude. Plus surprenante est la fracture générationnelle mise en relief par le sondage : les jeunes entre 18 et 30 ans sont davantage prêts (40 %) que leurs aînés (30 %) à recourir à la corruption. « La généralisation de la tricherie aux examens prédispose les jeunes à adopter des comportements répréhensibles pour réussir », se désole Rabih el-Chaer. Dans un pays où les accusations de corruption mutuelles alimentent régulièrement les joutes politiques, le sondage montre enfin qu'il n'y a pas de véritable différence d'attitude selon l'affiliation à une coalition, qu'elle soit du 8 Mars ou du 14 Mars, mais plutôt que ce sont « les personnes indépendantes politiquement qui seraient moins sensibles à la corruption ».


Plus grave est la résignation générale face à ces pratiques : 43 % des personnes interrogées affirment ainsi qu'elles ne porteraient pas plainte en cas d'acte de corruption. Et la plupart de celles qui se disent prêtes à le faire ne franchiraient le pas que si leur anonymat était préservé et la personne visée sanctionnée. Conclusion : « La corruption ne peut être éradiquée que par l'informatisation des administrations pour empêcher tout contact direct entre les citoyens et les fonctionnaires et diminuer drastiquement le recours à des actes de corruption », plaide Rabih el-Chaer qui invite le Liban à s'inspirer de la stratégie de développement de l'administration électronique mise en œuvre aux Émirats arabes unis. Plus globalement, son ONG appelle aussi à la promotion d'une justice indépendante, au renforcement des effectifs de l'Inspection centrale et à la publication obligatoire et régulière du patrimoine des élus.

 


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commentaires (8)

Comme il est dit pas de fumee sans feu , on dira pas de corrompus sans corrupteurs et vice et versa .....

FRIK-A-FRAK

14 h 23, le 30 janvier 2015

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Commentaires (8)

  • Comme il est dit pas de fumee sans feu , on dira pas de corrompus sans corrupteurs et vice et versa .....

    FRIK-A-FRAK

    14 h 23, le 30 janvier 2015

  • Corrompre un agent public est un lourd héritage des turcs et les citoyens libanais continuent à le faire vu que les hauts responsables sont irresponsables .

    Sabbagha Antoine

    13 h 11, le 30 janvier 2015

  • Si 50% des libanais savent ...95 % des fonctionnaires aussi....!

    M.V.

    11 h 43, le 30 janvier 2015

  • Mon Dieu quelle décadence ! Tout à fait à l'image d'une classe politique pourrie jusqu'à la lie. Au vu de ce que nous dit son histoire, la génération de l'indépendance doit être terrassée là-haut par la honte qu'elle en ressent !

    Halim Abou Chacra

    10 h 43, le 30 janvier 2015

  • C'est tout ? 50% seulement ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 07, le 30 janvier 2015

  • PLUS DE 95% ! MAIS 100% DES AGENTS PUBLIC SONT DISPOSÉS À L'ÊTRE...

    LA LIBRE EXPRESSION SE DECONNECTE

    09 h 07, le 30 janvier 2015

  • Sakker el-Dekkené a du pain sur la planche... Bonne continuation et plein succès! Bravo et merci de s'attaquer à ce grand problème! Qui est le plus responsable, le corrupteur ou le corrompu?

    NAUFAL SORAYA

    08 h 32, le 30 janvier 2015

  • 50% seulement??????

    Le Herisson

    08 h 24, le 30 janvier 2015

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