Le directeur du département Afrique du Nord et Moyen-Orient au ministère français des Affaires étrangères, Jean-François Girault, a reporté à une date ultérieure la visite qu'il comptait effectuer ces jours-ci à Beyrouth dans le cadre de ses efforts pour faciliter la tenue de l'élection présidentielle libanaise.
Selon des informations de presse puisées auprès de milieux proches du Quai d'Orsay, ce report est motivé par l'échec des tentatives menées par divers acteurs et visant à dissocier le dossier présidentiel libanais du contexte régional. Les forces agissantes dans la région, et en particulier l'Iran, continuent ainsi de retenir la carte libanaise afin de l'exploiter comme moyen de pression dans les négociations en cours.
M. Girault, qui a effectué la semaine dernière une visite au Vatican et informé les responsables du Saint-Siège de ses récents entretiens à Téhéran et à Riyad, garde un mutisme quasi total autour de sa démarche afin d'empêcher les spéculations de toutes sortes dans les médias. Il s'est contenté uniquement d'annoncer aux ambassadeurs arabes accrédités à Paris que la France allait, malgré les difficultés rencontrées, poursuivre ses efforts, mais sans plus de détails.
De sources françaises, on assure que les efforts menés par le Quai d'Orsay bénéficient du soutien des États-Unis. Il existe une coordination à ce sujet entre Paris et Washington, et il est faux de dire, comme certains médias le font, que les Américains mettent des bâtons dans les roues. De même, l'initiative française jouit du soutien de l'Union européenne ainsi que du Vatican, dont le rôle est considéré par la France comme adjuvant.
En revanche, à en croire des sources informées, les Français semblent mécontents de l'attitude de Moscou et notamment de son vice-ministre des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, dont les prises de position sont jugées non encourageantes. Des sources politiques arabes expliquent que la Russie ne souhaite pas que la France réussisse dans ses efforts en faveur du Liban, d'abord en raison de l'attitude de l'Europe sur la question ukrainienne et ensuite parce qu'un succès de Paris dans le dossier présidentiel libanais aurait des retombées sur la crise syrienne dans un sens qui ne serait pas favorable à la politique russe.
Il est donc clair, ainsi que le relève un responsable français, que la clé de la présidentielle libanaise se trouve à la fois à Téhéran et à Moscou. Pour un diplomate arabe, la récente escalade opérée par l'Iran sur cette question trouve son explication dans plusieurs facteurs. Parmi ces facteurs, la crainte de Téhéran de voir les sanctions maintenues contre l'Iran même après la conclusion d'un accord sur le dossier du nucléaire, du fait de l'hégémonie des républicains sur le Congrès américain et de leur désaccord avec la politique iranienne de Barack Obama.
Ensuite, l'Iran n'est guère pressé d'aider la France dans sa mission, essentiellement parce que celle-ci ne peut rien lui offrir et aussi parce que Paris a été jusqu'ici la partie la plus coriace face à Téhéran dans les négociations sur le nucléaire, se rapprochant ainsi de l'Arabie saoudite et des monarchies du Golfe.
On est donc actuellement dans la situation suivante : l'Iran attend que les États-Unis abordent avec lui la question de la présidentielle libanaise afin de négocier un bazar à ce sujet. Mais les Américains continuent semble-t-il de compter sur les efforts de la France, en évitant de s'impliquer directement eux-mêmes.
Liban - L’éclairage
Présidentielle : les efforts français se heurtent à Téhéran et... Moscou
OLJ / Par Philippe Abi-Akl, le 26 janvier 2015 à 00h00
commentaires (2)
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LA LIBRE EXPRESSION
13 h 05, le 26 janvier 2015